Marion Pierre

Publié le par Mémoires de Guerre

Pierre Marion, né le 24 janvier 1921 à Marseille et mort le 17 mai 2010 à Louviers (Eure), est un haut fonctionnaire français, ancien directeur général de la Sécurité extérieure (DGSE).

Marion Pierre
Marion Pierre
Marion Pierre

Ancien élève de l'École polytechnique (promotion 1939), il entre à la direction d'Air France dès 1942 à la fin de ses études. Il y reste jusqu'en 1972 après avoir été en poste aux États-Unis et au Japon. Il entre ensuite à la direction de l'aérospatiale (SNIAS) à Washington. Au cours de ces années, il devient un  honorable correspondant, c'est-à-dire un informateur informel du SDECE, principalement dans le domaine économique. En 1981, Charles Hernu, nouveau ministre de la Défense le nomme directeur général du Service de documentation extérieure et de contre-espionnage (SDECE), où il prend la succession d'Alexandre de Marenches. Il est le dernier à ce poste, puisque, le 2 avril 1982, le SDECE est transformé en direction générale de la Sécurité extérieure (DGSE). Il en est directeur jusqu'en novembre 1982. Il devient ensuite président des aéroports de Paris (de 1983 à 1986).

Pierre Marion entreprend une modernisation à marche forcée des services. Fort de son expérience internationale, il se fixe trois objectifs : d'abord, informatiser le service, technologie jusque-là limitée au paiement des salaires, ensuite créer une direction du renseignement économique, réforme indispensable en une fin de siècle qui voit l'émergence de nouvelles puissances (Chine, Inde, ASEAN, Corée, Brésil) et enfin, engager ce qu'il appelle une « démilitarisation » du SDECE qui vise à y diminuer le nombre de militaires. il pense en effet que pour être plus efficaces, les services spéciaux doivent faire appel à des civils dotés de cultures multiples (ingénieurs, économistes, historiens, géographes, linguistes, etc.), à l'image des alter ego anglo-saxons (CIA, MI6) ou allemands (BND). Le but est de dégager les services spéciaux du complexe militaro-industriel qui se comporte comme un groupe de pression autonome et engage la France dans des programmes d'armements très coûteux, inadaptés à la menace et hors de tout contrôle démocratique véritable ; il le qualifie de statocratie. Pierre Marion a développé cette théorie dans un livre Le pouvoir sans visage (1988).

Dans son témoignage La mission impossible. À la tête des services secrets (1991), il se livre à une critique en règle de l'exercice du pouvoir par François Mitterrand, dénonce la médiocrité personnelle de ses principaux ministres (notamment Gaston Deferre, Claude Cheysson et Charles Hernu) et dépeint des services secrets inefficaces et enlisés dans des rivalités internes et des intrigues, notamment entre la DGSE, la DST, les Gendarmes et la cellule africaine de l'Élysée. En effet, son action en Afrique fut très largement entravée par les réseaux de Jacques Foccart, très actifs chez Elf Aquitaine, et par une partie des conseillers de François Mitterrand, regroupés autour de François de Grossouvre . En 1999, il écrit Mémoires de l'ombre, un réquisitoire contre François Mitterrand et son entourage : l'auteur y critique vivement l'absence de culture économique du Président au cours d'une époque de bouleversements des rapports de forces dans le monde dus à des causes économiques. Selon Ghislaine Ottenheimer et Renaud Lecadre, Pierre Marion était franc-maçon . En effet, c'est parce qu'il était compagnon de loge de Charles Hernu que ce dernier lui a proposé en 1981 la direction des services spéciaux.

Publications

  • 1991 : La mission impossible : À la tête des services secrets, Calmann-Lévy, 259 pages.
  • 1994 : Le Pouvoir sans visage : Le complexe militaro-industriel, Calmann-Lévy.
  • 1999 : Mémoires de l'ombre - Un homme dans les secrets de l'État, Flammarion, 299 pages, (ISBN 2-08-067692-X)
  • 2001 : Mes bien-aimés frères - Histoire et dérive de la Franc-Maçonnerie, Flammarion, 294 pages.

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