Fidesz-Magyar Polgári Szövetség (Fidesz)
Le Fidesz-Union civique hongroise (Fidesz-Magyar Polgári Szövetség) est un parti politique hongrois de droite, dont le président est Viktor Orbán. Son logo porte son nom le plus courant Fidesz, acronyme de Fiatal Demokraták Szövetsége (« Alliance des jeunes démocrates »), mais à partir de 1995 son nom officiel a été Fidesz – Magyar Polgári Párt (« Parti civique hongrois »), puis à partir de 2003 Fidesz – Magyar Polgári Szövetség (« Alliance civique hongroise »).
Fondé en 1988 comme un mouvement de jeunesse opposé au parti unique et à la République populaire de Hongrie, se définissant lui-même comme « libéral, radical et alternatif », il est progressivement devenu un parti conservateur, membre du Parti populaire européen et de l'Union démocrate internationale. Son allié traditionnel est le Parti populaire démocrate-chrétien (Kereszténydemokrata Néppárt, KDNP). Fidesz était le sigle de l'ancienne Alliance des jeunes démocrates (Fiatal Demokraták Szövetsége, Fidesz), créée sous la forme d'un mouvement de jeunesse (l'âge limite d'adhésion était 35 ans) en 1988, sous le régime de la République populaire de Hongrie. Dans l'opposition aux premiers gouvernements de la transition démocratique, à savoir ceux dirigés par le Forum démocrate hongrois (Magyar Demokrata Fórum, MDF) (1990-1994) et le Parti socialiste hongrois (Magyar Szocialista Párt, MSzP) (1994-1998), il arrive au pouvoir à la faveur des élections législatives de 1998 et forme une coalition avec le MDF. Le président du Fidesz, Viktor Orbán, âgé de 35 ans, devient le plus jeune Premier ministre d'Europe.
Il perd de justesse les élections législatives de 2002 à la faveur de coalition formée par le MSzP et l'Alliance des démocrates libres (Szabad Demokraták Szövetsége, SzDSz) menée par Péter Medgyessy. En juin 2004, le Fidesz obtient 12 députés européens en réunissant sur ses candidats 47,40 % des suffrages exprimés. Il en remporte 14 lors des élections européennes de 2009, avec 56,37 % des suffrages exprimés, allié aux chrétiens-démocrates du KDNP. Bien que plus nettement battu lors des élections législatives hongroises de 2006, le parti remporte largement les élections municipales et régionales six mois plus tard, en octobre 2006, après la crise provoquée par la divulgation d'un discours prononcé à huis clos devant les députés de son parti par le Premier ministre socialiste Ferenc Gyurcsány. Le 25 avril 2010, le Fidesz remporte largement les élections législatives, en obtenant les deux tiers des sièges du parlement. Dans la foulée, le candidat István Tarlós devient le premier maire conservateur de Budapest le 3 octobre 2010, mettant ainsi fin au long règne de Gábor Demszky qui dirigeait la ville depuis 1990.
Ayant les deux tiers des sièges au Parlement, le Fidesz a entrepris la modification totale de la Constitution, le texte fondamental de l'ancienne constitution datant de 1949. Celle-ci est fondée sur l'histoire millénaire de la Hongrie et sur les racines chrétiennes hongroises (préambule, intitulé « Profession de foi nationale »). L’appellation officielle de l'État hongrois « République de Hongrie » devient « Hongrie » — le mot « République » apparaissant à l'article suivant — et « la Hongrie porte la responsabilité de la situation des Hongrois vivant hors des frontières du pays » (article D). L'article L de la Constitution définit le mariage « en tant qu’union de vie fondée sur un engagement volontaire entre un homme et une femme ». L'article II sur le droit à la vie de toute personne indique que « la vie du fœtus doit être protégée dès sa conception », pouvant laisser éventuellement la place à une future interdiction de l'avortement. En ce qui concerne les minorités hongroises des pays voisins, le dirigeant du Fidesz et actuel Premier ministre Viktor Orbán a fait voter dès son arrivée au pouvoir une loi sur la double nationalité : un Hongrois vivant dans les pays voisins pourra acquérir la nationalité hongroise en plus de celle du pays où il réside.
Le droit de vote est aussi accordé en Hongrie en décembre 2011 aux minorités hongroises des pays voisins pour les listes de partis (députés non liés à une circonscription). Une autre loi nationaliste est celle faisant un « jour de commémoration nationale » (nemzeti emléknap) du 4 juin, jour de la signature du traité de Trianon qui, en définissant les nouvelles frontières à l'intérieur de l'ancienne Autriche-Hongrie, laissa un tiers des Hongrois ethniques hors de Hongrie ; ce jour est appelé Journée de la solidarité nationale (A nemzeti összetartozás napja) et est marqué par des commémorations à différents endroits du pays (mais pas dans les écoles comme d'autres « jours de commémoration nationale » : Journée des victimes du communisme, Journée de la Shoah, Journée des martyrs d'Arad). En février 2015, le Fidesz perd sa majorité qualifiée des deux tiers nécessaire à l'adoption des lois « organiques » et des modifications de la Constitution lorsque l'indépendant Zoltán Kész, soutenu par la gauche, remporte l'élection législative partielle au scrutin uninominal de la circonscription de Veszprém en remplacement de Tibor Navracsics, nommé commissaire européen. Le Fidesz est fondé sur le conservatisme et le protectionnisme économique et militant pour le maintien des traditions hongroises. Idéologiquement, il se réclame des valeurs de :
- démocratie « civique » (polgári) au sens d'anticommuniste dans le vocabulaire du Fidesz (cf. polgári körök « cercles civiques »),
- conservatisme « national » (nemzeti) dans le sens de nationaliste.
- démocratie chrétienne.
« Marche de la paix » soutenue par le Fidesz et le KDNP, le 29 mars 2014. Le parti est critiqué à l'étranger pour son nationalisme économique, par exemple pour sa taxe « de crise » votée au Parlement visant les grandes entreprises implantées en Hongrie, surtout étrangères (dans les domaines de l'agro-alimentaire, de l'énergie, des télécommunications, de la grande distribution) et taxées bien plus que les autres entreprises hongroises. Le parti est également accusé d'avoir des tentations autoritaires, et est notamment critiqué pour la loi de 2010 restreignant les libertés des médias. Bien qu'orienté à droite, le discours du Fidesz reste globalement hostile à la mondialisation. Les années de gouvernement de Viktor Orbán ont également été marquées par une progression des thèmes irrédentistes, autour de la Grande Hongrie et de la situation des Hongrois d'outre-frontières, minoritaires dans les États frontaliers.