Horne Lena

Publié le par Mémoires de Guerre

Lena Mary Calhoune Horne, née le 30 juin 1917 à Brooklyn (New York) et morte le 9 mai 2010 à New York, est une chanteuse de jazz, de chanson populaire, de comédie musicale, une actrice de films musicaux et une militante américaine pour l'égalité des droits civiques en faveur des Afro-Américains et des Amérindiens au sein de la National Association for the Advancement of Colored People. 

Horne Lena

Jeunesse et formation

Lena Horne est la fille de Teddy Horne et d'Edna Scottron Horne, un couple mixte d'ascendance afro-américaine, amérindienne et européenne. Les membres de la famille Horne font partie de l'élite afro-américaine qui a reçu une éducation universitaire. Ses parents se séparent alors qu'elle a trois ans. Elle est élevée par ses grands parents paternels Cora Calhoun et Edwin Horne. Cora est une membre active de la National Association for the Advancement of Colored People, de la National Urban League et une suffragette. 

Carrière

La chanteuse

Grâce à sa mère, elle est embauchée en 1934 comme danseuse et choriste dans la troupe du Cotton Club, célèbre cabaret de Harlem où elle devient chanteuse trois ans plus tard. Lena Horne se fait ensuite remarquer sur Broadway par la comédie musicale Dance With Your Gods, puis elle est embauchée comme chanteuse au sein du big-band de Noble Sissle. En 1939, elle remonte sur la scène de Broadway dans la revue Lew Leslie's Blackbirds of 1939, puis, en 1940, elle est embauchée comme chanteuse par Charlie Barnett pour son big-band le Charlie Barnet Orchestra, mais à cause des lois ségrégationnistes des états du Sud, elle ne peut chanter dans certaines villes. En 1941, elle quitte l'orchestre pour retourner à New York pour se produire au Café Society, club de jazz fréquenté par les artistes et intellectuels afro-américains et blancs. C'est à ce moment qu'elle devient l'amie de leaders de la National Association for the Advancement of Colored People tels que Paul Robeson et Walter White. 

L'actrice

Après un premier rôle dans un film musical de 1938, intitulé « The Duke is Tops », Lena Horne est la première femme afro-américaine à signer un contrat de longue durée avec un studio d'Hollywood, la Metro-Goldwyn-Mayer, contrat où des clauses sont imposées par la National Association for the Advancement of Colored People stipulant qu'elle ne peut être cantonnée à des seconds rôles habituellement confiés aux actrices afro-américaines comme ceux de domestiques, de nourrices, d'Africains « sauvage ». Elle y fait ses débuts en 1942 dans Panama Hattie et devient célèbre en 1943 pour son interprétation de Stormy Weather de Ted Koelher et Harold Arlen dans le film du même nom. Elle apparaît ensuite dans de nombreuses comédies musicales de la MGM, toutefois elle n'aura que peu de premiers rôles du fait de sa couleur de peau, par peur du boycott dans les États du Sud ségrégationnistes. C'est ainsi qu'il ne lui sera confié principalement que des rôles de chanteuse dont les séquences pouvaient être coupées lors des projections dans les salles de cinéma du Sud.

La seule exception notable est Un petit coin aux cieux (1943) de Vincente Minelli, bien qu'une des parties de son corps y soit coupée car considérée comme trop suggestive par les censeurs. Lena est surnommée « la tigresse » en raison de sa silhouette féline. Sélectionnée pour jouer le rôle de Julia LaVerne dans la version de 1951 de Show Boat, elle est éliminée à cause de sa couleur de peau, le rôle échoit finalement à Ava Gardner. Dans les années cinquante, elle et son époux Lennie Hayton sont accusés d'« activités anti-américaines » par la Commission parlementaire aux activités anti-américaines, ce qui vaudra à Lena Horne une traversée du désert émaillée de quelques disques qu'elle parvient tout de même à enregistrer pour la RCA. C'est en 1957, et grâce à la revue Jamaïca, qu'elle renoue avec le succès, malgré un puissant boycott. Elle enchaînera avec des tournages et un certain nombre de revues jusque dans les années 1970. Elle fait un retour dans les années 1990 avec deux albums enregistrés pour le label Blue Note. 

L'engagement social

La carrière de Lena Horne est marquée contre le racisme et les lois ségrégationnistes. Dès son enfance, elle subit le racisme, pour les blancs elle n'était qu'une « négresse » et pour certains de ses camarades afro-américains elle était trop blanche. Ballottée entre ses diverses racines (afro-américaine, amérindienne, européenne), elle aurait pu être désorientée, mais elle a la chance d'être entourée par des grands parents militants des droits civiques et qui l'ont aidée à se positionner à refuser d'être une presque blanche. Elle continue son expérience du racisme au Cotton Club, les musiciens étaient des afro-américains, mais la salle leur était strictement interdite. 

Pendant la Seconde Guerre mondiale, elle devient une pin-up et un symbole de la « black beauty /beauté noire », en faisant une tournée pour les troupes, elle découvre que ses concerts sont ségrégués, pire elle découvre que des prisonniers de guerre allemands sont devant alors que soldats afro-américains sont repoussés au fond de la salle, scandalisée elle interrompt sa tournée pour ne visiter que des cantonnements de soldats afro-américains. En 1963, elle participe à la Marche sur Washington pour l'emploi et la liberté derrière Martin Luther King. La même année, lors d'un rassemblement, elle prend la parole aux côtés du militant afro-américain, défenseur des droits de l'homme, Medgar Evers, peu de temps avant son assassinat en juin 1963. 

Vie privée

En 1937, Horne épouse Louis Jones. Ils ont deux enfants, Gail et Theodore. Le couple divorce en 1944. En 1947, elle épouse l'arrangeur et compositeur Lennie Hayton, qui décède en 1971. Le mariage s'est fait discrètement à Paris, car les mariages mixtes étaient interdits en Californie. Lennie Hayton, un juif américain, est l'un des premiers chefs d'orchestre arrangeurs de la Metro Goldwyn Mayer. Malgré les préjugés racistes, l'union dure jusqu'à la mort de Hayton en 1971, en effet, les directeurs exécutifs des studios désapprouvent cette union inter-raciale et le couple est mis au ban. Dans sa biographie coécrite avec Richard Schickel, Horne raconte les pressions énormes et les injures qu'ils durent subir. De 1950 à sa mort, Lena Horne vivait à Manhattan. 

La fin

Le 9 mai 2010, elle décède à l'hôpital presbytérien de New York. Ses obsèques sont célébrées en l'église Saint-Ignace-de-Loyola de New York, sur Park Avenue, en présence de nombreuses personnalités comme Jessye Norman, Leontyne Price, Dionne Warwick, Lauren Bacall, Chita Rivera, Cicely Tyson, Vanessa Williams et le gouverneur de l'État de New York David Paterson. Après sa crémation, ses cendres ont été remises à des proches. La Nederlander Organization annonce en juin 2022 que le théâtre Brooks Atkinson de Broadway serait renommé en son honneur plus tard cette année-là. Le fronton du Lena Horne Theatre est dévoilé le 1er novembre 2022. 

Prix et distinctions

  • 1958 : lauréate du Tony Award décerné par l'American Theatre Wing, dans la catégorie « meilleure actrice dans un premier rôle dans une comédie musicale » pour sa prestation dans la comédie musicale Jamaica.
  • 1960 : cérémonie d'établissement de son étoile sur le Walk of Fame de Hollywood.
  • 1980 : élévation au grade de docteure honoris causa par l'université Howard.
  • 1981 : lauréate du Grammy Award, catégorie meilleure performance vocale féminine pour son album The Lady and Her Music.
  • 1981 : lauréate du Special Tony Award décerné par l'American Theatre Wing, pour sa revue musicale Lena Horne: The Lady and Her Music.
  • 1983 : récipiendaire de la Médaille Spingarn décernée par la National Association for the Advancement of Colored People.
  • 1989 : lauréate du Grammy Award, pour l'ensemble de son œuvre.
  • 1995 : lauréate du Grammy Award, catégorie meilleure performance de jazz vocal pour l'album An Evening With Lena Horne.
Horne Lena

Filmographie

  • 1938 : The Duke Is Tops
  • 1942 : Panama Hattie (MGM)
  • 1943 : Un petit coin aux cieux (Cabin in the Sky) (MGM)
  • 1943 : Parade aux étoiles (Thousands cherr) (MGM)
  • 1943 : Symphonie magique (Stormy Weather) d'Andrew L. Stone (20th Century Fox)
  • 1943 : Mademoiselle ma femme (I Dood It) de Vincente Minnelli (MGM)
  • 1944 : Deux jeunes filles et un marin (Two Girls and a Sailor) (MGM)
  • 1944 : Swing Fever (MGM)
  • 1944 : Broadway Rhythm (MGM)
  • 1944 : Boogie-Woogie Dream (Official Films short subject)
  • 1946 : La Pluie qui chante (Till The Clouds Roll By) (MGM)
  • 1946 : Mantan Messes Up (Toddy Pictures)
  • 1946 : Ziegfeld Follies de Vincente Minnelli (MGM)
  • 1946 : Studio Visit (MGM short subject)
  • 1948 : Ma vie est une chanson (Words and music) (MGM)
  • 1950 : Jamais deux sans toi (Duchess of Idaho) (MGM)
  • 1956 : Viva Las Vegas (Meet Me in Las Vegas) (MGM)
  • 1969 : Une poignée de plombs (Death of a Gunfighter), de Don Siegel et Robert Totten (Universal Studios)
  • 1976 : Hollywood, Hollywood (That's entertainement Part II) - Film documentaire (MGM)
  • 1978 : The Wiz (Universal Studios)
  • 1994 : That's Entertainment! III (MGM)

Comédies et revues musicales

  • 1934 : Dance With Your Gods, de Kenneth Perkins au Mansfield Theatre de New York,
  • 1939 : Lew Leslie's Blackbirds of 1939 de Lew Leslie et Johnny Mercer à l'Hudson Theatre de New York,
  • 1957 - 1959 : Jamaica de Harold Arlen et E.Y. Harburg, à l'Imperial Theatre de Manhattan,
  • 1961 : Nine O'Clock Revue Broadway, sur des standards de Harold Arlen, Duke Ellington, Cole Porter, Jule Styne, Rodgers et Hammerstein au O'Keefe Centre Theater de Broadway,
  • 1974 : Tony & Lena, sous la direction de Torrie Zito et Robert M. Freedman au Minskoff Theatre, avec Tony Bennett,
  • 1981 - 1982 : Lena Horne: The Lady and Her Music, sous la direction d' Harold Wheeler (musician) au Nederlander Theatre de Broadway.

Publications

Livres

  • James Haskins et Kathleen Benson, Lena : A Personal and Professional Biography of Lena Horne, Chelsea Mich., Stein and Day, 1er janvier 1984, 230 p. (ISBN 0-8128-8524-4),
  • Lena Horne et Richard Schickel, Lena, Limelight Editions, 1er septembre 1988, 300 p. (ISBN 0-87910-066-4),
  • Brett Howard, Lena Horne, Los Angeles (Calif.), Melrose Square Publishing Company, 1er décembre 1991, 222 p. (ISBN 0-87067-572-9),
  • Leslie Palmer et Nathan Irvin Huggins, Lena Horne, Chelsea House Publications, 1er septembre 1995, 127 p. (ISBN 0-7910-0226-8),
  • Gail Buckley, The Hornes : An American Family, Applause Books, 1er février 2002, 288 p. (ISBN 1-55783-564-0),
  • James Gavin, Stormy Weather : The Life of Lena Horne, Atria Books, 23 juin 2009, 608 p. (ISBN 978-0-7432-7143-1 et 0-7432-7143-2),
  • Carole Boston Weatherford, The Legendary Miss Lena Horne, Atheneum Books for Young Readers, 24 janvier 2017, 48 p. (ISBN 978-1-4814-6824-4 et 1-4814-6824-3),

Articles de revues

  • Megan E. Williams, « The "Crisis" Cover Girl: Lena Horne, the NAACP, and Representations of African American Femininity, 1941—1945 », American Periodicals, vol. 16, n° 2,‎ 2006, p. 200-218,
  • Shane Vogel, « Performing "Stormy Weather": Ethel Waters, Lena Horne, and Katherine Dunham », South Central Review, Vol. 25, No. 1,,‎ 2008, p. 93-113
  • Megan E. Williams, « "Meet the Real Lena Horne": Representations of Lena Horne in "Ebony" Magazine, 1945–1949 », Journal of American Studies, Vol. 43, No. 1,‎ avril 2009, p. 117-130
  • Megan E. Williams, « "Lena Not the Only One": Representations of Lena Horne and Etta Moten in the Kansas City "Call", 1941-1945 », American Studies, vol. 51, n° 1/2,‎ 2010
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