Bolton John Robert

Publié le par Mémoires de Guerre

John Robert Bolton, né le 20 novembre 1948 à Baltimore (Maryland), est un homme politique américain proche des néo-conservateurs, chargé de 2001 à 2005 des questions de désarmement par George W. Bush, puis ambassadeur américain aux Nations unies d'août 2005 à décembre 2006. Le 22 mars 2018, le président Donald Trump le nomme son conseiller à la sécurité nationale ; il entre en fonction le 9 avril. 

Bolton John Robert
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John Bolton est né dans une famille baptiste modeste de la banlieue de Baltimore, dans le Maryland. Son père est sapeur-pompier. Boursier, il étudie au collège semi-militaire de McDonogh, dans le Maryland. À l'âge de 12 ans, il porte l'uniforme. À 18 ans, il signe un éditorial anti-communiste dans le journal de l'école qu'il titre « Pas de paix au Viêt Nam ». Dans les années 1970, il est diplômé en droit de l'université Yale où il milite chez les jeunes conservateurs. Avocat de profession, il rejoint les administrations républicaines à partir de 1981, où il fera notamment campagne pour que les États-Unis quittent l'Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture (Unesco) ou pour obtenir l'annulation de la résolution de l'Organisation des Nations unies (ONU) mettant sur le même plan sionisme et racisme. De 1981 à 1983, dans l'administration de Ronald Reagan, Bolton travaille pour l'agence américaine pour le développement (USAID).

De 1985 à 1989, il travaille pour le ministère de la justice (DoJ). De 1989 à 1993, sous le mandat de George Bush père, il est au département d'État, chargé des relations avec les organisations internationales. En 1993, ce farouche opposant aux missions américaines de maintien de la paix, supervisées ou non par l'ONU, est un critique virulent de l'intervention humanitaire américaine en Somalie. En 1998, au côté de Richard Perle et d'autres, il est un des signataires de la lettre du Project for the New American Century, appelant Bill Clinton au renversement de Saddam Hussein. En mai 2001, George W. Bush le nomme au département d'État chargé des questions de désarmement. Il y traitera notamment des dossiers concernant les programmes nucléaires de la Corée du Nord et de l'Iran, dont il est l'un des principaux avocats du renvoi devant le Conseil de sécurité des Nations unies, en vue de sanctions. En 2002, John Bolton enterre le protocole de vérification de la convention sur les armes biologiques.

En mai 2002, c'est lui qui signe la lettre au secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, indiquant que les États-Unis renonçaient à toute participation à la Cour pénale internationale (CPI). John Bolton est également un farouche partisan de la guerre en Irak et du concept de guerre préventive. Le 7 mars 2005, ce détracteur intarissable de l'ONU a été pourtant choisi comme Ambassadeur américain aux Nations unies par le président Bush, mais la confirmation de sa nomination par le Sénat s'est révélée plus difficile que prévu. Bolton est soutenu pour ce poste par Jesse Helms, ancien sénateur de Caroline du Nord, isolationniste et réactionnaire, qui a ainsi déclaré : « John Bolton est le type d'homme avec qui je voudrais me trouver le jour de l'Apocalypse [...] pour la bataille finale entre le bien et le mal », alors que les démocrates et les républicains modérés de type RINO lui reprochent toute une série de prises de position hostiles ou méprisantes envers l'ONU (par exemple : « On pourrait supprimer dix étages sans voir la différence »). Un premier vote de la commission des affaires étrangères du Sénat ayant été reporté faute de majorité, les sénateurs ont approfondi leurs investigations en interrogeant plus de trente témoins, majoritairement à charge, qui ont mis au jour les positions ultra-radicales de John Bolton, son tempérament colérique et son mépris affiché envers l'ONU. Parmi tous ces témoins à charge, on peut citer :

  • Lawrence Wilkerson, ancien chef de cabinet de Colin Powell entre 2002 et 2005, qui expliqua que les hauts responsables du département d'État venaient sans cesse le voir pour se plaindre de Bolton.
  • Richard Armitage, ancien secrétaire d'État adjoint, qui avait mis John Bolton sous surveillance, contrôlant chacun de ses discours ou de ses interventions extérieures.

En 2004, Bolton aurait ainsi tenté de convaincre le sénateur républicain, Jon Kyl de bloquer la nomination de James Cunningham comme ambassadeur auprès de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA). On lui reproche également d'avoir menacé et tenté de faire renvoyer un analyste, pour la raison qu'il était en désaccord avec lui sur l'arsenal cubain. Au vu de ces éléments, le sénateur et futur vice-président démocrate Joe Biden a ainsi comparé son éventuelle arrivée aux Nations unies à celle d'un « taureau dans un magasin de porcelaine ». Au bout du compte, la commission des affaires étrangères n'a pu dégager de majorité en faveur de la nomination de Bolton au poste d'ambassadeur des États-Unis auprès des Nations unies et effectuer la « recommandation » traditionnelle à l'assemblée plénière du Sénat. C'est le sénateur républicain de l'Ohio, George Voinovich, considéré comme étant un RINO, qui conclut par un véritable réquisitoire contre Bolton, qualifié d'« arrogant et brutal », d'être intempestif et de ne manifester « aucun respect pour la hiérarchie », et préférer « l'unilatéralisme » à la négociation. Sa conclusion est lapidaire : Bolton est « l'incarnation de ce qu'un diplomate ne devrait pas être » et « s'il travaillait dans une entreprise, il aurait été viré ».

Mais selon Voinovich, Condoleezza Rice pense que John Bolton représente le bon choix pour l'ONU. Profitant du congé annuel du Sénat et de ses prérogatives constitutionnelles, George W. Bush a pu nommer par décret John Bolton en août 2005 comme représentant permanent à l'ONU. Cette nomination est ensuite approuvée par le Sénat. Sa confirmation fut ensuite bloquée par les démocrates et plusieurs républicains du Sénat durant une année entière. La Maison Blanche ne pouvant pas accorder un autre mandat provisoire, John Bolton annonça finalement, le 4 décembre 2006, sa démission de son poste d'ambassadeur aux Nations unies. Son départ intervint quelques semaines après la victoire des démocrates au Congrès lors des élections de mi-mandat du président George W. Bush et la démission de Donald Rumsfeld, secrétaire à la Défense. À partir du 8 décembre 2006, l'ambassadeur Alejandro Wolff assure l’intérim du poste d'ambassadeur américain aux Nations unies. Le nouvel ambassadeur américain à l'ONU ne tarde pas à mettre en application ses théories une fois en poste afin de refléter le plus fidèlement possible les prises de position de l'administration BushLors de la préparation du sommet annuel de septembre 2005, où près de 175 chefs d'État et de gouvernement doivent se retrouver au siège à New York pour adopter une déclaration redéfinissant les contours de la réforme de l'organisation, John Bolton met un coup d'arrêt aux travaux de rédaction en cours depuis six mois en présentant deux options consistant à recommencer à zéro ou amender le texte de 36 pages de plus de 700 corrections américaines. Comparé à John Wayne par la presse conservatrice, les modifications demandées par Bolton suscitent l'incrédulité chez les diplomates notamment la suppression de la mention « respect de la nature » de la liste des principes fondamentaux (droits de l'homme, liberté, tolérance) ou encore la suppression de la promesse de « n'épargner aucun effort pour promouvoir et renforcer l'efficacité » de l'ONU.

L'ensemble des autres modifications concernent la lutte antiterroriste, la question des armes de destruction massive ou la promotion de la démocratie, thèmes chers à l'administration Bush. D'autres annotations visent à éliminer toute contrainte imposée à la politique américaine comme les références aux « objectifs du millénaire », visant à établir des cibles chiffrées à échéance de quinze ans pour réduire l'extrême pauvreté, offrir une éducation primaire universelle ou augmenter l'aide au développement à 0,7 % du PNB des pays riches ou encore la dilution de la clause dissuadant les membres permanents du Conseil de sécurité d'utiliser leur veto pour bloquer une intervention militaire visant à empêcher un génocide. Toute référence à la Cour pénale internationale (CPI), au protocole de Kyoto ou à l'enjeu du changement climatique est supprimée ainsi que toute allusion à l'obligation de renoncer aux armes nucléaires. Les amendements américains proposés par Bolton se concentrent sur la rationalisation de la bureaucratie de l'organisation, la création d'un Fonds pour la démocratie et sur le remplacement de la Commission des droits de l'homme (discréditée depuis longtemps par la présence en son sein de pays violant ces mêmes droits). En réponse, pour tenter de concilier les exigences américaines, un groupe de travail de trente-trois États dont les cinq membres permanents du Conseil de sécurité, a été créé. Lors de sa première réunion, John Bolton s'est montré inflexible, n'hésitant pas à s'allier sur des questions de procédure avec des pays comme le Pakistan ou l'Iran. John Bolton fait finalement un geste de conciliation en acceptant de voir figurer les Objectifs du millénaire sur l'augmentation de l'aide au développement dans le projet de résolution finale. Le 5 janvier 2007, le président Georges W. Bush annonce son remplacement par Zalmay Khalilzad, ambassadeur en Irak. Le 22 mars 2018, le président Donald Trump le nomme conseiller à la sécurité nationale. Il entre en fonction le 9 avril.

En septembre 2018, à propos d'une éventuelle enquête sur des crimes de guerre présumés commis en Afghanistan, notamment par l’armée américaine, il a qualifié la Cour pénale internationale (CPI) d’« inefficace, irresponsable et carrément dangereuse », ajoutant « Nous allons interdire à ses juges et procureurs l’entrée aux États-Unis. Nous allons prendre des sanctions contre leurs avoirs dans le système financier américain et nous allons engager des poursuites contre eux dans notre système judiciaire. Nous ferons la même chose pour toute entreprise ou État qui assiste une enquête de la CPI sur les États-Unis et nous prendrons note si des pays coopèrent avec les enquêtes de la CPI sur les États-Unis et leurs alliés », et « Nous laisserons la CPI mourir seule. Après tout, et pour ainsi dire, la CPI est déjà morte à nos yeux ». Proche des néo-conservateurs, John Bolton a signé les manifestes sur l'Irak et sur Taïwan (pays avec lequel il signe des liens plus étroits), mais il n'en demeure pas moins un républicain de droite, nationaliste, proche des options de Dick Cheney. Défenseur exclusif des intérêts américains, hostile aux interventions américaines via l'OTAN dans les Balkans, il désapprouve également les interventions humanitaires. Pour lui, le droit international ne serait qu'une vue de l'esprit, puisqu'il n'y a pas de sanctions contre les contrevenants. Il est décrit comme le représentant d'une approche plus agressive envers la « Corée du Nord », dont il serait persuadé qu'elle ne renoncera jamais pacifiquement à l'arme atomique, ou contre l'accord de Vienne sur le nucléaire iranien (2015), qu'il considère comme une « erreur stratégique majeure ». Il intervient régulièrement sur Fox News. 

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