Perussuomalaiset (PS)
Les Vrais Finlandais (Perussuomalaiset, (PS)) est un parti politique finlandais de droite populiste et eurosceptique. Le parti a été fondé en 1995 et représente depuis les élections de 2011 la troisième force politique du pays et la première force d'opposition. Le parti siège au centre gauche du parlement finlandais et se définit comme « ouvrier sans socialisme » afin de défendre, au sein de l'État-providence et de la social-démocratie finlandaise, des thèses identitaires sur la société finlandaise. Hors de Finlande, il est soutenu par des partis conservateurs voire d'extrême droite.
Le parti se nomme Perussuomalaiset en finnois. Le préfixe Perus- signifie un attachement aux valeurs basiques, fondamentales et simples tandis que suomalaiset signifie finnois. Une traduction littérale en français serait « Finlandais de base », « Finlandais ordinaires », « Finlandais simples » voire « Finlandais rudimentaires ». Néanmoins, le parti s'est choisi un nom anglais qui ne rend pas le sens littéral. À l'origine, il s'agissait de True Finns. Les publications internationales ont repris ce nom, d'où l'utilisation en français de « Vrais Finlandais ».
En 2010, l'organisation de jeunesse du parti (Perussuomalaiset Nuoret) réclame un changement de la traduction, qui « sonne raciste », et suggère Finnish Folkparty (« Parti populaire finlandais ») pour la presse anglophone. En août 2011, le parti adopte à l'initiative de son président Timo Soini le nom Finns Party (« Parti des Finlandais »). Cette traduction est depuis la seule utilisée par le Parlement finlandais et par le Parlement européen. D'après plusieurs sites, tels que ceux de l'ambassade de France en Finlande, de la Fondapol, la traduction correcte du nom du parti serait les Finlandais de base.
Le parti tire son origine de l'ancien Parti rural de Finlande (SMP), parti populiste créé en 1959. Veikko Vennamo fut le chef historique de cet ancien parti, de 1959 à 1979. Issu de la Ligue agraire, futur Parti du centre, il entretenait des relations tendues avec Urho Kekkonen. Une fois celui-ci élu président de la République en 1956, Vennamo se consacre à son nouveau parti. Il se présente trois fois à l'élection présidentielle, sans dépasser ses 11 % initiaux (1968). Son parti remporte pourtant 10 % des voix et 18 sièges au début des années 1970, puis 17 en 1983.
Le fils de Vennamo, Pekka Vennamo, devint le dirigeant du parti en 1979, quand son père se retira et le parti commença à participer aux coalitions gouvernementales, ce qui entraîna son déclin progressif. Pekka Vennamo finit par démissionner. Certains membres du parti rejoignirent le Parti du centre, d'autres se retirèrent. En difficulté financière, il fit faillite en 1995. La même année les Vrais Finlandais sont fondés, par plusieurs anciens membres, dont Timo Soini, qui était secrétaire du Parti rural de Finlande.
Après ces départs, le parti chercha à se rétablir sur de nouvelles bases. Le mouvement populiste et souverainiste se tourna contre l'establishment et l'Union européenne. En 2003, le parti remporta trois sièges aux élections de l'Eduskunta. Cette victoire mineure semble être due au talent oratoire du nouveau dirigeant Timo Soini et au charisme personnel de Tony Halme. Ils améliorent leur résultat, aux élections législatives de 2007, avec cinq députés et un peu plus de 4 % des voix. Ils sont alors le huitième parti du pays.
Avant l'élection de 2011 qui les porte tout proche du pouvoir, ils progressent lors de deux élections : aux élections locales d'octobre 2008, ils progressent de 0,9 à 5,4 %, principalement dans l'électorat des sociaux-démocrates et de l'Alliance de Gauche, notamment là où il y a le plus de chômage. Lors des élections européennes de 2009 ensuite, les Vrais Finlandais remportent 9,8 % des suffrages, soit un siège de député européen, qui revient à Timo Soini, le mieux élu de Finlande, nominativement (en Finlande on vote pour un nom et non une liste, même avec la proportionnelle).
Pour les élections législatives de 2011, le parti se positionne comme celui des « petites gens » face à la « bureaucratie » européenne. Il s'oppose aux plans d'aide aux pays de la zone euro en difficulté, dont l'accueil était mitigé en Finlande, dans une plate-forme qui s'oppose à l'immigration, au bilinguisme finnois-suédois, aux OGM, au mariage homosexuel, tout en préservant les acquis sociaux. Le contexte est aussi celui d'une industrie du bois-papier en crise, avec des délocalisations nombreuses. Derrière leur chef charismatique, qui devient le député le mieux élu, les Vrais Finlandais réalisent 19,1 % des suffrages, un quadruplement et une augmentation de 15 points, une première dans la Finlande d'après-guerre. Ils deviennent alors le troisième groupe au Parlement avec 39 députés. Quatre d'entre eux — Jussi Halla-aho, Juho Eerola, James Hirvisaari et Olli Immonen — sont membres de Suomen Sisu, organisation nationaliste et opposée au multiculturalisme.
Timo Soini les décrit comme une faction peu nombreuse mais « bien organisée », tout en admettant que certains membres soient « politiquement incorrects ». En raison d'écarts de langage à propos de la crise grecque, Jussi Halla-aho a été suspendu à l'unanimité pour deux semaines par le groupe parlementaire des Vrais Finlandais le 16 septembre 2011. L'élection passée, la formation du gouvernement traîne en longueur, et après un mois, le parti annonce son refus de faire des compromis sur la question de l'euro dans le seul but de rentrer au gouvernement. Contrairement à la tradition de consensus, il forme la moitié de l'opposition au Gouvernement Katainen, soutenu par 125 des 200 députés du Parlement, provenant de six des huit partis. Trois présidences de commissions parlementaires sont attribuées à des députés Vrais Finlandais : Timo Soini obtient celle des Affaires étrangères, Jussi Halla-aho celle de l'Administration et Jussi Niinistö celle de la Défense. Lors des élections municipales de 2012, le parti des Vrais Finlandais affiche une progression de sept points par rapport à 2008 avec 12,3 % des suffrages exprimés.
Lors des élections européennes de 2014, les Vrais Finlandais arrivent en troisième position du scrutin avec 12,90 % des suffrages exprimés et a ainsi remporté deux sièges (Sampo Terho et Jussi Halla-aho) au Parlement européen. Le parti quitte le groupe Europe libertés démocratie pour rejoindre le groupe des Conservateurs et réformistes européens aux côtés des Conservateurs britanniques et polonais. D'après Erkka Railo l'inclusion du parti dans un « groupe respectable » constitue une victoire pour les Vrais Finlandais. L'entrée du parti dans le groupe aurait été l'initiative de Syed Kamall, chef de file du groupe de confession musulmane. D'après Sajjad Karim, candidat du groupe à la présidence du Parlement européen et lui aussi musulman, le groupe appliquera une Tolérance zéro vis-à-vis du racisme.
En juillet 2015, le député Olli Immonen, suscité une polémique après avoir appelé ses « compagnons de lutte » à « se battre contre le cauchemar du multiculturalisme », et promis que « les bulles laides de ses ennemis » seraient « éclatées en un million de petits morceaux ». Quelques jours plus tard, près de 15 000 personnes se rassemblent à Helsinki pour protester contre ces déclarations. Le 10 juin 2017, Jussi Halla-aho, tête de file de la ligne dure du parti, succède à Timo Soini à la présidence du parti lors d'un congrès à Jyväskylä. Trois jours après son élection, le Premier ministre, Juha Sipilä, annonce mettre fin à la participation des Vrais Finlandais à son gouvernement. Le parti fait alors face à la dissidence de vingt de ses députés qui forme la Nouvelle alternative.
Le parti revendique son populisme et défend une ligne eurosceptique. Son président historique Timo Soini se décrit comme « conservateur sur les questions morales, mais de centre gauche sur les questions sociales ». Dans un article publié en 2011, Le Monde classe les Vrais Finlandais au sein de la « droite nationaliste » tout en remarquant que « certains membres sont clairement d'extrême droite ». L'année suivante le journal rapporte les propos du Mikael Pentikäinen, directeur de la rédaction de Helsingin Sanomat, selon qui le parti « n'est pas d'extrême droite ». D'après lui : « le parti compte plusieurs factions et celle anti-immigrés est la plus problématique pour Soini. Soini lui-même n'est pas contre l'immigration. Il a laissé les anti-immigrés venir à lui pour avoir leur soutien, mais il estime qu'il les contrôle. » Le journal finlandais Yle évoque une composante d'extrême droite et anti-immigration du parti.
Le politologue Lauri Karvonen fait remarquer à L'Express qu'il n'existe pas d'axe gauche-droite affirmé en Finlande, du fait d'une tradition de partage des responsabilités gouvernementales entre les partis, habitude qui a gommé leurs différences. D'après lui les Vrais Finlandais sont assimilés à des sociaux-démocrates sur les questions fiscales, comme l'impôt sur la fortune, et la politique sociale (retraites, allocations familiales), tandis qu'ils ne sont pas les seuls à vouloir limiter le droit d'asile. D'autre part, le parti soutient sans réserve l'immigration par le travail, allant jusqu'à défendre les intérêts de travailleurs migrants sous le coup d'un arrêté d'expulsion pour cause de revenus jugés insuffisants par l'administration. On trouve aussi dans la plate-forme du parti des positions typiques du conservatisme chrétien comme le refus du mariage homosexuel, de l'avortement, de l'ordination des femmes au sein de l'Église évangélique-luthérienne de Finlande, thème controversé en Finlande depuis sa mise en place en 1988.
Si Timo Soini admet utiliser la thématique de l'immigration comme un « sujet qui fait vendre » bien qu'il ne la considère pas comme une grande affaire, il se distancie du parti français du Front national dont il « ne partage pas les idées ». En effet, lorsqu'il était député européen (2009-2011), il faisait partie des conservateurs eurosceptiques du groupe Europe libertés démocratie, menés par Nigel Farage (Parti pour l'indépendance du Royaume-Uni) et Francesco Speroni (Ligue du Nord), ce qu'a également fait son successeur à Strasbourg, Sampo Terho. Après les élections européennes de 2014, les Vrais Finlandais quittent le groupe Europe libertés démocratie pour rejoindre le groupe des Conservateurs et réformistes européens aux côtés des Conservateurs britanniques et polonais afin de se distancier de l'extrême droite xénophobe et de rejoindre la droite traditionnelle.
Le programme économique se veut social-démocrate (ils défendent l'État-providence nordique, l'impôt sur le revenu progressif et non à taux unique, le rétablissement de l'impôt sur la fortune), tout en affichant des préférences : aucune discrimination, y compris positive n'est souhaitable.
Durcissement du droit d'asile :
- l'immigration humanitaire doit être limitée aux quotas de réfugiés ;
- le rassemblement familial doit être limité à la famille directe du migrant, sous réserve de moyens de subsistance de celui-ci.
- Conditions à l'immigration :
- l'immigration par le travail est bénéfique et doit être soutenue, à condition que le migrant et surtout son employeur respectent les lois sociales et le salaire minimum finlandais ;
- le migrant peut obtenir la nationalité finlandaise au bout de 5 ans de résidence, à condition de maîtriser la langue, posséder des moyens de subsistance et un casier judiciaire vierge en Finlande.
- Hostilité à une Europe fédérale.
- Favorable à l'euro.
- Hostilité à une éventuelle adhésion à l'OTAN.
L'apprentissage obligatoire du suédois doit être rendu optionnel, afin de favoriser des langues parlées au niveau international, comme l'anglais, le russe voisin, l'allemand, le français, l'espagnol, etc. mais aussi une valorisation des langues finno-ougriennes comme le carélien. Valorisation de la culture finlandaise traditionnelle, notamment des artistes issus du mouvement national-romantique du XIXe siècle.
Le parti soutient l'usage fréquent du référendum.
Le Parti des Vrais Finlandais prétend défendre « les patrons de petites et moyennes entreprises, les hommes et les femmes qui travaillent dur, les pauvres, les nécessiteux, les étudiants, les chômeurs, ces gens qui respirent l'honnêteté ». Son électeur type est « masculin, la cinquantaine, employé ou patron de PME ».
- Juho Eerola (Kymi, 2011 –)
- Kike Elomaa (Finlande du Sud, depuis 2011)
- Teuvo Hakkarainen (Centre, depuis 2011)
- Jussi Halla-aho (Helsinki, depuis 2011), président du comité administratif
- Lauri Heikkilä (Finlande du Sud, depuis 2011)
- James Hirvisaari (Tavastia, depuis 2011)
- Olli Immonen (Oulu, depuis 2011)
- Anssi Joutsenlahti (Satakunta, depuis 2011), deuxième vice-président du Parlement
- Johanna Jurva (Uusimaa, depuis 2011)
- Arja Juvonen (Uusimaa, depuis 2011)
- Pietari Jääskeläinen (Uusimaa, depuis 2011)
- Pentti Kettunen (Oulu, depuis 2011)
- Osmo Kokko (Carélie du Nord, depuis 2011)
- Laila Koskela (Pirkanmaa, depuis 2011)
- Mika Niikko (Uusimaa, depuis 2011)
- Tom Packalén (Helsinki, depuis 2011),
- Pirkko Ruohonen-Lerner (Uusimaa, 2007 –), présidente du groupe parlementaire
- Ismo Soukola (Tavastia, depuis 2011)
- Maria Tolppanen (Vaasa, depuis 2011)
- Reijo Tossavainen (Kymi, depuis 2011)
- Kauko Tuupainen (Centre, depuis 2011)
- Veltto Virtanen (Pirkanmaa, depuis 2011)
- Ville Vähämäki (Oulu, depuis 2011)
- Juha Väätäinen (Helsinki, depuis 2011).
- Raimo Vistbacka (1995-2011)
- Tony Halme (2003-2007)
- Markku Uusipaavalniemi (2010-2011)
- Reijo Hongisto (Vaasa, 2011-2017)
- Ari Jalonen (Satakunta, 2011-2017)
- Kimmo Kivelä (Savonie du Nord, 2011-2017)
- Jari Lindström (Kymi, 2011-2017)
- Maria Lohela (Finlande du Sud, 2011-2017)
- Anne Louhelainen (Tavastia, 2011-2017)
- Pirkko Mattila (Oulu, 2011-2017)
- Lea Mäkipää (Pirkanmaa, 2011-2017)
- Hanna Mäntylä (Lapland, 2011-2017)
- Martti Mölsä (Pirkanmaa, 2011-2017)
- Jussi Niinistö (Uusimaa, 2011-2017)
- Pentti Oinonen (Savonie du Nord, 2007-2017)
- Vesa-Matti Saarakkala (Vaasa, 2011-2017)
- Timo Soini (Uusimaa, 2011-2017)
- Kaj Turunen (Savonie du Sud, 2011-2017)
- Simon Elo (Uusimaa, 2015-2017)
- Tiina Elovaara (Pirkanmaa, 2015-2017)
- Timo Soini (2009-2011)
- Sampo Terho (2011-2014)
- Jussi Halla-aho (2014 -)