Bouhired Djamila

Publié le par Mémoires de Guerre

Djamila Bouhired (née en juin 1935 à Alger, est une militante du Front de libération nationale (FLN), collaboratrice de Yacef Saâdi, chef de la Zone autonome d'Alger durant la guerre d'Algérie. Elle fait partie des six femmes « condamnées à mort pour des actes terroristes » pendant la guerre d'indépendance. Elle participe aux manifestations de 2019 en Algérie. 

Bouhired Djamila
Enfance et études

Djamila Bouhired naît en juin 1935 à Alger, alors en Algérie française, dans une famille de classe moyenne d'un père algérien et d'une mère tunisienne. Elle est scolarisée à l'école française. 

Djamila Bouhired rejoint le Front de libération nationale (FLN) durant ses années étudiantes. Elle travaille plus tard comme officier de liaison, membre du « réseau bombes » et assistante personnelle de Yacef Saâdi, chef de la Zone autonome d'Alger pendant la bataille d'Alger. Elle dépose, le 30 septembre 1956, une bombe qui n'explose pas dans le hall du Maurétania, car le branchement avait été mal effectué par Rachid Kouache, l'artificier. Elle recrute Djamila Bouazza qui dépose le 26 janvier suivant, dans le cadre d'une vague d'attentats, une bombe très meurtrière au café Coq Hardi. Elle recrute aussi Zoulikha, responsable de l'attentat de la rue Colonna-d’Ornano. Le 9 avril 1957, elle est capturée par la 4e compagnie du 9e régiment de Zouaves du capitaine Sirvent (cantonnée dans le palais Dar es Souf place Henry-Klein basse Casbah) puis blessée par Yacef Saadi dans la fusillade qui s'ensuit. 

Elle est conduite à l'hôpital Maillot, où l'on constate que la balle a traversé l'épaule sans toucher la clavicule mais en effleurant le poumon. Suzanne Massu lui rend visite à l'hôpital et obtient de son mari le général Massu qu'elle soit interrogée par un officier de son service de renseignement plutôt que transférée dans un centre d'interrogation. Étant porteuse de documents prouvant qu'elle est en contact avec Yacef Saadi, les services spéciaux la torturent pour lui faire avouer où il se cache, mais elle ne livre que des adresses sans importance et des informations déjà révélées par les documents saisis. Mal remise de son interrogatoire, au capitaine Jean Graziani qui lui demande ce qu'elle a fait, elle répond : « Fumier ! » Elle est alors giflée, mais Graziani n'insiste pas et la fait soigner. Le 17 avril, elle est transférée au QG de la division parachutiste du général Massu.

Le 20 avril, elle révèle au capitaine Graziani des caches contenant 13 bombes et des armes. Inculpée pour sa participation aux attentats, elle est avec Djamila Bouazza, condamnée à mort le 15 juillet 1957. Cette condamnation donne lieu à une intense campagne médiatique menée par Jacques Vergès, son avocat et Georges Arnaud. Ils écrivent un manifeste, Pour Djamila Bouhired, publié la même année aux Éditions de Minuit. C'est, avec la Question d'Henri Alleg, l'un des manifestes qui alertent l'opinion publique sur les mauvais traitements et les tortures infligées par l'armée aux combattants algériens. Soutenue par une intense campagne internationale elle est graciée en 1959 par le président Charles de Gaulle, puis libérée en 1962 dans le cadre des accords d'Évian.

Après la guerre

Après sa libération, Djamila Bouhired travaille avec Jacques Vergès — qu'elle épouse en 1965 — sur Révolution africaine, un magazine centré sur les révolutions nationalistes africaines. De son mariage avec Vergès, elle a deux enfants, Meriem et Liess Vergès. Elle obtient le divorce après 1970 après la disparition de celui-ci pendant huit ans, qui a abandonné femme et enfants. Des rumeurs sur son décès ont circulé en novembre 2015. Une prière mortuaire (fatiha) a même été récitée en sa mémoire au Parlement tunisien. Le 1er mars 2019, Djamila Bouhired se joint à une manifestation à Alger, sous les acclamations des manifestants, pour protester contre la nouvelle candidature d'Abdelaziz Bouteflika à l'élection présidentielle d'avril prochain. Le 19 avril 2019, elle participe à une autre manifestation pour rejeter le système en Algérie et exiger le passage à une deuxième république. 

Postérité

Sa vie a été adaptée au cinéma par Youssef Chahine dans le film Djamilah, sorti en 1958. Chahine, pour la rencontrer, se rend en Algérie en pleine guerre d'indépendance, mais n'y parvient pas. Son parcours est aussi évoqué dans la première partie du film L'Avocat de la terreur, consacré à Jacques Vergès. En 2017, elle s'oppose dans une déclaration à tout nouveau film qui lui serait consacré, craignant une instrumentalisation par le pouvoir en place. 

Décorations
  • Première classe de l'ordre du Mérite national d'Algérie.
  • Grand-officier de l'ordre de la République (Tunisie).
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article