Adrian Louis
Louis Auguste Adrian (Metz, 1859 - Paris, Val-de-Grâce, 1933), fut un ingénieur polytechnicien et un intendant militaire français connu pour avoir fait produire le casque Adrian qui équipera les armées françaises dans le courant de la Première Guerre mondiale et au début de la Seconde et le baraquement Adrian, un baraquement militaire démontable.
Louis Auguste Adrian avait dû quitter Metz, dans une charrette de ses parents, lors de l’annexion allemande, en 1871. Pauvre mais élève brillant (il est lauréat du concours général), il est admis à l’école Polytechnique et choisit le Génie. En 1885, il rejoint la chefferie de Cherbourg, et travaille à Saumur, Rennes, Saint-Malo, et à Granville face au Mont-Saint-Michel. En 1907, devenu sous-directeur de l’intendance au ministère de la Guerre, il traque les fraudes et les corruptions, ce qui lui vaut des ennemis sûrs, chez les militaires comme chez les civils. Il s’en lasse, obtient de partir en retraite en mai 1913, mais la guerre arrive et il demande à être réintégré.
Chargé des questions d’habillement, il s’illustre aussitôt à Lille en sauvant 4 000 tonnes de drap au nez et à la barbe des Allemands. Il prend l’initiative, fournit aux soldats des chapes en peau de mouton pour l’hiver, des bottes de tranchées. En août 1915, les tentes venant à manquer, il propose des baraquements démontables, qu’on utilise jusqu’en Afrique, à Salonique et à Corfou. Mais c’est l’hiver 1914 qu’il s’attaque au problème le plus grave. 77 % des blessés parmi les poilus le sont à la tête, et plus de 80 % de ces blessures sont mortelles. En décembre, Adrian a proposé la cervelière, qui se place sous le képi, puis un casque, très léger (700 grammes de tôle d’acier).
Pas cher, et de fabrication simple, 7 millions de casques sont fabriqués dans l’année. Les Belges, les Italiens, les Serbes, les Roumains, et les Russes vont l’adopter. L’effet est spectaculaire : en 1916 on ne compte plus que 22 % de blessures à la tête, et la moitié ne sont pas mortelles. Adrian a sauvé des centaines de milliers d’hommes. Malgré l’acharnement de ses adversaires, il continue, met au point des cuirasses, des lunettes pare-éclats, des tourelles blindées pour aviateurs, étudie l’énergie solaire.
Clemenceau l’appelle, il épate son monde en localisant par triangulation, à partir des impacts des obus tombés sur Paris, dans la forêt de Compiègne, les « canons de Paris (Pariser Kanonen ou Wilhelmgeschutze en allemand, un canon de gros calibre de 210 mm) qui bombardent Paris à partir du 23 mars 1918. Triomphant, mais usé, il se retire en 1920. Il est promu à la dignité de grand officier de la Légion d'honneur le 16 juin 1920. Il mourra en 1933. Sa tombe, à Genêts, dans la Manche, est unique : elle est coiffée d’un casque Adrian de granit.