Albricci Alberico
Alberico Albricci (né le 6 décembre 1864 à Gallarate, dans la province de Varèse, en Lombardie et mort le 2 avril 1936 à Rome)
est un militaire et un homme politique italien de la fin du XIXe et du début du XXe siècle. Fils du comte Antonio Albricci, Alberico Albricci fréquente l'Académie Militaire italienne de Modène
d'où il sort en 1886, sous-lieutenant d'artillerie. Il maîtrise parfaitement les langues allemande et française, ce qui devait orienter sa carrière. En 1888-1889, il participe à la campagne
d'Érythrée.
Entre 1910 et 1915, il exerce les fonctions particulièrement sensibles d'attaché militaire à Vienne (à cette époque, l'Italie était liée à l'Autriche-Hongrie et à l'Allemagne par le traité du 20
mai 1882 dit de la "Triple Alliance").
Le 24 mai 1915, l'Italie entre en guerre contre l'Autriche-Hongrie : dans ce nouveau contexte stratégique, Albricci prend le commandement de la brigade d'infanterie Basilicata, puis devient chef
d'état-major de la 1re armée, commandant de la 5e division d'infanterie et finalement commandant du 2e corps d'armée. Lors du désastre de Caporetto d'octobre/novembre 1917, le général Albricci
parvient à organiser parfaitement la manœuvre de son corps d'armée et à le faire replier dans l'ordre sur la nouvelle ligne de défense de l'armée italienne située sur le fleuve Piave.
En avril 1918, le 2e corps d'armée se trouve au repos dans la région de Brescia, près du lac de Garde, lorsque le général Albricci reçoit l'ordre de l'amener sur le front français. Jusqu'alors,
les seules troupes du Regio Esercito présentes sur le sol français étaient les unités des T.A.I.F. (Truppe Ausiliarie Italiane in Francia), chargées d'effectuer des travaux à proximité du front.
L'enjeu est de taille, puisqu'il s'agit de démontrer que l'armée a atteint un niveau d'excellence et que l'Italie peut être considérée, en dépit du désastre de Caporetto, comme une alliée digne
de confiance. Le général Albricci adresse le message suivant à ses soldats : "Pour la première fois dans l'histoire du monde, les troupes de la nouvelle Italie passent les Alpes à drapeaux
déployés (...), pour combattre, non comme dans le passé au profit d'autres, mais d'égal à égal avec les plus puissantes nations."
Fin avril 1918, le 2e corps d'armée du général Albricci est à Arcis-sur-Aube (Aube). Il se compose de deux divisions d'infanterie et de diverses troupes de corps d'armée. La 3e division,
commandée par le général Vittorio Emanuele Pittaluga, comprend les brigades Napoli (75e et 76e régiments d'infanterie) et Salerno (89e et 90e régiments d'infanterie). La 8e division, commandée
par le général Giovanni Beruto, comprend les brigades Brescia (19e et 20e régiments d'infanterie) et Alpi (51e et 52e régiments d'infanterie).
La brigade Alpi est commandée par le colonel-brigadier Peppino Garibaldi, petit-fils du « héros des deux mondes » Giuseppe Garibaldi (1807-1882), qui s'était déjà battu sur le front français en
1914/1915, avant l'entrée en guerre de l'Italie, à la tête de la "Légion garibaldienne" (4e régiment de marche du 1er régiment de la Légion étrangère). Au total, le 2e corps d'armée compte
environ 60 000 hommes, aguerris par plusieurs années de combats sur le front italien.
Entre le 11 et le 13 juin 1918, le 2e corps d'armée est déployé le long de la rivière Ardre (Marne), intégré dans la 5e armée française. Le général Albricci établit son état-major à Hautvillers.
À partir du 14 juillet, le 2° corps d'armée doit faire face à la dernière grande offensive allemande de la Première Guerre mondiale. Lors des violents combats de Bligny, les troupes italiennes
parviennent à stopper l'offensive au prix de 4.000 morts et 4.000 prisonniers, empêchant l'armée allemande de s'emparer de son objectif sur ce secteur du front, à savoir la ville d'Épernay.
Après une brève période de repos, le 2e corps d'armée est transféré dans l'Aisne, à l'extrémité du Chemin des Dames. Il participe à l'offensive alliée finale, effectuant fin septembre 1918 une
percée près de Chavonne et poursuivant son avancée jusqu'à Rocroi et les rives de la Meuse. Après l'armistice, toujours sous les ordres du général Albricci, le 2e corps d'armée s'établit en
Belgique. Le rapatriement débute le 21 janvier 1919 et se termine le 8 mars.
Avant son départ, le maréchal Pétain adressa au général Albricci la lettre suivante : "Au moment où vous allez
retourner en Italie, je tiens à vous exprimer la satisfaction que j'ai éprouvée à avoir sous mes ordres le 2° C.A. italien. Quand, en avril 1918, le 2° C.A. italien arriva en France, sa
réputation de vaillance était déjà consacrée (...). Je savais que je pouvais beaucoup demander à de pareilles troupes. Elles furent en effet de celles qui, le 15 juillet, contribuèrent à
repousser les assauts furieux de l'ennemi. Elles furent ensuite appelées à reprendre les crêtes fumeuses du chemin des Dames et participèrent ardemment avec les troupes françaises à la poursuite
qui chassa l'ennemi hors de France. Au nom du peuple de France, je les remercie.(...) L'Italie peut être fière du général Albricci."
Après la guerre, en 1919, le général Albricci est nommé sénateur puis, le 24 juin 1919, sous le gouvernement de Francesco Saverio Nitti, ministre de la guerre jusqu'au 13 mars 1920. Dans ce
moment critique de l'histoire italienne, la tâche essentielle d'Albricci consiste à démobiliser l'armée, en évitant les désordres dans ses rangs et dans le pays. C'est lui qui décide la
dissolution définitive des Arditi, les unités d'assaut de l'armée italienne, qui étaient en train de se politiser dangereusement et dont les anciens membres constitueront un des socles du
mouvement fasciste naissant. Albricci œuvre également en faveur de l'amnistie au bénéfice des citoyens italiens qui, résidents à l'étranger, n'avaient pas répondu à l'appel aux armes. Son
successeur au ministère de la guerre sera Ivanoe Bonomi.
Royaliste loyal et dévoué, peu impliqué dans la vie politique, Albricci exerce ses fonctions de sénateur (non inscrit) jusqu'à sa mort en 1936. Il est nommé général d'armée en 1926. Très sensible
au devoir de mémoire, il participe régulièrement aux diverses cérémonies du souvenir des morts du 2e corps d'armée en France au cimetière de Bligny (Marne).
Le général Albricci a été nommé citoyen d'honneur d'Épernay, ville à laquelle il resta très attaché jusqu'à la fin de sa vie. Le 27 juillet 1919, c'est le général Albricci, alors ministre de la
guerre, qui remet à la ville d'Epernay la Croce di Guerra (l'équivalent de la Croix de guerre française)1. À l'occasion de cette cérémonie, il déclare : "Nous aimons votre ville comme un enfant
chéri qu'on a pu arracher à la mort!" De nos jours, des cérémonies sont régulièrement organisées au cimetière de Bligny par les autorités consulaires italiennes.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Alberico_Albricci