Alibert Louis
Louis Alibert (1884 - 1959) (en occitan Loís Alibèrt - graphie classique) est un linguiste français qui a notamment posé les bases de la norme classique de l'occitan. Il est né à Bram dans
l'Aude, en Lauragais, le 12 octobre 1884, dans une famille de paysans où l'on parlait occitan. Il fait des études de pharmacie mais aussi de philologie et d'histoire. En décembre 1912, il épouse
Marie-Louise Latour, qui donne naissance l'année suivante à leur fils unique Henri, mort en 1943 en Allemagne. Il s'installe comme pharmacien à Montréal d'Aude, où il demeure de 1912 à 1942.
Il participe à la Première guerre mondiale, au cours de laquelle il est blessé et décoré, et en conserve une admiration pour le Maréchal Pétain. Après la guerre, il se lance dans la vie politique
locale et se présente sans succès aux élections municipales contre la liste du parti radical-socialiste. Lecteur de Maurice Barrès, il rejoint l’Action française. Il adhère au Félibrige, à
l'Escòla mondina puis à l'Escòla occitana. En 1928 il s'engage résolument dans la vie culturelle languedocienne en devenant secrétaire de la revue Terro d'Oc. Il publie Le lengadoucian literari
(Toulouse 1928), Sèt elegios de Tibul et un article intitué « Poulitico d'abord » dans Terro d'Oc, auquel Pierre Azéma répond par un article « Poulitica Felibrenca ».
En 1929 il commence à collaborer à la revue Òc, par une rubrique, en avril, intitulée « Conversas filologicas ». C'est le début de son œuvre de réforme linguistique : il tente de concilier le
système de Frédéric Mistral, basé sur la phonétique du XIXe siècle et en partie sur les codes graphiques du français, celui d'Estieu et Perbosc, archaïsant, et celui de Pompeu Fabra, adapté au
catalan. En 1930 il fait partie des fondateurs de la Société d'études occitanes dont il devient secrétaire et dont il est la cheville ouvrière. Dans les années suivantes, il transforme Òc en
publication de la SEO.
Il publie entre 1935 et 1937, à Barcelone, son œuvre majeure, la Grammaire occitane selon les parlers languedociens. Au début de la Seconde Guerre mondiale, Louis Alibert a 56 ans et il accueille
avec enthousiasme la Révolution nationale du Maréchal Pétain. Il participe au numéro spécial des Cahiers du sud intitulé « Le génie d'oc et l'homme méditerranéen » et paru en février 1943 avec
deux contributions remarquables de Simone Weil, dans lequel il fait part de ses espoirs d'une politique favorable aux langues régionales du gouvernement de Vichy.
Alibert participe à la fondation de la section de Montréal de la Légion française des combattants, mais en est exclu car il veut en faire une "association de combat et de défense de la Révolution
Nationale". En septembre 1943, il écrit au préfet de Région pour tenter d'obtenir la reconnaissance de la Société d'Études Occitanes et l'attribution d'une charge de cours d'occitan nouvellement
créée à sa demande à la faculté de Montpellier.
À la Libération, un interprète français de la gestapo déclare pendant un de ses interrogatoires que c'est la femme de Louis Alibert, Louise Latour, qui a dénoncé un résistant gaulliste, M. Balby,
ingénieur des Ponts et Chaussées, mort en déportation. « Apparaissant comme un véritable génie du mal et comme douée par surcroit d'une redoutable perversité » elle est « condamnée à dix années
de travaux forcés pour atteinte à la sûreté de l'État », et il est lui-même condamné à cinq ans de prison, sans que l'on sache ce qui lui était précisément reproché ; ils sont en outre condamnés
à l’indignité nationale à vie.
Cette condamnation lui interdit de participer à l'émergence de l'occitanisme de l'après-guerre et de jouer un rôle dans la fondation de l'Institut d'études occitanes (IEO) en 1945, bien que la
création de cet institut marque la consécration de son œuvre linguistique, puisque l'IEO adopte la norme classique, en se basant sur la grammaire d'Alibert de 1935. Louis Alibert meurt à
Montpellier le 16 avril 1959. Il est inhumé à Bram. Un dictionnaire posthume et inachevé, le Dictionnaire occitan-français d'après les parlers languedociens, a été publié en 1966 grâce au travail
de Robert Lafont, Raymond Chabbert et Pierre Bec sur ses manuscrits inédits. Il est d'une qualité inférieure à sa grammaire.