Bernard Jean-Jacques
Jean-Jacques Bernard de son vrai nom Paul Bernard (né le 30 juillet 1888 à Enghien-les-Bains (Val d'Oise) et mort le 14 septembre 1972 à Paris) est un romancier et dramaturge français. Fils de
Tristan Bernard, il est chef de file de l'école du silence ou, comme certains critiques l'appelaient, l'art de l'inexprimé, dans lequel le dialogue n'a pas fait connaître les attitudes des
personnages réels. Jean-Jacques Bernard commence à écrire des pièces avant la Première Guerre mondiale. La jalousie inconsciente est le thème de Le Feu reprend qui reprend mal. En 1911, il se
marie avec Georgette Fray qui lui donne trois enfants : François-René en 1913, Nicolas en 1914 et Anne-Marie en 1919. Il est par ailleurs le frère du cinéaste Raymond Bernard, le neveu par
alliance de Pierre Veber et le cousin de Pierre-Gilles Veber et Serge Veber.
En août 1914, il est mobilisé tout au long de la Première Guerre mondiale, et est affecté à plusieurs
postes sur différents lieux du front. Dans l’entre-deux guerres, il connaît le succès grâce à de nombreuses pièces de théâtre. Le feu qui reprend mal, pièce en trois actes et en prose, est
représentée pour la première fois en 1921 et sera reprise à la Comédie-Française en 1929. Martine est jouée en 1922 au Théâtre de la Chimère avec Marguerite Jamois, puis sera montée dans
plusieurs pays et reconduite à la Comédie Française avec Madeleine Renaud en 1934 et 1939. Le Secret
d’Arvers, pièce en un acte et en prose, paraît en 1926. En 1927, Jean-Jacques Bernard devient secrétaire de la section des Auteurs à la Société universelle du théâtre, qui organise de 1927 à 1938
des congrès, et des saisons internationales de spectacles. En 1930, il est élu à la Commission des auteurs dramatiques. Il est nommé trois fois vice-président entre 1930 et 1940.
Le 12 décembre 1941, lors de la rafle, dite « rafle des notables juifs », 743 juifs ayant presque tous la nationalité française et dont fait partie Jean-Jacques Bernard, sont arrêtés. Il s’agit
entre autres de chefs d’entreprises, commerçants, ingénieurs, médecins, avocats ou universitaires. Ces personnes sont internées dans le camp de Compiègne-Royallieu avec 300 immigrés juifs venant
du camp de Drancy. Dans ce camp, comparable aux camps de concentration allemands, Jean-Jacques
Bernard est le témoin de la mort de nombreux internés. Il est libéré trois mois plus tard, le 13 mars 1942, en raison de son état de santé et échappe ainsi à la déportation. Ses proches ne sont
pas épargnés : son père et sa seconde épouse, arrêtés en septembre 1943 et internés à Drancy
sont libérés dix-sept jours plus tard grâce aux interventions de leurs amis Sacha Guitry et Arletty. Son fils, François-René, ne connaîtra pas la même chance ; il est arrêté en 1944 dans le maquis du Tarn et est
assassiné dans le camp de Mauthausen. Son frère Nicolas est alors résistant dans le
Vercors.
Durant cette période, les pièces de Jean-Jacques Bernard, Marie Stuart, Reine d’Écosse et Louise de la Vallière, interdites en France, sont jouées à Genève en 1942 et 1943. Il est le premier, en
décembre 1944, à publier en France un témoignage sur l’inhumaine condition imposée aux prisonniers, condamnés à mourir de faim, et l’atrocité des camps de concentration. Dans son œuvre, Le Camp
de la mort lente, il aborde aussi la cohabitation dans le camp de Compiègne des israélites français et des juifs étrangers et leurs idées différentes quant aux notions de « Nation juive » ou
encore de « Dieu Juif ». François Mauriac, écrivain et membre de l’Académie française, lui consacrera un
article élogieux et enthousiaste en Une du Figaro. Tristan Bernard, très attristé par la mort de son petit-fils François-René, meurt le 7 décembre 1947. Jean-Jacques Bernard lui dédie un livre
intitulé Mon père Tristan Bernard quelques années plus tard, en 1955. De 1957 à 1959, il est président de la Société des auteurs et compositeurs dramatiques (SACD). Il est également durant une
longue période président du CIFTA, Comité International des Fédérations des Théâtres d’Amateurs de langue française.