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Bion Wilfred

Bion Wilfred Wilfred Ruprecht Bion (1897–1979) est un psychanalyste britannique qui s'est intéressé à la psychose. Il a également été un pionnier de la psychothérapie de groupe et de la psychanalyse groupale. Wilfred Bion nait au Pendjab en 1897. Son enfance se deroule en Inde, puis, à partir de ses huit ans, dans un pensionnat en Angleterre. En 1916, Bion s'engage dans la guerre. Il sera capitaine en 1918. Il apprend la philosophie à l'université d'Oxford. Il entreprend ensuite une carrière médicale et suivra une première psychothérapie psychanalytique. Il est engagé en 1932 comme médecin assistant à la Tavistock Clinic londonienne, où il traitera Samuel Beckett.

En 1937, Bion entame une cure psychanalytique avec John Rickman, membre de la British Psychoanalytical Society (BPS). Bion travaillera avec Rickman sur la notion de groupe et de "leadership", se faisant pionnier de la dynamique de groupe. Il épouse l'actrice Betty Jardine. En 1945, Bion entreprend une psychanalyse avec Melanie Klein, laquelle durera jusqu'en 1953. En 1961, parait le premier livre de Bion, Experiences in Group, London : Tavistock, lequel connaîtra vite un grand succès. Après la mort de Klein, Bion vit en Californie. Il retourne enfin en Angleterre, où il meurt, en 1979, d'une leucémie. Le Tavistock Institute a développé et appliqué la théorie et les pratiques développées par Bion sur la dynamique de groupe après sa mort. Les travaux de Wilfried Bion sont suffisamment originaux et aboutis pour qu'on relie à son nom une théorie particulière de la pensée.

De cette vision globale, il ressort des concepts d'éléments alpha et béta, d'identification projective et d'objet bizarres, ainsi que des approches singulières de concepts préexistant, comme dans le cas de la psychose. Bion reformule ce que l'on peut rapprocher de ce que l'on nommait jusque-là processus primaire (inconscient) et processus secondaire (préconscient et conscient). Il ne distingue pas conscient et inconscient, mais fini et infini, idée déjà avancée par Sigmund Freud dans Analyse avec fin et analyse sans fin' Dans ce cadre, il désigne des niveaux de pensée, ces pensées étant divisées en éléments alpha et béta :

Les éléments alpha sont des impressions sensorielles mises en image, que l'on peut dire assimilées par la psyché, elles sont organisées et réutilisables.
La fonction alpha traite les phénomènes, des impressions sensorielles, au-delà de ce que l'on peut en penser. Cette fonction est liée aux rêves, aux souvenirs, ou encore aux pensées oniriques. Les éléments alpha sont absents de la pensée psychotique.
Les Éléments béta sont des impressions sensorielles non assimilées.

La fonction bêta correspond à la gestion des émotions brutes, qui sont "encaissées" et qui "cherchent à être assimilées". Une trop grande accumulation d'éléments béta provoque une "indigestion mentale", un refoulement de l'apprentissage en raison du trop d'information à traiter. C'est pourquoi, selon lui, le rêve préserve l'individu de l'état psychotique, en permettant de traduire des impressions sensorielles (béta) en images assimilables (alpha). Wilfried Bion approche la notion de personnalité psychotique en postulant que toute personnalité individuelle possède une fraction psychotique, correspondant aux éléments bêta non élaborés. Selon lui, cette fraction est plus ou moins importante selon les individus.

Elle coexiste avec une part non psychotique qui est conservée quel que soit le stade d’envahissement de la psychose, maintenant le lien avec la réalité extérieure. Pour Bion, la psychose se définit par « la capacité de déliaison et d’attaque des liens en particulier au sein de l’activité de penser, expulsant dans l’acte ou dans la réalité extérieure le matériel psychique non intégré ». Bion identifie certains traits dominants de la fraction psychotique, dont l’intolérance à la frustration, la crainte de l’anéantissement, la violence des pulsions destructrices et la lutte menée par ces pulsions contre la réalité, les perceptions sensorielles et la conscience.

Le sujet, tributaire de la violence de ses pulsions dévastatrices, tenterait selon lui, par le biais de l’identification projective, de rejeter les ressentis de déplaisir comme la frustration ou la douleur. Par ailleurs, le mécanisme de projection vers l’extérieur viserait à expulser le contenu de l’appareil psychique et à y empêcher l’établissement de liens, ce qui pourrait avoir une influence directe sur les capacités à penser du sujet. Pour se protéger des réalités qu'il ne peut accepter, le sujet les projette pour s'en protéger, à l'intérieur d'une relation d'objet. Ce statuquo dans l'assimilation se fait au prix d'une déformation de la perception de ces objets, investis de caractéristique projetées. Bion parle d'objets bizarres. Le Moi pourrait alors aller jusqu’à se décomposer, expulsant des parties du Moi clivées dans des objets environnants extérieurs. Ce qui provoquerait chez le sujet une impression d’être entouré d’objets « bizarres » menaçant de l’envahir en retour.

Bion postule également l’existence d’une fonction alpha comme « fonction de liaison symbolique des impressions sensorielles et des ressentis émotionnels très primitifs ». Cette fonction serait assurée par la mère, dans l’idée que celle-ci joue un rôle primordial dans l’établissement de la capacité à penser du nourrisson et du petit enfant. Les ressentis violents du nourrisson, reconnus et recueillis par la mère, transiteraient par son psychisme afin d’y être transformés en éléments alpha, affects moins violents, réintégrables par le nourrisson. Pour ce faire, la mère use de sa « capacité de rêverie ». Une « barrière de contact » se forme peu à peu : elle est constituée d’éléments alpha, séparant les fantasmes et émotions d’origine interne des perceptions de la réalité, et permettant au sujet de passer de l’un à l’autre sans perdre le contact avec l’un d’entre eux.

Si la mère n’est pas apte à être le réceptacle des ressentis violents de l’enfant, les affects pulsionnels et impressions sensorielles non élaborés ne peuvent être transformés en éléments alpha et deviennent des éléments béta, éléments non intégrés, dont le sujet essayera de se défaire par le biais de l’identification projective. L’accumulation d’éléments bêta constitue par la suite « l’écran bêta », caractéristique de la structure psychotique. Toujours selon Bion, c'est lui qui engendre une indistinction entre conscient et inconscient et l’incapacité à créer des liens symboliques, origine des troubles de la pensée.

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