Catelas Jean

Publié le par Roger Cousin

Catelas Jean Jean Catelas (né le 6 mai 1894 à Puisieux (Pas-de-Calais), mort le 24 septembre 1941 à Paris) était une personnalité politique française, membre du Parti communiste. Il a été exécuté en représailles à l'assassinat d'un officier de la Kriegsmarine, l'aspirant Moser, par le colonel Fabien. Jean Catelas est issu d'une famille modeste, septième d'une fratrie de neuf enfants. À douze ans, après avoir obtenu le Certificat d'études primaires, il devint ouvrier bonnetier comme son père. De 1914 à 1918, il participa aux combats de la Grande Guerre dans l'infanterie, obtint plusieurs citations à l'ordre de l'armée et fut grièvement blessé. Il fut décoré de la Croix de guerre 1914-1918 et de la Médaille militaire. En 1919, il entra à la Compagnie des chemins de fer du Nord en tant que garde-frein puis fut promu chef de train en 1924.

Il adhèra au Parti communiste français en 1921, peu après sa création lors de la scission de la SFIO au Congrès de Tours en 1920. Il fut secrétaire du syndicat CGTU des cheminots du Nord de 1922 à 1932. Bon orateur, il fut un ardent propagandiste et après avoir échoué aux élections législatives de 1932, il est élu député de la Somme (première circonscription d'Amiens) en 1936 en tant que candidat unique du Front populaire battant, au second tour, le député-maire d'Amiens, Lucien Lecointe, ancien membre de la S.F.I.O, soutenu par la droite. Il entra au comité central du P.C.F. en 1937.

Au Palais-Bourbon, il fut membre du groupe communiste et se consacra principalement à l'hygiène populaire, à la défense de l'enfance, aux classes moyennes et à toutes les questions ouvrières. Il rédigea plusieurs rapports sur des opérations électorales et demanda, le 5 juin 1936, au nom du Parti communiste - mais sans succès - l'invalidation de Jacques Doriot, député de la Seine qui n'avait obtenu, à Saint-Denis, que 698 suffrages de plus que le candidat communiste Grenier. Il fit partie des commissions: de l'hygiène, de la santé publique, des douanes et conventions commerciales et du commerce et de l'industrie. En 1938, il combattit la « régionalisation » des services des assurances sociales et de demanda le retour à une organisation départementale. Jean Catelas fut, en France, l'un des soutiens les plus actifs aux républicains espagnols. Il joua un rôle important auprès de Maurice Tréand dans l'organisation des Brigades internationales lors de la guerre civile d'Espagne. À cette occasion, il participa aux tractations avec le ministre de l'Air Pierre Cot pour obtenir de l'armement.

Il alla, fréquemment en Espagne, pour se rendre compte sur place - souvent en première ligne - des besoins de l'armée républicaine. À la veille de la Bataille de l'Ebre, Jean Catelas participa, le 14 juillet 1938, parmi les volontaires français de la brigade « La Marseillaise », à la préparation de l'attaque qui fut déclenchée onze jours plus tard. Après la défaite des républicains, il organisa l'accueil de réfugiés républicains espagnols et de leur famille, en France, notamment dans le département de la Somme. Il accueillit à Paris en compagnie de Maurice Thorez, Dolores Ibarruri, la Pasionaria. Au début de la Seconde Guerre mondiale, il défendit le pacte germano-soviétique en 1939 et entra dans la clandestinité, après l'interdiction du Parti communiste le 26 septembre 1939. Déchu de son mandat de député, il est condamné par défaut à cinq ans de prison le 3 avril 1940.

En octobre 1939, Jean Catelas participa à la réorganisation clandestine des syndicats de cheminots d'obédience communiste, dissous en septembre 1939. En juillet 1940 il présida à Clichy une réunion de la direction clandestine du P.C.F. et organisa la mise en œuvre de comités populaires. Il exerça également des responsabilités au quotidien communiste L'Humanité, interdit par le gouvernement et publié clandestinement ainsi qu'à l'hebdomadaire, Le Travailleur de la Somme, lui aussi interdit. Après l'entrée des Allemands dans Paris le 14 juin 1940, il participa, aux côtés de Maurice Tréand, aux négociations visant à faire reparaître L'Humanité, sans succès. Jean Calelas a participé à la délégation malgré ses réticences au départ, dans l'espoir d'obtenir la libération des cadres du parti communiste français, bien qu'étant à titre personnel en désaccord avec cette initiative. Ces hésitations lui valurent d'être l'objet d'une suspicion au sein du parti.

En octobre 1940, il adressa à ses camarades cheminots d'Amiens une lettre pour les inciter à rester groupés dans leur syndicat et à y poursuivre la lutte : « Accrochez-vous, écrivait-il. Restez-y envers et contre tous, pour en refaire contre les traîtres et contre les lâches, votre moyen de défense des revendications et de libération des Français ». Il fut l'un des membres de la direction du Parti communiste clandestin restés à Paris. Toujours actif, il agissait dans l'ombre mais il était surveillé par la police. Jean Catelas était arrêté le 14 mai 1941 à son domicile clandestin d'Asnières avec son gendre Jean Arrachart, à la suite d'une filature. Le lendemain Gabriel Péri fut à son tour appréhendé. Ils sont tous deux incarcérés à la prison de la Santé à Paris. Les charges retenues contre lui concernaient sa « Lettre aux cheminots d'Amiens » par laquelle, en octobre 1940, il les incitait à la lutte « contre les traîtres et les lâches » et pour « la défense des revendications et la libération des Français ».

Le 9 septembre 1941 le gouvernement de Vichy créait le « Tribunal d'État », juridiction d'exception comme les Sections spéciales, pour juger les opposants politiques sous la pression des Allemands qui, à la suite de l'attentat du 21 août 1941 contre l'aspirant Moser, exigèrent de l'État français l'exécution de six communistes. Passant devant le Tribunal d'État, Jean Catelas est condamné à mort le 21 septembre 1941 et guillotiné le 24 à la prison de la Santé. Il fit preuve jusqu'à ses derniers instants d'une fermeté d'âme et d'un courage qui frappa les bourreaux qui rapportèrent que Jean Catelas gravit l'échafaud, dressé dans la cour de la Santé, en chantant La Marseillaise, qu'il jeta lui-même sa tête sous la lame en criant : « Vive la France ». Il avait 47 ans.

Le Préfet de la Somme dans son rapport au Ministre de l'Intérieur fait mention de la vive émotion suscitée par l'exécution de Jean Catelas; il écrit: " Des tracts communistes continuent à être distribués. En particulier, à l'annonce dans la presse que l'ancien député communiste d'Amiens, Jean Catelas avait été condamné à mort par le Tribunal d'État siégeant à Paris, un tract intitulé: "Sauvez Jean Catelas" […] a été distribué à Amiens. Il est à noter que l'exécution de l'ancien député d'Amiens, membre du Comité central du P.C.F., animateur de toute la propagande clandestine jusqu'à son arrestation, a produit une grande émotion dans les milieux ouvriers et en particulier parmi les travailleurs de la SNCF[…]    L'exécution de Jean Catelas condamné par la justice de Vichy, le souvenir de son combat et de son martyre, contribuèrent à renforcer l'action des mouvements de Résistance dans le département de la Somme.

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