Croÿ Isabelle de
Nathalie Isabelle Hedwige Françoise de Croÿ, princesse de Croÿ puis, par son mariage, archiduchesse d’Autriche et duchesse de
Teschen, est née à Dülmen, en Westphalie, le 27 février 1856, et est décédée à Budapest, en Hongrie, le 5 septembre 1931. C’est un membre de la famille impériale austro-hongroise et une
photographe.
Issue de la branche westphalienne de la Maison de Croÿ, la princesse Isabelle est la fille du prince Rodolphe de Croÿ (1823-1902) et de sa première épouse la princesse Nathalie de Ligne
(1835-1863). Le 8 octobre 1878, la princesse Isabelle épouse, au château de l'Hermitage de Condé-sur-l'Escaut, en France, l’archiduc Frédéric d'Autriche (1856-1936), prince de Teschen, lui-même
fils de l’archiduc Charles-Ferdinand d’Autriche (1818-1874) et de son épouse l’archiduchesse Élisabeth d’Autriche (1831-1903).
De ce mariage naissent neuf enfants :
- Marie-Christine d'Autriche-Teschen (1879-1962) (de), archiduchesse d’Autriche, qui épouse, en 1902, le prince Emmanuel de Salm-Salm (1871-1916) ;
- Marie-Anne d'Autriche (1882-1940), archiduchesse d’Autriche, qui épouse, en 1903, le prince Élie de Bourbon-Parme (1880-1959), duc titulaire de Parme ;
- Marie-Henriette d'Autriche-Teschen (en) (1883-1956), archiduchesse d’Autriche, qui épouse, en 1908, le prince Gottfried de Hohenlohe-Waldenburg-Schillingsfürst ;
- Nathalie d’Autriche (1884-1898), archiduchesse d’Autriche ;
- Stéphanie d’Autriche (1886-1890), archiduchesse d’Autriche ;
- Gabrielle d’Autriche (1887-1954), archiduchesse d’Autriche ;
- Isabelle d'Autriche-Teschen (de) (1888-1973), archiduchesse d’Autriche, qui épouse, en 1913, le prince Georges de Bavière (1880-1943) ;
- Marie-Alice d’Autriche (1893-1962), archiduchesse d’Autriche, qui épouse, en 1920, le baron Friedrich Waldbott von Bassenheim (1889-1959) ;
- Albert d’Autriche (1897-1955), archiduc d’Autriche et duc de Teschen, qui épouse d’abord, en 1930, Irène Lelbach (1897-1985), puis, en 1938, Katalin Bocskay de Felsö-Banya (1909-2000) et enfin, en 1951, Geogina Lydia Straucz Dorner.
Sur cette photo, l'archiduc Frédéric et son épouse Isabelle (debout, au deuxième plan) sont accompagnés des archiduchesse Élisabeth (à droite) et Marie-Christine d'Autriche (à gauche) et de la
princesse Marie-Thérèse de Modène (au milieu), respectivement mère, sœur et demi-sœur de Frédéric. Issue de la Maison de Croÿ, médiatisée au début du XIXe siècle, la princesse Isabelle conclut,
en 1878, un mariage prestigieux avec l’archiduc Frédéric d’Autriche-Teschen, membre d’une branche cadette de la Maison de Habsbourg-Lorraine. En 1895, l’archiduc Albert d’Autriche, oncle de
Frédéric et chef de la branche de Teschen, trouve la mort et l’archiduc Frédéric et son épouse héritent de la majeure partie de son immense fortune : d’importantes propriétés situées à
Ungarisch-Altenburg et Presbourg (en Hongrie), à Belleje et Saybusch (en Silésie), à Seelowitz et Friedeck-Freiberg (en Bohème-Moravie) et à Vienne, avec l’Albrechtspalais et ses superbes
collections d’art.
Femme de goût et d’esprit, la princesse Isabelle soutient son époux dans la gestion de ses domaines. Mère d’une famille nombreuse, elle élève avec soin son fils et ses filles, avec l’espoir
qu’ils réaliseront de brillantes alliances matrimoniales, une fois devenus adultes. Comme toutes les aristocrates de son époque, la princesse soutient nombre d’œuvres de bienfaisance. Elle
soutient ainsi le développement économique et social de la Hongrie en y appuyant l’artisanat traditionnel (broderie, crochet) ainsi que l’éducation des enfants et des femmes. Passionnée par la
langue et la culture tsiganes (comme son cousin, l’archiduc Joseph), Isabelle est également une joueuse de tennis reconnue et une photographe talentueuse, dont nombre de clichés ont été exposés
et publiés (en 1904 et 1905, notamment). Certaines de ses œuvres possèdent d’ailleurs aujourd’hui un intérêt ethnographique certain.
En 1898, l’archiduc François-Ferdinand d'Autriche, neveu et héritier de l’empereur François-Joseph, passe plusieurs semaines chez l’archiduchesse et son époux, à Halbturn. Désireuse de faire
entrer ses enfants dans les meilleures familles, Isabelle nourrit l’espoir que l’héritier du trône s’éprenne de l’une de ses filles. Cependant, l’archiduchesse découvre un jour avec stupéfaction
que François-Ferdinand porte sur lui un médaillon qui contient la photo de l’une de ses demoiselles d’honneur, Sophie Chotek, au lieu du portrait de l’une de ses filles. Scandalisée par ce
qu’elle considère comme une relation inégale, l’archiduchesse devient alors l’ennemie jurée du jeune couple et tente par tous les moyens de rendre impossible leur union. Après cet événement,
Isabelle conserve une haine profonde pour les mariages morganatiques. Elle tente ainsi sans succès d’empêcher son propre neveu, le prince Charles de Croÿ, d’épouser, en 1913, la roturière
américaine Nancy Leishman.
En 1914, l’archiduc Frédéric décide de se retirer de l’Armée, suite aux demandes de son épouse qui refuse de le voir passer un jour sous les ordres de François-Ferdinand. Mais, lorsque l’héritier
du trône et son épouse sont assassinés à Sarajevo le 28 juin, Isabelle persuade son époux de rester temporairement à son poste. Pendant plusieurs années, Frédéric sert l’Autriche-Hongrie contre
les forces de l’Entente. Cependant, lorsque l’empereur Charles Ier succède à François-Joseph Ier sur le trône en 1916, celui-ci décide de démettre son oncle de ses fonctions et de le remplacer.
Toujours aussi ambitieuse, Isabelle prend le geste du nouvel empereur pour une insulte personnelle. Elle est par ailleurs choquée que le souverain ne soit pas plus proche de son gendre et de sa
fille, pourtant frère et belle-sœur de l’impératrice Zita.
Le 1er décembre 1918, l’archiduc Frédéric prend définitivement sa retraite de l’Armée. Peu de temps après, l’Autriche-Hongrie s’effondre et les gouvernements des États qui succèdent à l’Empire
exproprient largement les biens de l’ancienne dynastie. La branche de Teschen perd ainsi de nombreuses propriétés nationalisées par la toute nouvelle Tchécoslovaquie. Malgré les difficultés,
Isabelle cherche à profiter de l’éclatement de l’Empire des Habsbourg pour mettre en avant sa progéniture. Après l’échec de la restauration de Charles Ier et de son épouse à Budapest,
l’archiduchesse cherche à placer son fils Albert sur le trône royal de Hongrie. Le projet est un échec, mais l’archiduc conserve, dans le pays, une forte popularité durant toute la régence de
Horthy. L’archiduchesse trouve la mort dans un sanatorium de Budapest le 5 septembre 1931, à l’âge de 75 ans. Son corps est enterré dans la crypte de l’Église Matthias de Budapest.