Paul Demange est un acteur français né Paul, Marie, Hubert Petit Demange le 12 avril 1901 à Mirecourt dans les Vosges et mort le 28 novembre 1983 à Taverny dans le Val-d'Oise.
Titi vosgien à la voix pointue, ce petit bonhomme monté sur ressort s’agita un demi-siècle durant dans plus de 200 films pour le meilleur et pour le pire… Dans les années 30, il se multiplie à l’envi mais ses passages à l’écran sont fugaces, le temps de servir un verre, de faire le pied de grue dans le métro ou de couper les cheveux en quatre (car il sera souvent coiffeur à l’écran !). Heureusement, il apparaît dans quelques classiques : amateur de plaisanteries douteuses, il se fait dérouiller par Jean Gabin dans «La bandera» (1935) avant de trinquer à sa bonne fortune au début de «La belle équipe» (1936) ; créancier dans «Le crime de monsieur Lange» (1935), on le retrouve aussi dans «Gribouille» (1937), «Katia» (1938) ou «Le ciel est à vous» (1943). Les films alimentaires abondent, de «Trois artilleurs à l’Opéra» (1938) du peu glorieux André Chotin à «Faut ce qu’il faut» (1940) de l’oubliable René Pujol. Il y sera greffier, petit employé, passant empressé, gendarme et même clochard dans «Café de Paris» (1938). Son personnage reste souvent anonyme et son nom n’apparaît pas toujours au générique mais ses partenaires sont prestigieux, qu’ils s’appellent Elvire Popesco, Michel Simon ou Victor Boucher. Plus tard, dans «Elena et les hommes» (1956), spectateur à périscope sur le passage du général Boulanger, il aura bien de la chance de croiser Ingrid Bergman.
«Les enfants du paradis» (1945) le met enfin en lumière au centre d’un trio de médiocres dramaturges ridiculisés avec jubilation par Frédérick Lemaître (Pierre Brasseur). Dans «L’école des facteurs» (1947), court métrage où Jacques Tati fait ses gammes, il est irrésistible en instructeur excédé par les facéties de son élève ; malheureusement pour le prestige de sa filmographie, Tati ne lui fera plus jamais signe… Le Frisé, malfrat lanceur de couteau, est vite réduit à l’état de cadavre dissimulé dans «L’armoire volante» (1948) mais on peut vraiment apprécier le comédien, avec perruque et bonnet de nuit, en valet de Jean TissierJean Tissier dans «Gigi» (1948). Inspecteur de police, il arrête Raymond Bussières le temps d’une courte scène de «Quai des orfèvres» (1947) avant de changer de camp : gangster dénommé Minus dans «Impasse des deux anges» (1948), acoquiné au patibulaire Reggie Nalder, il tente d’étrangler Danièle Delorme avant de décharger sa mitraillette sur Paul Meurisse ! Habitant du Paloutchistan dans «Le 84 prend des vacances» (1949), il apparait chez René Clair coiffé d’un turban pour le rôle loufoque de Sultan de Socotora visitant les studios de cinéma dans «Le silence est d’or» (1947). Plus modestement, dans «Les belles de nuit» (1952), le cinéaste le retrouve pour un rôle bref de petit homme. Il joue Luynes dans «La tour de Nesle» (1954) d’Abel Gance et, pondéré pour une fois, Monsieur Thiers sur son perchoir de l’Assemblée Nationale dans «Si Paris nous était conté» (1955) de Sacha Guitry. Dans «Le trésor de Cantenac» (1949), ce gringalet surexcité se mourait d’amour pour la plantureuse Milly Mathis …
Aussi bizarre que cela paraisse, il s’appela Toumignon dans «Clochemerle» (1948) juste avant de devenir une éphémère vedette, le temps de deux longs métrages inspirés des dessins de Dubout : «La rue sans loi» (1950) lui donne le rôle d’Anatole, petit fonctionnaire maltraité par son épouse, l’imposante Fifille (jouée par Max Dalban !) ; les lorgnons sur le nez, il s’affole devant les charmes de Nathalie Nattier avant de récidiver l’année suivante, marié cette fois marié à Jim Gérald, dans «Anatole chéri» (1951). Conservateur barbichu de «Bibi Fricotin» (1951), il se lance dans un loufoque concours de fouilles avec un faux-ministre joué par Yves Robert. Ensuite, les panouilles reviennent en force : fidèle à André Hunebelle, il joue les aubergistes dans «Les 3 mousquetaires» (1953) ou un locataire dérangé en plein shampooing dans «L’impossible monsieur Pipelet» (1955). Ses interventions sont aussi brèves que plaisantes, qu’il soit coiffeur dans «La fête à Henriette» (1952), sans-culotte piaillant pour que l’on exécute au plus vite «Madame du Barry» (1954) ou client difficile du restaurant tenu par Gabin dans «Voici le temps des assassins» (1956).
Fonctionnaire zélé dans bon nombre de films, on le retrouve très logiquement au générique de «Messieurs les ronds-de-cuir» (1959). Autant-Lara, qui l’avait choisi pour jouer Moiletu, le secrétaire de mairie hystérique d’«Occupe-toi d’Amélie» (1949), finit par justifier sa voix haut perchée en le transformant en grand-mère pour «Le magot de Josepha» (1963) ! Alors que la télévision lui propose d’apparaître dans de beaux feuilletons comme «Rocambole» (1965) ou «Le voyageur des siècles» (1971), sa carrière au cinéma se termine piteusement chez Raoul André ou Roland Quignon avec en prime une apparition dans «Vos gueules les mouettes !» (1974) – le plus mauvais Robert Dhéry – sans parler de son dernier film, «Le trouble-fesses» (1976), dont le titre se passe de commentaires… Au cimetière d’Asnières, Paul Demange repose auprès de son épouse Marie-Renée Hablizig, à quelques encablures des tombes d’Alfred Adam et Paul Azaïs, deux autres fameux piliers du cinéma du samedi soir.