Éducation de prince est un film français réalisé par Alexandre Esway, sorti en 1938. Sophie, ex-reine de Silistrie et veuve du roi Bogidar, renversé par l'un des nombreux coups d'État dont son pays est devenu coutumier, vit pauvrement en exil à Paris avec son fils le prince Alexandre dit Sacha Gregorieff, jeune étudiant peu soucieux de son statut d'héritier du trône de Silistrie et participant enthousiaste à toute manif'un peu anarchiste fleurissant dans sa faculté. Il vit également un amour partagé avec sa condisciple Marianne, fille du délicieux Monsieur Honorat, artisan-poète qui fabrique ironiquement des marionnettes sur une péniche fleurie amarrée en bord de Seine.
La reine Sophie, extravagante et hyperactive, a jusqu'alors réussi à survivre à peu près convenablement en couvrant de titres ronflants et d'honneurs virtuels tour à tour son concierge, l'épicier ou le boucher devenus, par les largesses de l'ex-souveraine, comte, baron ou autre dignitaire silistrien, hélas in partibus. Mais la Silistrie intéresse également au premier chef un financier moyennement scrupuleux nommé Chautard dont la fortune dépend de l'exclusivité d'exploitation du pétrole silistrien qui ne lui est régulièrement renouvelée, révolution après révolution, que contre argent sonnant versé au nouveau dictateur du jour. Désireux de mettre fin à cette spirale qui va le ruiner, Chautard va tenter de rétablir en Silistrie une monarchie durable lui coûtant infiniment moins cher.
Il s'adresse alors à l'homme qui peut lui faire rencontrer la souveraine déchue et l'héritier providentiel, le très snob et tout aussi moyennement scrupuleux Cercleux, cynique désabusé expert en bonnes manières et en relations mondaines. Ce personnage, bien moins froid qu'il ne veut le paraître, va prendre en main le jeune Sacha afin de lui donner, du moins le pense-t-il, une Éducation de prince. Après moult péripéties, le doux et charmant Alexandre montera bien sur le trône silistrien au bras de son délicieux symbole républicain devant Cercleux et Chautard couverts de décorations et d'uniformes prestigieux.
Longeant la nef solennelle après le couronnement, Marianne ne peut s'empêcher de demander à Alexandre :
— « Vous croyez vraiment que je serai une reine... convenable ?
— Qu'est-ce que vous savez faire ?répond Sacha.
— Les pull-overs, la cuisine bourgeoise et les équations au troisième degré.
— C'est plus qu'il n'en faut ! » conclut le nouveau roi de Silistrie. (verbatim)
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