Eluard Paul
Eugène Grindel, dit Paul Éluard Poète français (Saint-Denis 1895-Charenton-le-Pont 1952). L'un des principaux membres du surréalisme, Paul Éluard aspira à rénover les techniques du
langage tout en cherchant un moyen d'accéder à l'inconscient. Poète de la Résistance sous l'Occupation, il devint le symbole d'un idéal de liberté et de fraternité. Eugène Grindel, dit Paul
Éluard, est le fils d'un comptable et d'une couturière issus de la petite-bourgeoisie. D'une santé fragile, il fait, de 1911 à 1913, un séjour dans un sanatorium en Suisse. Il y rencontre une
étudiante russe, Helena Dimitrovnie Diakonova, dite Gala (1894-1982), qu'il épousera en 1917. Dès 1914, il est mobilisé comme infirmier, puis volontaire pour le front. Sa sensibilité restera
meurtrie par l'épreuve des tranchées.
Dès la fin de la guerre, il rencontre Louis Aragon, André Breton, Philippe Soupault et devient un membre actif du groupe surréaliste. Il trouve une réponse à sa révolte horrifiée en participant
au mouvement dada (les Animaux et leurs hommes, 1920 ; les Nécessités de la vie et les Conséquences du rêve, 1921). Plus que Breton, Max Ernst, rencontré en 1921, est l'ami du couple Éluard et
les premières écritures à quatre mains ont lieu avec lui. Les Malheurs des immortels (1922) établissent de secrètes correspondances entre les dessins du peintre et les courtes proses du poète. En
1924, à la suite de graves difficultés familiale et conjugale, Éluard traverse une crise profonde. La même année, il dédie à Breton Mourir de ne pas mourir, qu'il présente comme son adieu à
l'écriture. Le poète s'éloigne alors et entreprend seul un long voyage de sept mois – qu'il qualifiera d'« idiot » –, qui le mène en Océanie.
À son retour à la fin de l'année 1924, Éluard reprend sa place dans le groupe surréaliste et la direction de sa revue Proverbe, créée en 1920. Le proverbe est pour lui « un langage charmant,
véritable, de commun échange entre tous », qui lui inspire un recueil écrit avec Benjamin Péret : 152 proverbes mis au goût du jour (1926). Cette même année, il adhère au Parti communiste et
publie le recueil qui l'établit comme poète important, Capitale de la douleur. Il travaille à une anthologie de poèmes français, qu'il ne fera paraître qu'en 1951 (Anthologie de la poésie du
passé). En 1929, il publie l'Amour la poésie et, en 1930, en collaboration avec Breton et René Char, Ralentir travaux. C'est à cette époque que sa femme Gala le quitte pour Salvador Dalí. La Vie
immédiate (1932) et la Rose publique (1934) continuent d'alimenter la participation d'Éluard au groupe surréaliste.
Progressivement, Éluard abandonne l'écriture automatique chère à Breton. Malgré son exclusion du Parti communiste en 1933, il continue de militer dans des organisations de gauche. En 1934, il
épouse Nusch (1906-1946), rencontrée quatre ans plus tôt, qui devient sa nouvelle égérie. Sensible à l'art plastique, il transpose dans ses poèmes le langage des peintres (les Yeux fertiles, en
1936, témoignent de son amitié naissante avec Picasso). En 1938, le Front populaire et la guerre civile d'Espagne ayant aggravé les désaccords entre Breton et Éluard, c'est la rupture entre les
deux hommes. À partir de 1940, la vie du poète se confond avec celle de la Résistance : dans la clandestinité, il anime le Comité national des écrivains en zone nord ; en 1942, il renoue avec le
Parti communiste et publie Poésie et Vérité (où figure le fameux poème « Liberté ») ; en 1943, il collabore à l'Honneur des poètes et, en 1944, il rassemble ses poèmes militants dans Au
rendez-vous allemand.
La guerre terminée, Éluard publie Poésie ininterrompue (1946), où transparaît l'enthousiasme né de la Libération. Malheureusement, quelques mois plus tard, il perd brutalement Nusch (Le temps
déborde, 1947). Désespéré, pensant au suicide, il tente de fuir sa détresse et voyage à travers l'Europe (Italie, Yougoslavie, Pologne, URSS, Grèce). À l'équipe surréaliste, il préfère désormais
la solidarité avec le genre humain (Poèmes politiques, 1948 ; Une leçon de morale, 1949). Son écriture s'ouvre davantage aux thèmes sociaux et universels, sans renoncer pour autant aux exigences
formelles. L'existence se poursuit ainsi jusqu'au troisième cycle, celui de Dominique (1914-2000), rencontrée en 1949, dont Éluard fait sa dernière épouse et auprès de laquelle il retrouve la
joie de vivre (Pouvoir tout dire et le Phénix, 1951). Il meurt trois ans plus tard, emporté par une angine de poitrine, laissant une œuvre dominée par le thème de l'amour, où la femme apparaît
comme la médiatrice indispensable entre le poète et le monde.
Les principales oeuvres de Paul Eluard
- 1917 le Devoir et l'inquiétude.
- 1918 Poèmes pour la paix.
- 1920 les Animaux et leurs hommes. Les hommes et leurs animaux.
- 1924 Mourir de ne pas mourir.
- 1926 Capitale de la douleur.
- 1928 Défense de savoir.
- 1929 l'Amour, la poésie.
- 1932 la Vie immédiate.
- 1934 la Rose publique.
- 1935 Nuits partagées.