Hans Frank est un homme politique allemand, membre du parti nazi et ministre du Troisième Reich, né le 23 mai 1900 à Karlsruhe et mort exécuté le 16 octobre 1946 à Nuremberg. Il a été Reichsleiter du parti nazi et le gouverneur général de Pologne. Surnommé le « Bourreau de la Pologne », il est condamné à la peine de mort lors du procès de Nuremberg pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité puis pendu.
Hans Frank est le fils de Karl Frank (1869 - 1945), juriste, et de Magdalena Buchmaier. Il avait un frère aîné, Karl Frank junior, marié à Amanda Berta Böhmer, mort en 1916 lors de la Grande guerre et une sœur plus jeune, Elisabeth Lilly Frank, plus tard mariée avec le Dr Walter Scheltze. En 1919, il est encore étudiant à Munich lorsqu'il adhère à un groupement d'extrême droite antisémite (la Société Thulé) et milite dans un groupe paramilitaire, antirépublicain (le Freikorps Epp). Il participe à l'écrasement de la République des conseils de Munich au printemps 1919. En 1923, il devient membre du Parti national-socialiste des travailleurs allemands (NSDAP), présenté par Dietrich Eckart, et participe à la tentative de putsch de Hitler à Munich dans les rangs des Sturmabteilungen (SA).
Docteur en droit et avocat, il prête son concours à de nombreux « camarades » du parti nazi pendant la République de Weimar dans plus de 2 400 procès contre des militants nazis entre 1924 et 1933. Il représente les intérêts d'Hitler dans une quarantaine d'affaires, ce qui lui permet d'avoir un lien direct avec celui-ci. Son statut d'avocat lui permet aussi d'organiser, à partir de 1928, l'association des juristes nationaux-socialistes, qui dispose rapidement d'un journal périodique mensuel, le Droit Allemand, qui œuvre à la « propagation d'un renouveau juridique völkisch national-socialiste ». De plus, il accomplit des recherches pour retracer l'arbre généalogique « aryen » de Hitler.
En 1933, il devient ministre de la justice en Bavière et, en 1934, ministre du Reich sans portefeuille – dépourvu d'influence politique notable jusqu'en 1939. En 1934, Il est nommé commissaire du Reich pour l’harmonisation de la justice et le renouvellement du droit, c'est-à-dire qu'il est chargé de la nazification du droit allemand. Il fonde en 1934 l'Académie de droit allemand ; il se propose de transformer le juge en gardien de la Volksgemeinschaft, la communauté du peuple : en effet, le juge est défini comme le garant de l'ordre social et racial du IIIe Reich, de même qu'il arbitre les différends opposant les Volksgenosse, camarades au sein du Volk.
Juriste, il défend, sans succès, malgré le soutien de Hitler, la stérilisation des criminels multirécidivistes, contre l'avis du ministre de la justice, Franz Gürtner. Hans Frank est alors connu pour son caractère despotique et lunatique passant de la grande sentimentalité à la brutalité extrême. En sa qualité d'homme du parti, il peut, s'il le faut, parler le langage de la rue au peuple. Dès 1933, il est partisan de l'Anschluss et de la formation d'un axe avec l'Italie.
En octobre 1939, il est nommé gouverneur général des provinces polonaises occupées, poste dans lequel il dépend directement de Hitler. Corrompu, il s'installe avec une suite nombreuse dans le château de Wawel, à Cracovie, qu'il s'est approprié, et où il vit dans le luxe. Hans Frank poursuit trois objectifs majeurs : l'extermination des Juifs, l'élimination des élites polonaises et le pillage économique du pays au profit de l'industrie allemande. Il pille ainsi le patrimoine polonais pour meubler et décorer ses résidences. Il doit aussi lutter contre Himmler pour ne pas être dépouillé de son pouvoir. En effet, ce dernier, suivant le plan d'Heydrich, décide dès l'automne 1939 de la déportation de Juifs — en provenance des territoires polonais incorporés au Reich — vers le Gouvernement général, soit 600 000 nouveaux Juifs qui viennent s'ajouter aux 1,4 million vivant déjà l'autorité de Frank. Hans Frank voudrait lui expulser tous les juifs du Gouvernement général.
En 1940, il est responsable de l'assassinat de plusieurs milliers de Polonais. Il fait fermer les universités polonaises, interdit la vie culturelle, pourchasse les résistants, fait déporter des centaines de milliers de Polonais. Dans le même temps, il introduit des mesures anti-juives, aboutissant, dans une première étape, à la création de ghettos, notamment celui de Varsovie. Le 19 avril 1940, Stepan Bandera et les nationalistes ukrainiens du OUN(B) déclarent leur loyauté au IIIe Reich devant lui et en gage de leur bonne foi, offrent 38 cloches d'église aux fonderies allemandes. Si Frank suit initialement le mouvement imposé par Himmler et Heydrich, il proteste rapidement, dès janvier 1940, contre l'« invasion » forcée dont il se dit la victime. En effet, il ne sait que faire des Juifs qui arrivent sur son territoire. Hitler lui donne raison. Il parvient ainsi à faire cesser cette première déportation en attendant une meilleure « prise en charge » de la question juive. Au printemps 1941, Hitler lui promet que le Gouvernement général sera le premier à être vidé de juifs, "judenfrei", après la victoire sur l'URSS.
En octobre 1941, Frank préside toute une série de réunions avec les responsables locaux pour étudier les différents moyens de se débarrasser des Juifs du Gouvernement général. Une solution envisagée est la déportation des Juifs en URSS. Mais Alfred Rosenberg, responsable des territoires occupés en URSS refuse énergiquement. Certains collaborateurs de Frank proposent de laisser mourir de faim les habitants des ghettos. Le 16 décembre, de retour de Berlin, Frank convoque les gouverneurs de district et les chefs de division et déclare : « Nous devons en finir avec les Juifs [...] nous devons détruire les Juifs, partout où nous les rencontrons et partout où c'est possible, pour préserver la structure entière du Reich ». Finalement, en décembre 1941, les SS expérimentent près de Lublin le gazage des individus. Le Gouvernement général de Pologne, destiné à devenir après la guerre une terre de colonisation germanique, est transformé durant le conflit en un vaste réservoir de main-d'œuvre pour l'industrie de guerre du Reich. C'est là que quatre des six camps d'extermination du système concentrationnaire nazi sont mis en place : Majdanek, Treblinka, Sobibor et Belzec. Auschwitz-Birkenau et Chełmno sont construits, eux, un peu plus à l'ouest, dans les Gaue de Haute Silésie et du Wartheland, c'est-à-dire en Pologne annexée par le Troisième Reich.
Antisémite et partisan de la solution finale, Hans Frank se trouve pourtant isolé à partir de 1942, à la suite de sa rivalité avec Himmler. Il tombe en disgrâce auprès de Hitler qui le démet de toutes ses fonctions au sein du parti, mais le maintient néanmoins à la tête du Gouvernement général en dépit de la volonté exprimée de Frank de démissionner. Au fil du conflit, se réfugiant de plus en plus dans la religion, il tente de se rapprocher des églises polonaises ; les discours qu'il prononce alors témoignent de ce changement d'attitude : ainsi, le 11 mai 1944, il reçoit l'archevêque de l'église orthodoxe autocéphale d'Ukraine et du Gouvernement général et place cette église sous la protection du Reich, ce dans un discours où, par ailleurs, il assimile Staline à une incarnation du diable. Puis, le 21 juillet 1944, il invoque Dieu comme acteur de l'échec de l'attentat contre Hitler ; enfin, en novembre 1944, recevant des paysans polonais, il dénonce le bolchevisme « placé sous le commandement de Juda ».
Après le 20 juillet 1944, ayant à nouveau fait allégeance à Hitler et maintenu dans ses fonctions, il est responsable de l'application du décret du 27 juillet 1944 relatif à l'érection de fortifications à l'Est du Reich. Comme les Gauleiter des Gaue orientaux, il en est informé le lendemain par Guderian. Pour appliquer ce décret dans les territoires placés sous son ressort, il fait largement appel à des Polonais, astreints au travail forcé, nourris par la prédation des stocks de nourriture des régions du Gouvernement général encore contrôlées par le Reich. Au cours de l'été 1944, alors que le front de l'Est se rapprochait, Frank invita au Wawel un groupe d'intellectuels de Cracovie pour tenter de les convaincre que la résistance polonaise ne devait plus se battre contre les troupes allemandes : les Polonais devaient au contraire, s’allier aux Allemands dans la « lutte contre le bolchevisme ». Le Krakauer Zeitung, publié à l’usage des occupants, fit un gros titre sur cette proposition de Frank qui, cependant, ne reçut aucun soutien des chefs SS et fut de même ignorée par l'AK, l’armée clandestine polonaise. Le 17 janvier 1945, il abandonne Cracovie où il était installé depuis le début du conflit, pour s'installer dans le château de Seichau, en Silésie, château qu'il est également contraint d'abandonner une semaine plus tard, le 23 janvier, après une dispendieuse soirée d'adieux. Emportant le fruit de ses rapines, il se rend ensuite dans les Alpes bavaroises.
En mai 1945, Frank est arrêté par les Alliés et tente vainement de se suicider. Dans sa cellule, en attente du jugement, il rédige ses Mémoires qu'il intitule Im Angesicht des Galgens (littéralement, « Face à la potence ») et où il déclare notamment avoir découvert qu'Hitler avait des origines juives. Il est finalement condamné à mort pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité. Il est le seul condamné à faire acte public de repentir. Il est pendu le 16 octobre 1946. Son journal de service en 42 volumes, dont l'original se trouve à Varsovie, constitue une source historique importante.
Hans Frank se marie le 2 avril 1925 avec Maria Brigitte Herbst (29 décembre 1895 - 9 mars 1959) après l'avoir rencontrée fin 1924 à Munich. Ils ont ensuite cinq enfants : Sigrid (13 mars 1927), Norman (3 juin 1928), Brigitte (13 janvier 1935), Michael (15 février 1937) et Niklas (9 mars 1939), tous nés à Munich. Son dernier fils, Niklas Frank, qui avait sept ans au moment de l'exécution de son père, condamnera fermement ses agissements. Journaliste, il publie en 1987 un livre intitulé Der Vater. Eine Abrechnung (« Le Père – Un règlement de comptes »), aboutissement de plusieurs décennies de recherche sur la vie et la personnalité de son père.
Dans son roman Kaputt, Curzio Malaparte revient longuement sur la personnalité de Frank. Il écrit notamment : « Le malaise que je ressentais toujours en sa présence venait précisément de l'extrême complexité de sa nature, singulier mélange d'intelligence cruelle, de finesse et de vulgarité, de cynisme brutal et de sensibilité raffinée ».