Gavini Jacques

Publié le par Mémoires de Guerre

Jacques Gavini, né le 25 décembre 1889 à Bastia, est issu d'une longue lignée de parlementaires qui marque de son empreinte l'histoire politique de la Corse depuis la, moitié du XIXe siècle : son père, Sébastien Gavini, est député de la Corse de 1893 à 1898 ; son oncle, l'est de 1889 à 1898 et de 1903 à 1910, devient sénateur de 1912 à 1920, puis retrouve la Chambre des députés de 1919 à 1924; son grand-père, Sampiere Gavini, est député de la Corse de 1863 à 1869 ; son grand-oncle, Denis Gavini, est député à l'Assemblée constituante en 1849, puis siège à la Chambre des députés de 1876 à 1885.

Gavini Jacques

Malgré cette ascendance parlementaire impressionnante, Jacques Gavini ne place pas la première partie de sa carrière sous le signe de l'action publique : sorti en 1914 des rangs de l'Ecole centrale des Arts et Manufactures, il met ses talents d'ingénieur au service de l'artillerie ; durant cinq ans il fait la guerre en France, en Russie et en Orient, et la termine avec les galons de capitaine, plusieurs fois cité, décoré de la rosette de la Légion d'honneur. Démobilisé en 1919, Jacques Gavini entame alors une carrière d'ingénieur et d'entrepreneur dans le secteur énergétique : son ascension la plus remarquable s'effectue au sein de la Compagnie des Compteurs, qu'il intègre en 1925, et dont il devient le directeur commercial, puis, en 1937, directeur-général. Lorsque survient la seconde guerre mondiale, il est rappelé aux armées comme chef d'escadron d'artillerie ; il combat alors en Alsace, dans les Vosges, où le courage de sa conduite courageuse, saluée par une nouvelle citation, est impuissante face au déferlement de l'ennemi : Jacques Gavini est fait prisonnier, et conduit dans un camp, en Poméranie orientale, dont il est libéré en 1941, avec les anciens combattants de la première guerre mondiale.

La désorganisation du système politique corse au lendemain de la Libération est telle que le seul nom de Gavini peut apparaître comme un recours ; et Jacques Gavini, même s'il a quitté la Corse, a pris soin de ne pas rompre les liens avec les siens, multipliant les voyages à Bastia et surtout à Campile, le berceau familial, dont il s'est fait élire conseiller général depuis 1926. Cédant aux insistances de ceux qui souhaitent la renaissance du parti Gavani, Jacques Gavini se présente en octobre 1945 aux élections destinées à former la première Assemblée nationale constituante : il est élu, seul de sa « liste de défense républicaine et sociale », avec 16 300 voix sur 96 257 suffrages exprimés, et accède à l'un des quatre sièges à pourvoir ; en juin 1946, il est réélu dans la seconde Assemblée nationale constituante, avec 19 905 voix sur 97 405 suffrages exprimés. Durant ces deux premiers mandats, il est, à l'Assemblée, membre de la Commission de l'équipement national et de la production, et intervient surtout sur des points relatifs à sa circonscription, la Corse, et à sa spécialité, les affaires énergétiques. Il vote contre la nationalisation du crédit (2 décembre 1945), contre le projet de Constitution qui sera rejeté par le référendum du 5 mai 1946 (19 avril 1946) et contre le second projet de Constitution (28 septembre 1946).

Jacques Gavini est de nouveau élu en novembre 1946, puisque 18 129 voix sur 88 152 suffrages exprimés, se portent sur la « liste de défense républicaine et sociale » qu'il conduit ; il siège à l'Assemblée durant la première législature, sous l'étiquette Républicain indépendant. Il vote l'investiture de Léon Blum (17 décembre 1946), puis de Paul Ramadier (4 mai 1947) ; il approuve le texte du Gouvernement sur les écoles privées des houillères nationalisées (14 mai 1948), vote pour le projet de loi relatif à la ratification de l'accord bilatéral de coopération économique (plan Marshall « , 7 juillet 1948), pour le projet de loi relatif à la constitution du Conseil de l'Europe (9 juillet 1949), pour la ratification du pacte de l'Atlantique (26 juillet 1949) et pour la réforme électorale instituant le régime des apparentements (7 mai 1951).

En 1951, la réélection de Jacques Gavini se présente sous des augures moins favorables, si bien qu'il est contraint de procéder à un apparentement avec la liste du Rassemblement des Gauches Républicaines (RGR), conduite par le maire de Bastia, Jacques Faggianelli, pour sauver son siège. La liste conduite par Jacques Gavini au nom des Républicains indépendants obtient 15 347 voix sur 149 234 suffrages exprimés, celle conduite par Jacques Faggianelli 25 551 voix ; le jeu des apparentements permet à chacun d'eux d'accéder à l'un des quatre sièges à pourvoir. Jacques Gavini ne prend pas part au vote de la loi Barangé-Marie (21 septembre 1951), vote pour la CECA (13 décembre 1951), soutient Antoine Pinay (6 mars 1952), puis Joseph Laniel (26 juin 1953), mais s'abstient volontairement lors du vote de la confiance à Pierre Mendès-France (17 juin 1954) ; il s'oppose à la question préalable de MM. Aumeran et Herriot, dont l'adoption aboutit au rejet du traité instituant la Communauté Européenne de Défense (30 août 1954) ; enfin, il soutient Edgar Faure lorsque celui-ci accède à la présidence du Conseil (23 février 2955), mais s'abstient volontairement lors du scrutin sur la date des élections législatives et leur régime électoral (29 novembre 1955), mais s'abstient volontairement lors du scrutin sur la date des élections législatives et leur régime électoral (29 novembre 1955) qui entraîne la chute du cabinet Faure, puis la dissolution de l'Assemblée.

Mais durant cette législature, l'action politique de Jacques Gavini privilégie nettement les questions maritimes ; membre, puis vice-président, le 5 février 1948 de la Commission de la marine marchande et des pêches, il est nommé, dans le cabinet Pleven du 11 août 1951, secrétaire d'Etat à la marine. Il conserve ses fonctions jusqu'à l'avènement du ministère Mendès-France, le 19 juin 1954, traversant les cabinets Pleven, Faure, Pinay, Mayer, Laniel, et offrant ainsi un exemple remarquable de continuité dans l'action ministérielle durant la quatrième République. Lorsqu'il quitte la rue Royale, Jacques Gavini ne se détourne pas de son intérêt pour les questions maritimes ; il accède presque aussitôt, en juillet 1954, à la présidence de l'Association des Grands Ports français, où il remplace René Coty, et se fait élire peu après membre de l'Académie de Marine.

Pour retrouver, en 1956, son siège à l'Assemblée, Jacques Gavini est de nouveau contraint de conclure un apparentement entre la liste du Centre National des Indépendants et Paysans (CNIP) qu'il conduit, la liste des Républicains Sociaux, emmenée par le député sortant Antoine Serafini, et la liste de Parti Républicain Radical et Radical Socialiste, conduite par Jacques Faggianelli. Sur 90 160 suffrages exprimés, la liste de Gavini obtient 18 290 voix, celle de Serafini 10 548 voix, et celle Faggianelli, 36 864 voix ; sur ces trois députés sortant, seul Jacques Gavini et Jacques Faggianelli retrouvent alors leur siège.

Jacques Gavini retrouve sa place au sein de la Commission de la marine marchande et des pêches, mais restreint très notablement son activité parlementaire ; il ne dépose que deux textes, dont une proposition de résolution, le 7 novembre 1957, destinée à indemniser les victimes des incendies de l'été 1957, en Corse, et n'intervient qu'à une seule occasion, le 3 juillet 1957, lors de la discussion du projet de loi traitant ratification des traités instituant la CEE et l'Euratom. Refusant sa confiance à Pierre Pflimlin (13 mai 1958), Jacques Gavini l'accorde à Charles de Gaulle (1er juin), et vote les pleins pouvoirs (2 juin). Sous la Ve République, aux élections de novembre 1958, Jacques Gavini est réélu député de la 2e circonscription de la Corse (Bastia).

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