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Comte Alexeï Alexeïevitch Ignatiev né le 14 mars 1877 à Saint-Petersbourg, décédé le 20 novembre 1954 à Moscou. Major-général
et attaché militaire sous l'Empire russe, lieutenant-général et écrivain sous le régime soviétique. Fils aîné du comte Alexeï Pavlovitch Ignatiev et de son épouse la princesse Sofia Sergueïevna
Merchchterskaïa (1850-1944). Le comte Alexeï Alexeïevitch Ignatiev épousa Ielena Vladimirovna Okhtnikovova (1888-1975) dont il divorcera en 1914. En 1918, il épousa la ballerine Natalia
Vladimirovna Troukhanova (1855-1956).
Le comte Alexeï Alexeïevitch Ignatiev naquit le 13 mars 1877, il était issu d'une famille de la noblesse russe, il eut pour ascendant Fiodor Akinfovitch Biakont Il fut l'héritier d'une grande
famille de militaires couvrant plusieurs générations. Son père, le comte Alexeï Pavlovitch Ignatiev fut général d'infanterie et adjoint au ministre de l'Intérieur de la Russie impériale. Son
grand-père, le comte Pavel Nikolaïevitch fut également un général d'infanterie, après les Guerres napoléoniennes auxquelles il participa, il occupa le poste de gouverneur général de
Saint-Petersbourg. Son oncle, Nikolaï Pavlovitch fut général d'infanterie et diplomate sous le règne de Nicolas II de Russie. Son frère, Pavel Alexeïevitch fut colonel et occupa le poste de chef
des bureaux inter-alliés en France.
Comme chaque membre masculin de la famille Ignatiev, le jeune Alexeï Alexeïevitch fut destiné à une carrière militaire. Âgé de 17 ans (1894), diplômé du Corps des Cadets Vladimir de Kiev, il fit
son entrée au Corps des Pages de Saint-Petersbourg, école militaire d'élite où furent inscrits jadis son père et son grand-père. En 1896, après l'obtention de son diplôme, promu cornette, il
reçut son affectation pour servir dans un Corps de cavalerie. En 1900, il fut élevé au grade de lieutenant. En 1902, il fut diplômé de l'Académie de l'état-major général et obtint une nouvelle
promotion, capitaine. De 1902 à 1903, il fut affecté dans une école d'officier de cavalerie afin d'étudier la technique de combat. De 1903 à 1904, il commanda un escadron du Régiment de lanciers
de la Garde de Sa Majesté l'Impératrice Alexandra Fiodorovna.
Le capitaine Ignatiev fut engagé dans le conflit opposant l'Empire russe à l'Empire du Japon. De février 1905 à août 1905, dans les rangs de l'Armée de Mandchourie, il servit en qualité
d'adjudant-adjoint (à partir de décembre 1905 comme capitaine-adjudant) quartier-maître général. Entre novembre 1904 et mai 1905, il fut affecté dans l'Armée d'Extrême-Orient où il servit en
qualité d'officier supérieur à l'état-major de l'armée russe. De août à décembre 1905, il fut affecté à l'état-major de l'Armée de Mandchourie.
En 1908, le comte Ignatiev séjourna au Danemark, en Suède et en Norvège en qualité d'attaché militaire de la Russie impériale en Europe occidentale. De 1912 à 1917, il occupa les fonctions
d'attaché militaire en France et dans le même temps il représenta l'armée russe au quartier général de l'Armée française. Nicolas II de Russie lui confia la tâche de renforcer la collaboration
entre l'armée française et l'Armée impériale de Russie. Au cours de la Première Guerre mondiale, le comte Ignatiev signa des contrats militaires avec la France, il acheta des armes et du matériel
de guerre et les expédia vers la Russie. Au cours de cette période l'un de ses assistants fut Mikhaïl Mikhaïlovitch Kostevich (1877-1957) / (officier d'artillerie, expert en explosifs). Au cours
de la Première Guerre mondiale, afin de permettre au comte Ignatiev de régler les achats de matériels militaires destinés à l'Armée impériale russe, en septembre 1917, sur l'ordre de Nicolas II
de Russie, Alexeï Alexeïevitch administra seul des fonds appartenant à l'Empire russe, ceux-ci furent détenus à la Banque de France, son montant s'élevait à 225 millions de roubles-or.
En 1914, le comte Ignatiev fut intéressé par l'achat d'obus destinés au canons de 75 mm (dont le principal concepteur fut Joseph-Albert Deport) destinés à l'artillerie russe, mais, il se heurta
aux militaires français « Trop de travail pour les petits ateliers » écrivit le comte Ignatiev. Au cours de son séjour en France, responsable du haut commandement russe en France, à cette même
époque, il fut le témoin du désordre régnant dans l'industrie militaire française, en outre, il constata l'existence de pots de vin entre les fonctionnaires et les chefs d'entreprise. En 1915, le
général Louis Baquet occupant à cette époque le poste d'adjoint au sous-secrétaire d'État de l'Artillerie et des Munitions suggèra au comte Ignatiev de s'adresser à André Citroën. Selon le
témoignage du major-général Ignatiev, les deux hommes se rencontrèrent au début de l'année 1915. L'industriel français s'adressant au comte lui proposa de construire une usine pour la
construction d'obus Shrapnel destiné au canon de 75mm. « Aujourd'hui, nous sommes le 10 mars (1915), le 1er août l'usine sera construite, l'exécution de toutes les commandes devront être remplies
pour le 1er août 1916. 60 francs l'obus payable à l'avance »
Après les évènements de février 1917, le colonel Ignatiev fut suspendu de ses fonctions d'attaché militaire, mais demeura en France. Après les journées de juillet 1917, Alexandre Fiodorovitch
Kerenski le promut major-général et le rétablit dans ses fonctions, Alexeï Alexeïevitch continua donc à représenter les intérêts militaires de la Russie en France. Après la Révolution d'Octobre,
le comte Ignatiev n'apporta aucun soutien au gouvernement soviétique. Les Alliés de la Russie impériale lors de la Première Guerre mondiale tentèrent d'obtenir du comte Ignatiev le versement des
sommes restantes déposées sur plusieurs comptes bancaires. Le major-général s'empressa de retirer les sommes et les fit transférer sur son compte. (Selon certaines sources, en 1917, Alexeï
Alexeïevitch Ignatiev posséda sur son compte personnel de 225 millions de francs (évalué en 2010 à 2 milliards de dollars). Malgré cette très importante somme d'argent, le comte et son épouse
vécurent humblement.
Une partie des fonds destinés à acheter du matériel militaire pour l'Empire russe fut versée aux Russes exilés en France, afin de subvenir à leurs besoins et en en qualité de « représentants
légitimes de la Russie ». le comte leur versa de l'argent. En 1924, le comte Ignatiev rencontra à Paris Leonid Borisovitch Krasin. Lors de cette entrevue, le major-général remit la totalité de la
somme d'argent au commissaire du peuple pour le commerce extérieur de la RSFSR. Alexeï Alexeïevitch fut soumis à une critique sévère de la part des milieux de l'émigration russe, les exilés le
qualifièrent de traître et le désavouèrent. Il fut rayé des listes des anciens élèves du Corps des Pages et des officiers de la cavalerie de l'Armée impériale de Russie. Sa mère, le désavoua et
lui interdit même l'entrée de son domicile, en outre, elle le pria de ne pas assister à ses obsèques. Son frère, le comte Pavel Alexeïevitch Ignatiev (1878-?) tenta de le tuer. Le baron Carl Gustaf Emil Mannerheim qui fréquenta à la même époque l'Académie de l'état-major général rompit tous
liens d'amités avec le comte.
En 1937, le major-général s'installa en Union soviétique avec sa seconde épouse, auparavant, il occupa les fonctions de représentant commercial soviétique à Paris. A son arrivée en Russie, il
servit dans l'Armée rouge où il enseigna les langues étrangères aux officiers, il en fut également le rédacteur en chef. La même année, il fut nommé au poste de directeur des langues étrangères
de l'Académie militaire médicale de Kirov. En 1942, le poste de rédacteur en chef du Département de littérature de publications historiques et militaires du Commissariat du peuple à la Défense de
l'URSS lui fut confié. Lors de son retour en Russie, le comte Ignatiev prit du service dans l'Armée rouge au grade :
En 1947, il quitta l'armée, Le 20 novembre 1954, le comte Alexeï Alexeïevitch Ignatiev s'éteignit à Moscou. Il fut inhumé au cimetière de Novodevitchi.