Iorga Nicolae
Nicolae Iorga (ou Nicolas Jorga) est un historien et homme politique roumain né le 17 janvier 1871 à Botoşani et mort le 27
novembre 1940 à Strejnicu (Prahova). Nicolas Iorga est sans doute le plus grand historien roumain, par le retentissement qu'eurent ses idées autant que par les qualités scientifiques de ses
oeuvres. Après des études en Roumanie, Iorga compléta sa formation d'historien dans les années 1890 en effectuant deux séjours à l'étranger, à Paris (thèse sur Philippe de Maizière) et à Leipzig.
Iorga put ainsi comparer deux écoles historiographiques qui s'oppposaient dans le contexte plus global de la rivalité franco-allemande de l'époque. Après ses études, Iorga commença à enseigner à
l'université Alexandru Ioan Cuza de Iaşi et à celle de Bucarest puis à publier ses premiers ouvrages.
La Roumanie vient alors d'accéder à l'indépendance (1881) et revendique encore les provinces de Transylvanie et de Bessarabie occupées respectivement par l'Autriche-Hongrie et la Russie. Iorga
sera un infatigable propagandiste du retour de ces régions dans le giron de la nation roumaine, en s'efforçant par exemple de prouver l'antériotié du peuplement roumain par rapport au peuplement
hongrois en Transylvanie. Ses écrits de l'époque sont souvent violemment anti-hongrois. Iorga est de toutes façons un historien nationaliste: pas plus que les Hongrois, les Russes ni les Bulgares
ne trouvent grâce à ses yeux. Nicoalae Iorga se montra soucieux de diffuser largement sa conception de la nation roumaine et d'apprendre aux Roumains leur histoire en publiant des ouvrages
destinés au grand public et en organisant à partir de 1908 des universités populaires dans sa résidence de Valenii de Munte. Son rôle dans la formation de la conscience nationale roumaine peut
objectivement être comparé au rôle tenu par Jules Michelet dans la diffusion en France des idées républicaines : à ce titre, il a non seulement écrit mais aussi fait l'histoire.
On ne doit pas conclure de ce qui précède que Nicolae Iorga ne fut qu'un banal propagandiste de l'idée nationale de son pays. Ce fut un historien de grande valeur, qui compta parmi les grands
intellectuels européens de son temps. Grand voyageur et polyglotte, il fut nommé docteur honoris causa des plus grandes universités européennes. Son principal apport à la science historique est
sans doute son histoire de l'Empire ottoman parue en allemand en 1905. Pour la première fois, dans celle-ci, un historien balkanique ne considère pas l'occupation ottomane sous son aspect
purement négatif et souligne ses effets positifs. Il ouvre ainsi la voie à la critique historique en Roumanie et dans les Balkans.
Nicolae Iorga fut également un homme politique et un parlementaire, ministre et brièvement premier ministre (1931-1932). Bien que profondément nationaliste, il s'opposa dès 1933 à Hitler. On pouvait cependant voir en 1999 dans son musée à Valenii de Munte une photo le représentant en compagnie de
Benito Mussolini. Iorga fut assassiné le 27 novembre 1940 par un groupe de commandos de la Garde de fer qui le
considérait comme responsable de la mort en 1938 de leur leader Corneliu Zelea Codreanu. Nicolas Iorga
fut également écrivain et dramaturge. Ses oeuvres littéraires n'ont pas laissé un souvenir impérissable aux historiens de la littérature, elles reprennent souvent des grands thèmes de l'histoire
roumaine.