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Revue de presse de l'Histoire - La Seconde guerre mondiale le cinéma les acteurs et les actrices de l'époque - les périodes de conflits mondiales viètnamm corée indochine algérie, journalistes, et acteurs des médias

Morel Théodose

Théodose Morel dit Tom Morel, né le 1er août 1915 à Lyon (Rhône) et mort le 10 mars 1944 à Entremont (Haute-Savoie) est un officier de carrière et un résistant français, compagnon de la Libération. 

Morel Théodose
Morel Théodose
Morel Théodose
Jeunesse et carrière militaire

Il naît dans une famille de la bourgeoisie lyonnaise ; son père est le fils d'un industriel lyonnais de la soierie, sa mère issue d'une famille de juristes et de militaires savoyards. Il fait de brillantes études chez les jésuites dans la région lyonnaise, au lycée Notre-Dame de Mongré puis à l'externat Saint-Joseph, où il est scout de France et chef de patrouille, puis s'oriente vers la carrière militaire. Il prépare, à Sainte-Geneviève à Versailles, le concours de Saint-Cyr où il entre en 1935 (promotion 1935-1937 Maréchal Lyautey). Lors de sa scolarité à Saint-Cyr, il est encadré par une autre future personnalité des troupes alpines et de la résistance : Jean Bulle. À sa sortie, en 1937, nommé sous-lieutenant, il choisit d'être affecté au 27e BCA d'Annecy. Il suit alors une formation de haute montagne à Chamonix et devient chef de la section d'éclaireurs skieurs (S.E.S.) du bataillon, dont il fait un instrument de combat de premier ordre. En novembre 1938, il épouse une Annécienne, Marie-Germaine Lamy.

En mai 1939, le 27e BCA est stationné sur la frontière italienne, la S.E.S. commandée par Tom Morel se trouvant juste au-dessus de Val d'Isère. En septembre 1939, tandis que son bataillon part pour le front de l'Est, la section de Tom Morel, promu lieutenant, reste à la garde de la frontière italienne. Deux jours après l’entrée en guerre de l'Italie, le 12 juin 1940, il se distingue dans la bataille des Alpes. Exploitant avec décision le succès de l'une de ses patrouilles, il fait cinq prisonniers et s'empare d'un matériel important. Il est décoré de la croix de Guerre et obtient sa première citation. Blessé le 18 juin, il reste à la tête de sa section. Les 20 et 22 juin, il se bat près du col du Petit-Saint-Bernard où son action contraint les troupes italiennes à se replier. Il reçoit une seconde citation, puis est fait chevalier de la Légion d’honneur. Il n’est alors âgé que de 24 ans. Tom Morel sert ensuite dans l'armée d'armistice à Annecy sous les ordres du commandant Vallette d'Osia et participe au camouflage d'armes et de matériel. En 1941, il est nommé instructeur à Saint-Cyr, alors repliée en zone sud à Aix-en-Provence, où il encourage implicitement ses élèves à entrer dans la Résistance. 

Résistance et plateau des Glières

Après l'invasion de la zone sud par les Allemands en novembre 1942, Tom Morel passe dans la clandestinité et entre dans la Résistance en Haute-Savoie où il retrouve le commandant Vallette d'Osia, organisateur et chef de l'Armée Secrète (AS) pour ce département. Il va alors s'attacher, avec le capitaine Maurice Anjot, ex-adjoint de Vallette d'Osia, à organiser l'AS dont le nombre de volontaires se multiplie après la mise en œuvre du service du travail obligatoire (STO) en Allemagne en février 1943. En septembre 1943, le commandant Vallette d'Osia est arrêté par les Allemands qui viennent de remplacer les Italiens dans l'occupation de la Savoie. C'est le capitaine Henri Romans-Petit, organisateur et chef de l'AS de l'Ain qui lui succède à la tête de l'AS de Haute-Savoie. Celui-ci nomme Tom Morel chef des maquis du département et lui donne pour mission d'organiser la réception des parachutages alliés sur le plateau des Glières.

Le 31 janvier 1944, Tom Morel s'installe sur le plateau avec 120 maquisards. À la fin février, il a sous ses ordres environ 300 hommes qu'il a organisés en trois compagnies. Tom Morel s'illustre par ses talents de chef et d'entraîneur d'hommes venus d'horizons géographiques, sociaux et politiques très divers. Il adopte la devise « vivre libre ou mourir » et instruit son bataillon pour en faire une unité homogène et opérationnelle en vue des combats de la libération. En février et en mars, de nombreux accrochages se produisent avec les groupes mobiles de réserve (G.M.R.) et avec la Milice du régime de Vichy qui encerclent alors le plateau. Le 2 mars, Tom Morel décide une opération commando contre l'hôtel Beau Séjour à Saint-Jean-de-Sixt où sont cantonnés des G.M.R. Trente d'entre eux sont faits prisonniers. Ils doivent servir de monnaie d'échange contre Michel Fournier, étudiant en médecine et médecin auxiliaire du maquis, arrêté au Grand-Bornand quelques jours plus tôt. Les prisonniers sont libérés, mais, malgré l'accord sur l'honneur de l'intendant de police d'Annecy, Michel Fournier reste détenu.

En mars, le maquis des Glières bénéficie de l'arrivée de 120 maquisards du Chablais et du Giffre. Tom Morel décide alors de mener une autre opération, plus importante et plus risquée, contre l'état-major du G.M.R. Aquitaine à Entremont au pied du plateau des Glières. En effet, l'officier de paix Couret, commandant par intérim du G.M.R., n'a pas respecté ses engagements à l'égard de la Résistance et son chef, le commandant Lefebvre, arrivé le 7 mars, a refusé toute discussion avec le maquis. Plus d'une centaine d'hommes participent à l'opération dans la nuit du 9 au 10 mars 1944. Un des groupes, commandé directement par Tom Morel, réussit à prendre l'hôtel de France, siège de l'état-major des G.M.R. Les maquisards désarment leurs prisonniers, mais le commandant Lefebvre - qui avait gardé une arme sur lui - tire sur Tom Morel. Le corps du lieutenant Théodose Morel est remonté sur le plateau des Glières où il est enterré le 13 mars après une cérémonie religieuse. Le 2 mai suivant, son corps est descendu dans la vallée et il est aujourd'hui inhumé au cimetière militaire de Morette, devenu Nécropole nationale des Glières en Haute-Savoie. 

Famille

Tom Morel épouse Marie-Germaine Lamy. Ils ont trois enfants : Robert Morel (1939-1961), lieutenant au 27e BCA tué accidentellement à Ifigha, (Algérie) le 16 octobre 1961 ; Philippe Morel (1940-2010), amiral, président de l'Association des familles des compagnons de la Libération et vice-président de l'Association des Glières ; François Morel (1941-1944). Marie-Germaine Lamy est décédée le 14 novembre 2010. 

Postérité

Le 5 novembre 1944, le général de Gaulle lui décerne à titre posthume la croix de la Libération. Voici le texte de la citation du lieutenant Théodose Morel pour la croix de la Libération : « […] Déjà fait chevalier de la Légion d'honneur à vingt-quatre ans pour avoir capturé une compagnie italienne sur le front des Alpes en juin 1940. Instructeur à Saint-Cyr en novembre 1942, a aiguillé ses élèves vers la Résistance, s'est lancé lui-même corps et âme dans la lutte contre l'envahisseur, agissant tour à tour comme camoufleur de matériel, agent de renseignements, propagandiste. Démasqué par l'ennemi, s'est jeté avec une immense foi dans le maquis savoyard. Sans armes, a attaqué en combat singulier un officier allemand qu'il a réduit à l'impuissance. Devenu chef du bataillon des Glières, a été l'âme de la Résistance du Plateau, son chef et son organisateur. Le 9 mars 1944, après avoir enlevé d'assaut le village d'Entremont, a été assassiné lâchement au cours d'une entrevue qu'il avait demandée à ses vaincus pour épargner une effusion inutile de sang français. Restera dans l'épopée de la Résistance une incarnation du patriotisme français et l'un des plus prestigieux martyrs de la Savoie […]. » — Journal officiel du 22 novembre 1944

En son honneur, la 174e promotion de l'École spéciale militaire de Saint-Cyr a été baptisée Lieutenant Tom Morel. Voici, pour tenter de caractériser en quelques mots la personnalité de Tom, une citation de Pierre Golliet tirée de Glières - Haute-Savoie - Première bataille de la Résistance - 31 janvier - 26 mars 1944 de Golliet, Pierre, Helfgott, Julien et Jourdan, Louis (1946) : « D'où lui venait cette force ? Sans doute de son énergie naturelle, qui était impressionnante, de son caractère intrépide et fougueux. Mais elle tenait aussi à un idéal de générosité et de sacrifice, qui était le fruit conscient et voulu de sa foi : « Priez, écrivait-il un jour au prêtre qui était son confident, pour que je garde jusqu'au bout, au milieu des difficultés comme au centre du bonheur et des joies de la famille, cette âme qui répugne à la médiocrité et qui voudrait s'élever toujours dans la noblesse. » D'un bout à l'autre de sa vie de soldat, Tom aura été porté par ce vœu, qui est le vœu du véritable héroïsme. » En octobre 1995, le bâtiment de cours des classes préparatoires du lycée militaire de Saint-Cyr est baptisé « bâtiment Tom-Morel ». Le nouveau quartier du 27e BCA porte le nom de Tom-Morel. 

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