Mossad
Le Mossad (Ha-Mosad le-Modi'in u-le-Tafkidim Meyuhadim, ce qui signifie « Institut pour les renseignements et les affaires spéciales », Mossad signifiant « Institut ») est l’une des trois agences de renseignement d’Israël, avec le Shabak (plus connu sous le nom de « Shin Beth », qui est le service de sécurité intérieure) et l'Aman (chargé de la sécurité militaire). Contrairement au gouvernement, au parlement (Knesset), à l'Armée de défense d'Israël (Tsahal) et à l'agence de sécurité intérieure (Shin Bet), les objectifs, la structure et les pouvoirs du Mossad sont exemptés des lois constitutionnelles de l'État. Son activité est soumise à des procédures secrètes qui n'ont jamais été révélées. Son directeur (appelé le Ramsad, abréviation de « Rosh Ha-Mosad »), actuellement Yossi Cohen, relève directement et uniquement du premier ministre.
Le Mossad fait partie des agences de renseignement israéliennes comme, entre autres, l’Aman (renseignement militaire) et le Shabak (sécurité intérieure), mais son directeur ne rend compte — contrairement au Shabak — qu’au Premier ministre, qui le nomme et peut proroger son mandat (cas de Meïr Dagan) et autorise seul les éventuels assassinats - « executions » - (il peut éventuellement en informer le ministre de la Défense). Le domaine d’action du Mossad recouvre le renseignement, les opérations spéciales et la lutte anti-terroristes, à l’extérieur d’Israël et des territoires palestiniens occupés (qui sont de la responsabilité du Shabak, autrefois Shin Beth, service intérieur de contre-espionnage et d’antiterrorisme). Son état-major est basé à Tel Aviv où environ 1 500 personnes seraient employées. Le rôle et la fonction du Mossad sont comparables à ceux de la DGSE, du Secret Intelligence Service britannique ou de la CIA. Mais il possède aussi ses particularités liées à l’histoire et la politique d'Israël ; il est ainsi, par exemple, chargé de faciliter l’aliyah (retour en Israël) lorsqu’elle est interdite.
Le Mossad est né des survivances du SHAY, le service de renseignement de la Haganah, une milice juive clandestine chargée de la sécurité des habitants juifs en terre de Palestine depuis le début du XXe siècle. La Haganah (« défense » en hébreu) a notamment constitué le noyau dur de l’armée israélienne à la suite de la création de l’État d’Israël en mai 1948. Les agents de renseignement de la « section arabe » du Palmakh et ceux de l'Alyah Bet (appareil d'immigration clandestine de la Haganah avant 1948, devenu Mossad Le'aliyah Bet) intègrent le Mossad aussi à la création de l’État. En juillet 1949, Reuven Shiloah, un proche collaborateur de David Ben Gourion, propose la création d’une institution centrale pour organiser et coordonner les services de renseignements et de sécurité. Le 13 décembre 1949, Ben Gourion autorise l’établissement de cet institut de coordination s’occupant du département politique et coordonnant les services de sécurité intérieure de renseignement militaires : le Mossad est officiellement né ce jour-là.
Assassinats, enlèvements et opérations célèbres
En 1960, le Mossad enlève le criminel de guerre nazi Adolf Eichmann, à Buenos Aires en Argentine, après plusieurs années de traque dirigées par Rafi Eitan. Eichmann fut conduit en Israël pour y être jugé et condamné à mort. Une opération similaire prévoyait la capture de Joseph Mengele, mais elle échoua. Eli Cohen est un célèbre espion israélien, recruté par le Mossad dans les années 1960. Ayant infiltré les hautes sphères du gouvernement syrien, Eli Cohen transmit des informations stratégiques à son pays pendant deux ans avant d’être démasqué. Malgré les protestations internationales, il fut pendu sur la place publique. Un autre agent israélien, Wolfgang Lotz, se lia d’amitié avec des hauts gradés de l’armée et de la police égyptienne, obtenant ainsi des informations précises sur les sites de missiles et sur le projet de missile balistique développé par des scientifiques allemands. Entre 1962 et 1963, une opération d’intimidation visant les Allemands obtient un grand succès, notamment avec l’assassinat de plusieurs responsables clés du projet égyptien.
En décembre 1969, le Mossad déroba sept vedettes commandées à la France, mises sous embargo par le général de Gaulle. L’opération fut popularisée comme l’affaire des vedettes de Cherbourg. Durant les années 1970 sous l’impulsion du Premier ministre Golda Meir, le Mossad assassina plusieurs membres du groupe terroriste Septembre noir, responsable de la prise d’otages et du massacre de 11 athlètes israéliens aux Jeux olympiques de Munich en 1972. Ces opérations sont placées sous la direction de Michael Harari. Selon Richard Labévière, le Mossad pourrait être derrière la tuerie d’Ehden perpétrée au Liban en 1978, qui avait vu le dirigeant chrétien Tony Frangié et une trentaine d'autres personnes, dont son épouse et sa fille de trois ans, assassinés. L'objectif aurait été de favoriser Bachir Gemayel, proche d’Israël, dans son ascension vers le pouvoir en éliminant l'un de ses principaux rivaux.
Un autre enlèvement consista à ramener Mordechaï Vanunu en Israël, après qu’il eut révélé en 1986 à un quotidien anglais l’existence d’ogives nucléaires dans les sous-sols de la centrale nucléaire de Dimona, en plein désert du Néguev (sud d’Israël). En avril 1988, une unité spéciale envahit une résidence sous surveillance de Tunis et y tue Abou Jihad, bras droit de Yasser Arafat et présumé responsable de la planification d’attentats contre Israël. Gerald Bull, scientifique canadien et concepteur du projet de « Super Gun » (canon à très longue portée) pour l’Irak, est assassiné dans son appartement bruxellois en mars 1990, provoquant ainsi l’abandon du programme. Le Mossad fait partie des services soupçonnés d'avoir commis cet assassinat. Cependant, le Mossad connut également certains échecs retentissants. Le 7 janvier 1974, à Lillehammer (Norvège), dans le cadre de l’opération Colère de Dieu, le Mossad assassine par erreur Ahmed Bouchiki, un serveur marocain, présentant une ressemblance frappante avec Ali Hassan Salameh, cerveau du massacre de 1972.
Les agents impliqués dans cette opération sont arrêtés par la police. Cinq d’entre eux furent reconnus coupables et condamnés à de courtes peines de prison, bien que le gouvernement israélien ait nié avoir une quelconque responsabilité dans cette opération. Cependant en 1996, Israël versa à la famille Bouchiki des dommages-intérêts. Plus récemment, à la suite de la controverse sur la responsabilité des services de renseignements dans l’assassinat d’Yitzhak Rabin en novembre 1995, le directeur général du Mossad, Shabtaï Shavit est poussé à la démission. Le général Danny Yatom lui succède. Le 24 septembre 1997, deux agents passent la frontière entre Israël et la Jordanie munis de passeports canadiens, pour vaporiser un poison sur l’un des leaders politiques du Hamas, Khaled Mechaal. Après avoir exécuté leur mission, les deux agents sont découverts. La Jordanie négocie leur libération contre l’antidote du poison, qui permettra au numéro deux du Hamas de survivre, et la libération du fondateur du Hamas, le cheikh Ahmed Yassine.
Le premier slogan du Mossad était : « be-tachbūlōt ta`aseh lekhā milchāmāh ». C'est un verset issu de la Bible (Livre des Proverbes 24:6) : « Oui, il te faut de bonnes directives pour faire la guerre, et la victoire tient au grand nombre de conseillers. » (traduction de Louis Segond). Le slogan a été ensuite modifié pour un autre passage des Proverbes : « be-'éyn tachbūlōt yippol `ām; ū-teshū`āh be-rov yō'éts » (Livre des Proverbes 11:14), qu'on peut traduire par : « En l'absence de directives, le peuple tombe ; le salut réside dans un grand nombre de conseillers. »
- Otto Skorzeny, ingénieur et ancien commando SS devenu agent du Mossad sous la responsabilité de Rafael Eitan
- Wolfgang Lotz (1921-1993), agent d’origine allemande infiltré en Égypte
- Eli Cohen (1924-1965), agent d’origine égyptienne, infiltré pendant trois ans en Syrie
- Reuven Merhav (1936-), diplomate et expert de l'islam et du Moyen-Orient
- Tzipi Livni, ancienne ministre des Affaires étrangères - ancienne membre de l’unité d’assassinat du service (Kidon)
- Rafael Eitan, ancien chef des opérations de l’Institut, impliqué dans l'enlèvement d'Eichmann, la mort d’Ali Hassan Salameh, l’affaire Pollard, notamment.
- Victor Ostrovsky (1949-), agent licencié de l'organisation après 3 ans de formation et 3 mois de service. Il a publié ses mémoires dans un livre où il attaque certains dirigeants de l'organisation
- Cheryl Ben Tov, agente qui attira Mordechai Vanunu dans un piège à Rome
- Michael Ross (1965-), ancien de la branche clandestine du Mossad, 1988-2001
- Zvi Henkine, agent d’origine française, directeur adjoint du Mossad ayant joué un rôle important dans l’affaire des frégates
- Salfati Pinhas, officier de Tsahal, d'origine française
Directeurs
- Reuven Shiloah (1909 - 1959) - 1949 - 1952 - 3 ans
- Isser Harel (1912 - 2003) - 1952 - 1963 - 11 ans
- Meir Amit (1921 - 2009) - 1963 - 1968 - 5 ans
- Zvi Zamir (né en 1925) - 1968 - 1974 - 6 ans
- Yitzhak Hofi (1927 - 2014) - 1974 - 1982 - 8 ans
- Nahum Admoni (né en 1929) - 1982 - 1990 - 8 ans
- Shabtai Shavit (né en 1939) - 1990 - 1996 - 6 ans
- Danny Yatom (né en 1945) - 1996 - 1998 - 2 ans
- Ephraim Halevy (né en 1934) - 1998 - 2002 - 4 ans
- Meïr Dagan (1945 - 2016) - 2002 - 2010 - 8 ans
- Tamir Pardo (né en 1953) - 2010 - 2015 - 5 ans
- Yossi Cohen (né en 1961) - janvier 2016 - En cours - 3 ans et 11 mois
Directeurs-adjoints
- Shmuel Toledano : 1956-1963
- Yaakov Karoz : 1963-1980
- Zvi Henkine : 1980-1990
- Ephraim Halevy : 1990-1995
- Aliza Magen : 1995-1998
- Amir Levine : 1998-2000
- Tamir Pardo : depuis 2010
Terminologie
- Apam : ensemble des moyens et procédés permettant d'assurer la sécurité du renseignement tels que le contre-renseignement et la contre-filature.
- Sayan : agent passif appelé plus communément « agent dormant », établi en dehors d’Israël, prêt à aider les agents du Mossad en leur fournissant une aide logistique.
- Kidon (mot signifiant baïonnette en hébreu) : service spécial du Mossad, petite unité chargée des éliminations physiques.
- Katsa : officier du renseignement.
- Bodel : courrier
- yahalom, yahalomin : spécialiste, spécialistes en communications
- mabuah : informateur non-juif
- pakam : ordre de mission
- Hamisrad : (« le bureau ») dénomination du service par ses employés, le mot « Mossad » n’étant jamais utilisé