Mulliez Jacques-Yves
Jacques-Yves Mulliez-Van den Berghe, né le 25 novembre 1917 au Longeron (Maine-et-Loire), fut un pionnier de la Résistance
pendant l'occupation allemande. Grande famille de Roubaix qui a fait fortune dans le textile à la fin du XIXe siècle, les Mulliez dirigent l'entreprise familiale de filature et de tissage du
coton. Jacques-Yves Mulliez fait ses études secondaires à Roubaix, puis à Reims chez les Jésuites, avant d'intégrer l'Institut technique roubaisien. Chef scout, il milite un temps aux Volontaires
Nationaux, mouvement de jeunesse des Croix-de-Feu du colonel de La Rocque. En 1939, il choisit les
chasseurs alpins à l'issue des cours d'élève-officier de réserve à Saint-Cyr.
Au 13e BCA, Mulliez sympathise avec un capitaine, Jacques Faure. Commandée par le colonel Antoine Béthouart,
la 5e demi-brigade de chasseurs tient les avant-postes de la Ligne Maginot. En janvier 1940, Béthouart
constitue une Brigade de Haute-Montagne prévue pour la Finlande, mais finalement envoyée à Namsos (Norvège). Mulliez est chef de section. Le 3 mai 1940, la BHM rembarque pour l'Écosse. Débarqué
au Havre le 30 mai 1940, le 13e BCA porté en camion sur la Bresle reçoit la mission de retarder les pointes allemandes qui ont franchi la Somme. Le 12 juin, après de durs combats, le bataillon se
rend, ayant épuisé toutes ses munitions. Mulliez tente de s'évader. Libéré sur intervention du maire de Marcq-en-Barœul (Nord), il gagne la zone non-occupée à bicyclette.
À Vichy, Mulliez revoit Faure qui le présente au commandant Léon Simoneau du 2e Bureau de l'État-Major de l'Armée de Terre dirigé par le lieutenant-colonel Louis Baril. Chargé de monter un réseau
de renseignement en zone interdite, Mulliez fait la connaissance de Raoul Beaumaine, de Georges Groussard et du docteur Martin. À Paris, il rencontre Alfred Heurteaux, chef du réseau Hector. Dans
le Nord et le Pas-de-Calais, Mulliez organise un réseau fondé sur ses relations d'avant-guerre (scoutisme, industrie) dont les renseignements sont transmis aux services spéciaux de Vichy. Un
oncle, Jean Van den Berghe, avait été recommandé à Pierre de Froment par le 2e bureau EMA. Contre l'avis de
Simoneau, Mulliez publie un journal clandestin, Les Petites Ailes, qui, sans être hostile aux
Français Libres, soutient la politique du maréchal Pétain à cette époque-là (octobre 1940 - mai 1941). Treize
numéros sont distribués. L'expérience intéresse Froment qui en parle à Robert Guédon et à Henri Frenay du Mouvement de Libération Nationale. Le titre est repris, à Lyon par Frenay et à Paris par Guédon: Les
Petites Ailes de France. À l'été 1941, la Gestapo, très active en zone interdite, remonte les filières de Mulliez qui
est contraint de se réfugier en zone non-occupée.
Affecté à l'état-major des Compagnons de France créés après l'armistice pour encadrer 100 000 jeunes dispersés par l'exode, Mulliez a des contacts avec Pierre Dunoyer de Segonzac. Il aide à la création de la chorale des Compagnons de la Chanson. En octobre
1943, Mulliez encadre une école de maquis du réseau Périclès, dans le Périgord. Arrêté par la Feldgendarmerie, il s'échappe, grâce à sa forme physique. En novembre, il organise un camp-école en
montagne, près de Grenoble. En mars 1944, il rejoint les maquis de l'Armée Secrète en Haute-Savoie. En septembre, son unité participe aux combats de la libération, en liaison avec les régiments
de la 1re Armée française. La journée du 13 septembre vaut à Mulliez la croix de chevalier de la Légion d'honneur. En 1998, Jacques-Yves Mulliez a été fait officier de la Légion d'honneur.