Louis Adolphe Zentz d'Alnois né le 16/7/1820 à Cons la Grandville (Moselle) et décédé en 1911 est un général français.
Le général Zentz, fils d’un capitaine de la Garde du premier Empire, fut élevé au collège de la Flèche. A sa sortie de l’Ecole de Saint-Cyr, il débuta au 44e de ligne, partit en Afrique avec ce régiment qu’il quitta en 1853 pour entrer au 12e bataillon de Chasseurs à pied. Il était Capitaine quand ce bataillon fit partie, en 1854, du corps expéditionnaire de la Baltique. Au moment du débarquement, dans l’île d’Aland, près de la forteresse de Bomarsund, le maréchal Baraguey d'Hilliers qui avait été son chef à l’Ecole militaire quinze auparavant, le reconnut sur la plage et lui donna le commandement de son avant-garde. La petite colonne, composée de trois compagnies de chasseurs (350 hommes), partit aussitôt. Elle était arrivée à 600 mètres d’une tour dont trois étages d’embrasures lui montraient les gueules de ses canons, quand elle fut arrêtée par une décharge de mitraille. Le capitaine Zentz disposa immédiatement ses chasseurs dans les anfractuosités des rochers, et, s’avançant peu à peu, il leur fit diriger contre les embrasures un feu si violent, que deux jours après, cette tour, sans brèche ouverte par l’artillerie française, se laissait enlever par ses embrasures mêmes où n’osaient plus paraître ses défenseurs. Ce fut le lieutenant GIGOT, qui le premier, y pénétra avec une rare audace. Le maréchal Baraguey d'Hilliers avait complimenté le jeune capitaine sur sa marche audacieuse. Il le proposa en même temps pour le commandement de ce même bataillon de chasseurs qu’il avait si intrépidement conduit à l’attaque et il l’obtint pour lui.
Lieutenant-colonel, en 1858, du 71e de ligne, M. Zentz fit la campagne d’Italie dans le corps MAC-MAHON. Après les batailles de Magenta et de Solferino, il passe dans la Garde Impériale, comme commandant en second du 2e régiment des Voltigeurs. Il fut nommé Colonel le 12 août 1861 et placé à la tète du 63e d’infanterie qu’il commanda pendant neuf ans, dont quatre en Algérie. Le colonel Zentz dirigea dans ce pays plusieurs colonnes, soit sur la frontière de Tunis, contre les Kroumirs, à Tebessa dont il était le chef du cercle, soit en Kabylie. Il était de ce 2 côté en 1865 quand on l’avertit que le fort de Takitount, éloigné de lui de 25 kilomètres environ, courait un grand danger. Le brave Zentz y courut avec de la cavalerie et le l’infanterie. Il rompit le cercle d’investissement formé par la nombreuse tribu des Hammchas et ravitailla les assiégés qui l’acclamèrent comme un sauveur. En 1870, lors de la déclaration de guerre, il se trouvait au camp de Châlons. Dans son ouvrage sur les opérations du 2e corps de l’armée du Rhin, le général FROSSARD le cite avec éloge pour sa conduite à Spickeren-Forbach. Il y gagna ses deux étoiles et reçut le commandement de la 1re brigade de la 2e division.
Le rapport de son divisionnaire, M. de Laveaucoupet, est ainsi conçu : « M. le général Zentz a assisté en qualité de colonel du 63e de ligne au combat de Sarrebrück le 2 août, à la bataille de Spickeren le 6 août, à la bataille de Borny sous Metz le 14 août. Il s’est particulièrement distingué à la bataille de Spickeren, lorsque le général DOENS, blessé, a dû laisser le commandement de la brigade. C’est à lui que je dois d’avoir pu rallier en arrière de la crête boisée en avant de Spickeren, les bataillons du 40e de ligne et du 24e qui, pendant toute la journée, avaient défendu le bois. C’est là que, debout, à quelques pas en arrière de ses hommes placés sur deux lignes et qui étaient couchés pour donner moins de prise au feu de l’ennemi, il a tenu de 5h ½ à 8h ½ et résisté à toutes les attaques. Le colonel Zentz est un des quelques officiers qui m’ont permis de tenir la position. Il a été magnifique de sang-froid et de bravoure, et cela pendant de longues heures. Il a été sur ma proposition nommé général de brigade ; il mérite d’être cité à l’ordre de l’armée et mentionné dans le bulletin des opérations. ». L'historique du régiment relate : "Le colonel Zentz, seul debout se promenait derrière la première ligne, surveillant attentivement les mouvements de l'ennemi. Tout à coup on le voit chanceller puis tomber brusquement à terre de toute sa hauteur. Le régiment pousse un cri :"le colonel est tué !" Mais lui, se relevant froidement : "Ca n'est rien" dit il en ramassant son képi; et il reprend sa promenade. Il avait été atteint en pleine poitrine par une balle morte heureusement, dont le choc l'avait jeté par terre sans lui faire aucune blessure."
Prisonnier après la reddition de Metz, le Gouvernement lui donna, à son retour en France, le commandement du camp de Toulouse. La Commune venait d’être proclamée dans cette ville qui était, pour ainsi dire, au pouvoir des insurgés. Le général de NANSOUTY y commandait. M. Zentz aide celui-ci à s’emparer du Capitole et rétablit l’ordre avec autant de présence d’esprit que de fermeté. Ce qui se passait alors à Paris surexcitait les passions dans le midi de la France. Les hommes les plus exaltés de Carcassonne, de Perpignan, de Montpellier, de Narbonne, s’étaient rassemblés dans cette dernière ville et y avaient constitué la Commune. Là, après s’être fortifiés dans le château, ils avaient pris des otages et attiré à eux deux cents soldats de la garnison, menaçant, réquisitionnant les habitants. On avait inutilement envoyé pour les réduire des troupes de Perpignan. Il y avait eu des morts et des blessés. C’est alors que le général Zentz reçut l’ordre d’aller étouffer ce dangereux foyer d’insurrection. Il se rendit immédiatement à Narbonne, où il arriva le 31 mars dans la nuit. Le procureur général de Montpellier, le préfet de l’Aude, le général commandant le département étaient à la gare. Depuis quelques jours ces messieurs parlementaient avec l’émeute. Le général Zentz les engagea à regagner leur résidence en leur disant qu’il prenait toute la responsabilité de l’action. Il fit placarder dans les rues l’avis que le jour même, son artillerie battrait le château, la ville, tous les points occupés par les factieux.
Sans s’arrêter aux menaces des insurgés, à la lettre du sieur Dijon, leur chef, annonçant qu’il ferait fusiller les otages, aux prières de quelques notables, aux supplications du clergé, il prit ses dispositions pour l’attaque. Trois compagnies de turcos se rangèrent au pied des remparts, attendant le signal de l’assaut ; l’artillerie chargea ses pièces ; une sommation fut faite. Les révoltés rendirent aussitôt les otages et se dispersèrent en laissant leur chef et les plus coupables d’entre eux dans les mains se la gendarmerie. Le ministre de la guerre, en apprenant ce résultat si rapidement obtenu, le félicitait en ces termes : « Recevez tous mes compliments pour votre décision et votre succès. » Le 4 avril, le ministre s’exprimait ainsi : « Je reçois le rapport sur les opérations devant Narbonne, le général Zentz a fait preuve d’autant d’intelligence que d’énergie. Je le fais nommer commandeur. » De son côté, le général de division GUDIN, commandant à Montpellier, ayant à rendre compte de ce qui s’était passé, écrivait : « D’après les officiers du génie qui ont opéré à Narbonne, le général Zentz a montré beaucoup d’habileté et la plus grande énergie. La France serait heureuse si elle savait beaucoup d’hommes de cette trempe. » En 1873, le ministre de la guerre, le sachant bon cavalier, le désigna d’office pour commander une brigade de cavalerie à Lyon, dont il conserva le commandement jusqu’à sa nomination de général de division. Envoyé d’abord à Nice, puis à Nancy, c'est-à-dire d’une frontière à l’autre, il fut nommé en 1880 au commandement du 11e corps d’armée à Nantes qu’il conserva pendant trois ans. Depuis le 1er mars 1884, le général Zentz est président du Comité consultatif de l’infanterie. Il a été autorisé à ajouter à son nom celui de sa mère, d’ALNOIS, qui appartenait à une très ancienne famille lorraine.