Dusseaulx Roger

Publié le par Roger Cousin

Dusseaulx RogerRoger Dusseaulx est issu du milieu des artisans du 12e arrondissement de Paris. Après ses études secondaires, il s'oriente vers le diplôme d'ingénieur agricole, mais exerce la profession d'assureur conseil, de conseiller juridique et d'expert auprès des tribunaux. Sa conduite pendant la guerre lui vaut la Médaille de la Résistance. Il commence sa carrière politique sous les auspices du MRP dont il conduit la liste dans la première circonscription de la Seine inférieure aux élections à la première Constituante. Le nouveau parti arrive en quatrième position avec 27 343 voix, derrière les listes communiste (51 456 suffrages), d'Entente républicaine conduite par Jacques Chastellain (39 802 voix) et socialiste (38 152 voix). Roger Dusseaulx est donc le seul élu de sa liste.

Pendant ce premier mandat, Roger Dusseaulx est membre de la Commission des affaires économiques et de celle de la presse. Il dépose une proposition de résolution invitant le gouvernement à déposer un projet de loi assurant aux agriculteurs victimes de réquisition de chevaux des facilités pour la reconstitution de leur cheptel chevalin et des indemnités compensatrices. Ses deux autres propositions de loi traitent également de problèmes économiques liés à la reconstruction. Dans les débats, il participe à trois discussions importantes : celle du budget de la presse, celle de la nationalisation de l'électricité et du gaz, celle concernant la dévolution des biens des entreprises de presse. Dans la première, le 29 décembre 1945, il critique les augmentations injustifiées à son avis de certains chapitres du budget du ministère de l'information. Au cours de la dernière, il annonce que son mouvement ne pourra voter le projet en l'état car de nombreux points soulevés par son parti n'ont pas été pris en compte dans la rédaction du texte. Il se prononce donc pour l'abstention dans le souci de défendre la presse issue de la Résistance.

Pour la seconde Constituante, Roger Dusseaulx conduit à nouveau la liste démocrate-chrétienne et améliore sensiblement son score avec 41 959 suffrages puisqu'il passe en seconde position derrière la liste communiste (57 855 voix) mais devance la liste de Jacques Chastellain (36 847 voix) et les listes radicale (35 544 voix) et socialiste (33 171). Ses activités parlementaires restent liées aux problèmes économiques puisqu'il siège à la Commission des finances et à celle des affaires économiques, des douanes et conventions commerciales. II ne participe que brièvement aux débats pour déposer des amendements au projet de loi de finances.

Les mêmes leaders se retrouvent pour les premières législatives de la IVe République, même si, entretemps, Roger Dusseaulx a conquis un mandat de conseiller municipal de Paris. Tous les partis, sauf le Parti communiste, connaissent un tassement de leur audience, seul reste inchangé l'ordre des résultats. Le MRP est toujours en deuxième position avec 39 370 voix (2 000 en moins par rapport au précédent scrutin) derrière les communistes qui retrouvent leurs deux sièges avec 62 496 voix (5 000 voix de plus) et devant les autres listes. Pendant la première législature, Roger Dusseaulx retrouve ses fonctions à la Commission des finances dont il devient le secrétaire en 1950. Il est en outre désigné par cette commission pour représenter l'Assemblée nationale au Fonds d'encouragement à la production textile. Parlementaire actif, dans ses initiatives écrites comme dans ses interventions orales. Roger Dusseaulx dépose de nombreuses propositions de loi dont plusieurs concernent le prélèvement exceptionnel de lutte contre l'inflation.

Il rédige chaque année une partie du rapport de la Commission des finances sur le budget de l'année. Il est aussi amené de ce fait à régulièrement prendre part aux discussions des différents budgets ministériels. Parmi ses interventions les plus significatives, on peut citer celle du 5 juillet 1948 où il s'inquiète de la complication du mécanisme d'application du plan Marshall et plaide pour l'unité européenne afin de faciliter la reconstruction. Le 29 mai 1949, il s'inquiète de la dérive financière que connaît le pays en raison des prélèvements exceptionnels tou-jours reconduits et des charges sans cesse accrues qui s'ajoutent, comme le déficit de la SNCF et le coût de la guerre d'Indochine. Il critique aussi les incertitudes des prévisions chiffrées avancées par le gouvernement et l'absence de détail dans leur composition qui privent le Parlement d'éléments d'appréciation. Il préconise pour finir une politique qui rompe avec la facilité qui prévaut depuis la Libération. Celle-ci ne pourra bientôt plus continuer faute de nouvelles recettes fiscales. Ces remarques reviennent régulièrement en termes similaires à chaque nouvelle discussion budgétaire. Lors des législatives de 1951, Roger Dusseaulx a rompu avec son premier parti pour rallier le parti fondé par le général de Gaulle, le RPF. La première circonscription de la Seine inférieure connaît la situation générale de presque tous les départements français. Une liste communiste et une liste RPF tentent d'empêcher les listes apparentées (SFIO, radicaux-socialistes, MRP et républicains indépendants) d'obtenir la majorité absolue et ainsi tous les sièges conformément à la loi électorale votée peu auparavant. La subtilité du système se double ici d'un débat sur la notion de majorité absolue. Les premiers résultats proclamés par la Commission du recensement général des votes déjouaient le calcul des partis de la Troisième force.

Ceux-ci, selon la définition adoptée par cette commission, manquaient de peu la majorité absolue puisqu'ils avaient 97 243 voix pour une majorité requise de 97 347, soit exactement 104 de moins. En fonction de cette première définition, les deux députés sortants communistes et Roger Dusseaulx (34 406 voix) étaient reconduits. La majorité de l'Assemblée nationale a cependant tranché en sens inverse au terme d'un vif débat opposant des juristes de haut niveau comme Marcel Prélot et Pierre-Henri Teitgen. Contre l'avis du premier, rapporteur des opérations électorales en Seine-inférieure, elle décide finalement, le 26 juillet 1951, de changer la liste des élus par 292 voix contre 196, en fonction d'une autre définition de la majorité absolue reposant sur la moyenne des suffrages de liste ce qui abaissait la barre à 96 220 voix. Les trois sortants cités sont ainsi remplacés par le chef de file du MRP, Jean Lecanuet, et les seconds des listes radicale et d'entente républicaine, pourtant détenteurs d'un moindre capital de voix que les premiers élus. Les thèses défendues par le général de Gaulle et ses partisans contre le régime des partis étaient ainsi illustrées par cette manœuvre électorale au subtil habillage juridique. En compensation, Roger Dusseaulx est élu à l'Assemblée de l'Union française où il siège de 1952 à 1958, avant de retrouver le chemin des mandats législatifs et même des portefeuilles ministériels après 1958.

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article