Knochen Helmut

Publié le par Mémoires de Guerre

Helmut Knochen est un SS-Standartenführer de la Seconde Guerre mondiale, né le 14 mars 1910 à Magdebourg et mort le 4 avril 2003 à Offenbach-sur-le-Main. Il a été chef de la Police de sûretéSipo ») et du Service de sûretéSD ») pour la France et la Belgique, de 1942 à 1944. Il est impliqué dans la politique antisémite de l'occupant, notamment dans les déportations massives de Français juifs vers les camps de concentration nazis, et s'est rendu responsable de l'exécution de plusieurs milliers de résistants français. 

Knochen Helmut

Premières années

Son père, instituteur, capitaine d'artillerie et ancien combattant de Verdun, le fait inscrire en 1926 à la section des « jeunes du Stahlhelm » (Casque d'acier), organisation nationaliste.

Adhésion au parti nazi

Helmut Knochen adhère au NSDAP, en 1932 puis il entre à la SA en 1933. Il fait en 1935 des études en histoire et en anglais aux universités de Leipzig et de Göttingen (où il se lie d'amitié avec Jean-Philippe Larrose, un des futurs acteurs français de la collaboration à Bordeaux). Il obtient un doctorat en philosophie, avec une thèse sur le dramaturge anglais George Coleman. Il occupe les fonctions de professeur et de journaliste. Il entre comme rédacteur dans un journal local. Il rejoint les SS en 1936 puis suit les Jeux olympiques d'été de 1936. Il fait alors la connaissance du docteur Franz Six, responsable du service de presse de Reinhard Heydrich. Il se marie.

Il devient officier SS en 1937 puis il est envoyé à Paris pour effectuer un reportage sur l’Exposition universelle ; à son retour à Berlin, il commence une activité de renseignement en entrant dans le service central de sécurité (SD) en 1938. Promu au rang de lieutenant SS, il y dépouille les journaux, notamment les articles rédigés par les émigrés allemands en France, en Belgique et aux Pays-Bas. Il élabore des synthèses, très remarquées. Dans la nuit du 8 au 9 novembre 1939, à la suite d’un attentat raté contre Hitler à Munich qui avait été organisé par Georg Elser, il capture deux agents britanniques du MI6 à la frontière germano-néerlandaise et les ramène en Allemagne. Pour ce coup d'éclat, l'incident de Venlo, Hitler lui remet personnellement la croix de guerre de 1re et 2e classe. 

Occupation de la France

Le 14 juin 1940, il dirige un commando spécial l’Einsatzkommando Frankreich d'une vingtaine d'hommes choisis par Heydrich (dont Karl Bömelburg, de la Gestapo), qui entre en France sur les traces de la Wehrmacht et forme l'amorce de ce qui deviendra le puissant SiPo-SD en France. Ceux-ci installent leurs bureaux avenue Foch, et s'occupent de la collecte d'informations sur les Français et du traitement des archives tombées entre les mains du SD lors de l'invasion. Rapidement la Wehrmacht remarque ce groupe non-répertorié par ses services. Convoqué par la GFP, il conclut un accord avec les membres de la GFP. Knochen est nommé commandant en chef de la sécurité interne de Paris, et s'occupe de traquer les ennemis du nazisme (juifs, communistes, francs-maçons, anti-fascistes, réfugiés allemands).

En 1941 il dirige le service « investigation » de l’Amt VI SD-Ausland au RSHA. Avec l'accord de Heydrich il fournit des explosifs au groupe collaborateur d'Eugène Deloncle pour commettre des attentats contre des synagogues dans la nuit du 2 octobre au 3 octobre. L'armée d'occupation, débordée, laisse la Gestapo procéder aux perquisitions et aux arrestations. Knochen est promu au grade de SS-Obersturmbannführer à l’âge de trente ans. En 1942 les pouvoirs de Knochen s'étendent à l'ensemble de la France occupée et à la Belgique, il est promu SS-Standartenführer et devient le Befehlshaber der Sicherheitspolizei und des SD (commandant de la police de sécurité et du SD) de cette zone. Il est alors sous les ordres directs du SS-Brigadeführer Carl Oberg (HSSPf pour la France) qui dirige l'ensemble de la SS et des polices de la zone occupée.

Knochen divorce et se remarie à Paris ; Henri Lafont lui aurait, à cette occasion, offert une Bentley blanche. Knochen et Oberg sont arrêtés le 20 juillet 1944, ainsi que le contingent SS de Paris, par les conspirateurs Stülpnagel et Boineburg-Lengsfeld, généraux de la Wehrmacht, qui croient à la réussite de l’attentat contre Hitler qui a échoué en Prusse-Orientale. Ils sont relâchés le jour-même. À cette date, les Alliés parvenus au Mans, Oberg décide de vider les prisons et les camps situés en France pour envoyer les détenus en Allemagne. De même, le 17 août, la retraite en direction de l'est des services allemands d'occupation s'engage. 

Le lendemain, le SD quitte Paris pour Vittel. Helmut Knochen est convoqué à Berlin au siège du RSHA, alors dirigé par Kaltenbrunner, qui lui lance : « La guerre dans les bureaux et les salons est terminée pour vous, vous allez d'ailleurs me rendre ce grade qui n'avait de valeur qu'à Paris. Vous êtes désormais SS-Schütze [2e classe] et vous partez pour le front ! ». Knochen est alors affecté à la 1re division SS Leibstandarte Adolf Hitler dans les unités combattantes de la SS, avec le poste de Panzergrenadier, sur le terrain militaire de Berreckan près de Prague. Ensuite, Kaltenbrunner le rappelle à Berlin. À la fin de la guerre, Knochen est fait prisonnier par les troupes américaines. 

Après guerre

Il est jugé en 1946 par un tribunal militaire britannique de Wuppertal pour le meurtre de pilotes britanniques : il est condamné à mort. Il est ensuite extradé en France, le 1er juillet 1947. En 1954, après une instruction longue et difficile, il comparaît en même temps que Carl Oberg devant le tribunal militaire de Paris en février. Le 9 octobre, il est de nouveau condamné à mort pour crimes de guerre, cette fois par les tribunaux français à Paris. Il fait appel de sa peine : le président français Vincent Auriol le gracie. Le 10 avril 1958, le président René Coty commue sa peine en « vingt ans de réclusion criminelle ». Par décret du 31 décembre 1959, sa peine est à nouveau commuée en « vingt ans à partir de la date du jugement ». 

Le président de Gaulle signe sa libération le 20 novembre 1962, peu de temps avant de signer le traité de coopération franco-allemand le 22 janvier 1963. De retour en Allemagne, il s’installe à Baden-Baden. Ensuite, il déménage pour Hahnenklee puis Offenbach-sur-le-Main. Lucien Steinberg réalise en 1972 une interview pour la revue Historia. À ce moment-là, Knochen exerce le métier de courtier en assurance-retraite à Francfort. À l'été 2000, avec Jean-Philippe Larrose, il accorde une autre interview à Hubert de Beaufort. Il meurt trois ans plus tard à son dernier domicile d’Offenbach-sur-le-Main. 

Carl Oberg et Helmut Knochen lors de leur procès devant le tribunal militaire de Paris le 14 septembre 1954

Carl Oberg et Helmut Knochen lors de leur procès devant le tribunal militaire de Paris le 14 septembre 1954

Organisation de la police allemande en France

La police allemande en France entre 1942 et 1944 est placée sous les ordres :

Sous les ordres d'Oberg, se trouvent :

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