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Eliezer Wiesel, dit Elie Wiesel, est un écrivain, philosophe et professeur d'université américain contemporain, d'origine roumaine, né le 30 septembre 1928 à Sighetu Marmației, en Roumanie, et mort le 2 juillet 2016, à New York. Issu d'une famille hassidique, il est déporté en 1944 dans le cadre de la politique d’extermination systématique des Juifs à Auschwitz puis Buchenwald. Ayant survécu à la Shoah, il est ensuite accueilli en France où il fait des études de littérature et journalisme, produisant une œuvre abondante en langues française, hébraïque, yiddish et anglaise, où les légendes des mondes juifs disparus et la Shoah occupent une part importante, souvent centrale. Émigré à New York, il y fait souche, continuant à écrire et enseigner, participant à la fondation du Mémorial américain de l’Holocauste ainsi qu’à de nombreux débats d’idées sur la conduite de l’humanité, la place des Juifs dans le monde et celle d’Israël dans les nations.
Grand-croix de la Légion d'honneur et commandeur de l'ordre de l'Empire britannique, ayant reçu aux États-Unis la médaille d'or du Congrès et la médaille présidentielle de la Liberté, fait docteur honoris causa par plus de cent universités parmi lesquelles Harvard, Yale, Stanford, Cambridge, Princeton, Columbia, l'École normale supérieure, Oxford, la Sorbonne et l'université hébraïque de Jérusalem. Il est lauréat du prix Nobel de la paix en 1986 en tant que « président de la Commission présidentielle sur l'Holocauste ». Son livre La Nuit est resté sur la liste des meilleures ventes du New York Times, The New York Times bestseller list, pendant neuf semaines d'affilée, un record inégalé pour un livre de non-fiction.
Elie Wiesel a une enfance pauvre, mais heureuse, à Sighetu Marmației, dans la région de Marmatie (Roumanie) d'abord épargné par la guerre. Mais en mai 1944, à 15 ans, comme tous les Juifs de la zone hongroise de Transylvanie, il est déporté avec sa famille par les nazis à Auschwitz-Birkenau, puis Buchenwald. Il y perdra sa mère et la plus jeune de ses trois sœurs, gazées dès leur arrivée, puis son père, avec lequel il avait passé tout son temps en déportation. Le récit de cette captivité se retrouve dans l'ouvrage La Nuit. Les deux autres sœurs d'Elie Wiesel, Hilda et Bea, déportées elles aussi, ont survécu. Libéré par les Américains en avril 1945, il arrive au Préventorium d'Écouis dans l'Eure et passe une dizaine d'années en France, à Paris, durant lesquelles il fait des études de philosophie à la Sorbonne. Il a pour professeur de philosophie François Wahl. Apatride, il écrit pour le quotidien israélien Yediot Aharonot, ce qui lui permet de parcourir le monde et de rencontrer d'importantes personnalités, des artistes, des philosophes, et des chefs d'État ; il se lie d'amitié avec François Mauriac (qui l'aidera à publier sa toute première œuvre, La Nuit) et Golda Meir.
À trente ans, il commence à décrire son expérience concentrationnaire, à témoigner pour les victimes de la Shoah. Ainsi commence une longue œuvre littéraire. Outre une quinzaine de romans, Elie Wiesel est l'auteur de quatre pièces de théâtre, de nombreux essais traitant de sujets d'actualité, de judaïsme (avec notamment la série des Célébrations : hassidique, biblique, talmudique, prophétique), le lien entre tous ces ouvrages se situant dans la défense de la Mémoire. Plus qu'un romancier, un dramaturge ou un essayiste, Elie Wiesel se définit avant tout comme un conteur. Devenu citoyen américain en 1963, il obtient une chaire en sciences humaines à l'université de Boston. Il a entre autres soutenu la cause des Juifs d'Union soviétique. Il se marie en 1969, à l'âge de 41 ans, dans la vieille ville de Jérusalem, avec Marion Erster Rose. Le mariage est célébré par le rabbin Saul Lieberman. Ils ont un fils, Elisha qui a deux enfants, Elijah et Shira. Il apparait trois fois dans Italiques en 1972 et 1973. Il fonde en 1980 le conseil de l'Holocauste américain, et dénonce cinq ans plus tard la visite de Reagan au cimetière militaire allemand de Bitburg.
Peu après avoir reçu le prix Nobel de la Paix de 1986 pour son combat pour la connaissance de « l'Holocauste » et contre l'« indifférence », il fonde avec son épouse la Fondation Elie Wiesel pour l'humanité. Durant plus de deux décennies, cette Fondation lutte pour la mémoire de l'Holocauste et contre l'indifférence, l'intolérance et l'injustice, en particulier en organisant des actions de dialogue international et de sensibilisation de la jeunesse. Mais en décembre 2008, la Fondation annonce que la quasi-totalité de ses fonds propres (équivalant à 15,2 millions de dollars) se sont évaporés dans l'escroquerie montée par Bernard Madoff. Il a alors des propos particulièrement durs à l'égard de Madoff, expliquant que « Psychopathe est un mot trop gentil pour le qualifier » et justifiant même une forme de torture psychologique à son égard « Il devrait être placé à l'isolement pendant au moins cinq ans avec un écran sur lequel seraient diffusées des photos de ses victimes […] Il faudrait inventer n'importe quoi pour le faire souffrir ».
Témoin lors du procès Barbie qui s'est tenu à Lyon du 11 mai au 4 juillet 1987, il inaugure le Centre d'histoire de la résistance et de la déportation le 15 octobre 1992. Lors de l'inauguration du musée du Mémorial de l'Holocauste des États-Unis à Washington, le 22 avril 1993, il tente de sensibiliser le président des États-Unis Bill Clinton à la guerre de Bosnie-Herzégovine par ces termes : « Je suis allé en ex-Yougoslavie. Monsieur le président, je ne peux pas ne pas vous le dire : nous devons faire quelque chose pour arrêter ce carnage ! » Le 16 avril 1993, l'Organisation des Nations unies avait adopté la résolution 819 concernant la mise en zone de sécurité de la ville de Srebrenica, habitée principalement par une population musulmane et qui était assiégée par les forces serbes de Bosnie menées par le général Ratko Mladić. Le massacre de Srebrenica aura lieu deux ans plus tard, en juillet 1995. Il préside, à partir de sa création en 1993, l'Académie universelle des Cultures. Il a reçu, en 2005, le Prix Lumière de la vérité pour son action en faveur des Droits de l'Homme et du peuple tibétain.
Ses œuvres ont également reçu plusieurs prix littéraires. Le 12 mars 2003, il écrit dans le San Francisco Chronicle : « Bien que je sois opposé à la guerre, je suis favorable à une intervention quand aucune autre option n'est possible, et telle est la situation présente, en raison des louvoiements de Saddam Hussein et de sa constante procrastination ». Elie Wiesel affirme croire Colin Powell — « un grand soldat est un homme qui n'aime pas la guerre » — quand il affirme que l'armée irakienne possède des armes de destruction massives. Il a ensuite regretté cette prise de position. En octobre 2006, le Premier ministre israélien, Ehud Olmert, lui propose le poste de président de l'État d'Israël, en remplacement de Moshe Katsav. Elie Wiesel refuse l'offre en expliquant qu'il n'est « qu'un écrivain ». En 2010, il publie Rashi, ébauche d'un portrait (en mars) et son quinzième roman, Otage (en août). En décembre 2010, il donne un concert à New York, Memories and Melodies of my Childhood, enregistré sur DVD.
En 2011, il subit une opération à cœur ouvert, et raconte son cheminement après cette opération dans Cœur ouvert. La même année, il prend la tête du conseil d'administration d'Elad, un groupe de colons israéliens d'extrême droite gérant un parc archéologique situé en plein cœur du quartier palestinien de Silwan à Jérusalem. Le journaliste Benjamin Barthe indique : « Si le ralliement d'Elie Wiesel à cette entreprise n'est pas une surprise, compte tenu de son opposition farouche à tout partage de Jérusalem, son geste a néanmoins semé la consternation dans les cercles pacifistes israéliens, persuadés que la judaïsation de Jérusalem-Est constitue une bombe à retardement ». Elie Wiesel se défend en affirmant : « Je ne me mêle jamais de la politique intérieure d'Israël. Seules les fouilles archéologiques m'intéressent ». Elie Wiesel est membre d'honneur du Club de Budapest. Il annonce être à l'écriture d'un ouvrage en collaboration avec Barack Obama en novembre 2012. Il est présent lors du discours au Congrès des États-Unis par le Premier ministre d'Israël, Benyamin Netanyahou, le 3 mars 2015, sur la menace nucléaire de l'Iran, et Netanyahu s'adresse directement à lui durant ce discours, sous les applaudissements du Congrès des États-Unis.
Il meurt à Manhattan, le samedi 2 juillet 2016, à l'âge de 87 ans. Les funérailles de Elie Wiesel prennent place dans sa synagogue, la Fifth Avenue Synagogue, synagogue orthodoxe, dans l'Upper East Side de Manhattan, le dimanche 3 juillet 2016, en présence d'environ 150 personnes, incluant sa famille, des amis, des membres de sa fondation et des dirigeants de la communauté juive. Il est inhumé, après la cérémonie religieuse, au cimetière de Sharon Gardens, à Valhalla
Décoré en 1984 en France de la Légion d'honneur46, il est élevé à la dignité de Grand-officier de la Légion d'honneur en 199047, puis Grand-croix de la Légion d'honneur 2001. Titulaire de la médaille d'or du Congrès américain, il reçoit le prix Nobel de la paix en 1986. En 1993, il reçoit les insignes de docteur honoris causa de l'université Bordeaux-Montaigne.En 1998, il est nommé « Messager de la paix » des Nations unies. En 2006, il est fait Chevalier commandeur honoraire de l'Ordre de l'Empire britannique (KBE). En 2010, il est nommé docteur honoris causa par le rectorat de l'Université de Genève. Il reçoit le NADAV Award en 2012. En 2016, il est nommé Citoyen d'honneur de Jérusalem. Elie Wiesel a aussi reçu le Prix de l'Ordre Jabotinsky décerné par l'État d'Israël.
Le président américain, Barack Obama, salue la mémoire d’un « ami », de « l’une des grandes voix morales de notre temps, et, à bien des égards, la conscience du monde ». M. Wiesel ne se battait pas uniquement contre l’antisémitisme mais aussi contre la haine, la bigoterie et l’intolérance sous toutes ses formes. D'autres personnalités américaines lui rendent hommage, comme l'ancien président américain Bill Clinton et l'ancienne secrétaire d'État Hillary Clinton ou Melinda Gates. Le Premier ministre canadien, Justin Trudeau, déclare : « Elie Wiesel a passé sa vie au service de l'humanité, gardant vivante la mémoire de l'horreur de l'holocauste. Il nous incombe de continuer à porter cette torche. »
En France, le président de la République, François Hollande, rend hommage à un « grand humaniste, inlassable défenseur de la paix ». Pour François Hollande : « De cette expérience au bout de l’horreur qui l’a laissé orphelin, il a aidé à ouvrir les yeux du monde sur l’indicible blessure de l’extermination des juifs d’Europe. » D'autres personnalités et organisations françaises expriment également leur émotion. Le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, salue sa mémoire, faisant valoir qu’il était un « rayon de lumière et un exemple d’humanité qui croit en la bonté de l’Homme. » La Chancelière fédérale allemande, Angela Merkel, déclare « une voix de moralité et d'humanité est devenue silencieuse » avec la mort d'Elie Wiesel. Sa mémoire est honorée, à Washington, par la classe politique, en décembre 2016.
Dans son autobiographie intitulée Moi, Asimov (Gallimard / collection Folio Science Fiction), l'auteur de science-fiction Isaac Asimov, narre une discussion qu'il avait entretenu avec Elie Wiesel, et insiste sur son désaccord concernant son analyse de l'antisémitisme et de la Shoah.
Selon l'écrivain Michaël de Saint-Cheron, Élie Wiesel est critiqué par des « personnes inqualifiables qui cherchent non pas à salir mais à démolir la statue morale » qu'il incarne, et dont certaines remettent en cause certains de ses témoignages voire la réalité de sa déportation. De fait, un survivant juif de la Shoah, Miklos Grüner ; un historien engagé contre le négationnisme, Pierre Vidal-Naquet et un ancien résistant, Claude Lanzmann, ont remis en cause les propos d'Élie Wiesel :
Pierre Vidal-Naquet affirme dans l'interview donnée à Zéro citée ci-dessus qu’Élie Wiesel « finit par se transformer en marchand de Shoah… Eh bien lui aussi porte un tort, et un tort immense, à la vérité historique ». Dans son ouvrage L'Industrie de l'Holocauste, Norman Finkelstein estime qu'Elie Wiesel instrumentalise l'Holocauste nazi pour défendre la politique israélienne. Alain Gresh le qualifie d'« imposteur moral qui mériterait un traitement différent dans les médias » : il lui reproche ses positions sur le conflit israélo-palestinien et sur la question du statut de Jérusalem, son appel à la torture du financier Bernard Madoff chez qui il avait placé une partie de sa fortune, et son discours « adressé le 25 octobre 2009 à 6 000 chrétiens sionistes, adeptes du pasteur John Hagee, un homme qui tient des propos homophobes, mais aussi négationistes et antisémites », et ce pour des raisons financières. Yossi Sarid dans le journal israélien Haaretz lui reproche de soutenir l'organisation fondation de la Cité de David, une organisation non gouvernementale ayant pour but de « renforcer la connexion du peuple juif avec Jérusalem » par le tourisme, l'éducation, les excavations archéologiques et l'acquisition de logements à Jérusalem. Selon Yossi Sarid, cette association acquiert des maisons par des transactions douteuses puis expulse violemment les Palestiniens qui habitent ces maisons.
Début août 2018, la police roumaine annonce ouvrir une enquête après la découverte de graffitis orduriers et antisémites sur la façade de la maison natale d'Elie Wiesel, à Sighetu Marmației, le traitant de « nazi juif » ou de « pédophile ».
En avril 2013, la pièce inédite Le choix est montée à Paris : il n'y a pas encore à ce jour de date éventuelle de publication du texte. Elie Wiesel a aussi participé non pas à la rédaction de livres mais à leur enrichissement en accordant à l'auteur un long entretien
Enfin, certains essais sur Elie Wiesel contiennent des entretiens et/ou des textes inédits d'Elie Wiesel :
De plus, comme pour les œuvres publiées en français, il y a des essais sur Elie Wiesel contenant des textes de lui ou des entretiens inédits :