Didier Christian

Publié le par Mémoires de Guerre

Christian Didier, né en 1944 à Saint-Dié-des-Vosges et mort dans la même ville le 15 mai 2015, s'est rendu célèbre par ses interventions inopinées sur les plateaux de télévision mais surtout pour avoir assassiné en 1993 René Bousquet, l'ancien chef de la police de Vichy.

Didier Christian
Didier Christian
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Christian Didier est le fils d'un artisan-coiffeur avec lequel il est régulièrement en conflit violent. Il quitte rapidement l'école pour être tour à tour et souvent brièvement fondeur, surveillant d'internat, serrurier, archiviste, chauffeur-livreur. Il séjourne quelque temps à l'étranger, mais connaît également l'hôpital psychiatrique. Chauffeur de grande remise entre 1974 et 1983, il côtoie des stars, se met à rêver de célébrité et se découvre un talent littéraire. Il doit cependant abandonner ce métier pour raison de santé et retourne vivre auprès de sa mère, à Saint-Dié. Aucun éditeur ne s'intéresse aux trois livres qu'il écrit. Il publie cependant l'un d'eux à compte d'auteur, intitulé La Balade d'Early Bird, en 1985. Il fait plusieurs fois irruption dans des émissions télévisées avec une pancarte vantant son livre. Il est invité sur TF1, en 1989, dans une émission consacrée à « ceux que la télé rend fous ».

Furieux de ne pas être pris au sérieux, il imagine des actions plus radicales. Il est arrêté en possession d'un revolver dans la prison Saint-Paul, à Lyon. Bien que s'accusant d'avoir voulu blesser Klaus Barbie, il n'est condamné qu'avec sursis pour le seul port d'armes et placé d'office en hôpital psychiatrique. Dès sa sortie, il projette d'assassiner Paul Touvier que sa mère lui avait également décrit comme criminel de guerre, mais ne peut l'approcher. Le 8 juin 1993, il assassine René Bousquet de cinq balles. Il appelle toutes les rédactions de Paris aussitôt après le meurtre, pour une conférence de presse, se signalant ainsi aux forces de l'ordre. Il est condamné par la cour d'assises de Paris en novembre 1995 à dix ans de réclusion criminelle, et libéré le 24 février 2000 de la prison centrale de Toul. Le conseil municipal de sa ville natale adopte d'ailleurs une requête demandant l'indulgence de la Cour d’assises de Paris à son égard. 

Didier aurait voulu venger les victimes des meurtriers nazis, tuées dans sa ville. Christian Didier était notamment défendu par Arnaud Montebourg, avocat commis d'office. Celui-ci parle alors de « crime civique ». Après sa libération, il fait part de son regret d’avoir tué Bousquet et ainsi empêché un second procès, bloquant ou en tout cas retardant le débat judiciaire sur la responsabilité de Vichy dans la mise en œuvre de la Solution finale en France par les nazis. Dans son roman HHhH, Laurent Binet considère Christian Didier comme un « spectaculaire abruti » qui a privé la France du « procès du siècle ». Le 4 juillet 2014, Christian Didier se livre dans une autobiographie appelée Fugaces traits de plume... en roue libre.

Publié dans Banditisme

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