Bouchardeau Huguette
Huguette Bouchardeau, née le 1er juin 1935 à Saint-Étienne (Loire), est une femme politique française, écrivain qui fut également universitaire et éditrice.
Huguette Bouchardeau, née Briaut, est née à Saint-Étienne, dans une famille de six enfants. Sa mère était sténodactylo et son père gérant d'épicerie. Elle étudie la philosophie à Lyon, tout en militant à l'UNEF, devenant présidente des étudiants en lettres puis, en 1955, secrétaire élue de l'AG des étudiants lyonnais, association créée par Paul Bouchet. Cette même année, elle épouse Marc Bouchardeau, psychologue, avec qui elle a par la suite trois enfants. Elle est agrégée de philosophie en 1961, professeur de philosophie au lycée Honoré d'Urfé de Saint-Étienne, puis elle mène une carrière universitaire, comme maître de conférences à l'université Lyon 23 à partir de 1970. Elle soutient en 1975 une thèse sur l'enseignement de la philosophie en France, de 1900 à 1972, qui porte sur les représentations qu'ont les enseignants de leur discipline et de leurs pratiques pédagogiques, ainsi qu'à l'analyse de manuels de philosophie. Elle contribue à la fondation d’un des premiers centres d’études féministes universitaires, le «Centre lyonnais d’études féministes» (CLEF), à l'université Lyon 2.
Huguette Bouchardeau s'engage d'abord dans le syndicalisme. Membre active de l'UNEF pendant ses études, elle rejoint le SNES lors de son entrée dans la carrière enseignante. Secrétaire départementale du Rhône, puis secrétaire de la section académique de Lyon en 1966, membre de la commission administrative nationale de la FEN, elle quitte en 1968 la tendance devenue majoritaire "Unité et action" et, après un bref passage au sein de la nouvelle et éphémère tendance "rénovation syndicale", finit par quitter le SNES pour rejoindre le SGEN-CFDT. Parallèlement, elle milite aussi dans le domaine politique. Membre de l'UGS, elle participe à la création du Parti socialiste unifié en 1960. Plusieurs fois candidate pour le PSU à des élections locales, elle devient secrétaire fédérale du PSU de la Loire en 1974 et entre au même moment au bureau national du parti. Elle est alors chargée des questions féministes, qui sont un de ses engagements premiers. En 1977, elle publie Pas d'histoire, les femmes, ouvrage dans lequel elle dénonce l'exclusion des femmes de la vie publique. Elle participe au même moment aux actions écologistes des Amis de la Terre.
C'est en 1979 que sa vie militante bascule, quand elle est élue secrétaire nationale du Parti socialiste unifié (PSU). Elle devient ainsi la première femme à diriger un parti politique en France. Elle mène alors la campagne de la liste "Europe autogestion" aux européennes de 1979. Mais, faute de moyen, le PSU décide d'arrêter la campagne en cours de route et ne dépose pas de bulletins dans les bureaux de vote. En 1981, elle est la candidate du PSU à l'élection présidentielle, et bénéficie du soutien du Parti communiste révolutionnaire et la Fédération de la gauche alternative, qui rassemble des trotskistes et d'anciens maoïstes. Elle n'obtient que 1,11 % des voix au premier tour, candidate qui recueille le moins de suffrages à cette élection. Elle se désiste alors en faveur de François Mitterrand, qui est élu. Aux élections législatives de juin 1981, elle est candidate dans la première circonscription de la Loire et bénéficie du soutien du Parti socialiste, mais elle échoue, devancée de 126 voix par le candidat communiste au second tour de l'élection.
Au sein du PSU, elle défend, avec Arthur Riedacker ou Louis Jouve, un engagement du PSU dans la majorité présidentielle. Elle est cependant mise en minorité, ce qui la conduit à quitter la direction du parti. Elle est cependant rappelée en décembre 1981. En mars 1983, elle est nommée secrétaire d'État à l'environnement et au cadre de vie auprès du Premier ministre (gouvernement Pierre Mauroy (3)). Elle abandonne alors la direction du PSU et est remplacée par Serge Depaquit. En juillet 1984 elle devient ministre de l'Environnement (gouvernement Laurent Fabius). La loi du 12 juillet 1983, relative à la démocratisation des enquêtes publiques et à la protection de l’environnement est couramment appelée «loi Bouchardeau» ; ainsi, on parle d'enquête publique de type Bouchardeau ou de droit commun. Démissionnaire du PSU en 1986 après avoir pris ses distances dès l'année précédente, lorsqu'elle crée un éphémère mouvement appelé "Libre gauche", elle devient en mars 1986 députée du Doubs, apparentée socialiste. Pendant le second septennat de François Mitterrand, elle se rapproche de France Unie - mouvement rassemblant les non-socialistes de la majorité gouvernementale, elle est la candidate de ce mouvement à la présidence de l'Assemblée nationale en janvier 1992.
Elle marque à de nombreuses reprises des distances avec les politiques menées par les socialistes. Elle vote ainsi contre la loi de programmation militaire en 1987, et finit par décider de ne pas se représenter aux élections législatives de 1993. Son intégrité et son engagement pour la transparence de la vie publique font qu'elle est chargée, après son départ de l'Assemblée, d'une mission sur la réforme des enquêtes publiques, en 1993. Elle est maire d'Aigues-Vives (Gard) de 1995 à mai 2001. Huguette Bouchardeau est à l'initiative de la collection Mémoire des femmes, aux éditions Syros (1978-1984), collection qu'elle dirige jusqu'à sa candidature à l'élection présidentielle française. Elle fonde en 1995 HB éditions, à Forcalquier, maison d'édition dirigée ensuite par son fils François, et qui a cessé ses activités en 2008. Loi Bouchardeau du 12 juillet 1983, no 83-630, relative à la démocratisation des enquêtes publiques et à la protection de l’environnement, qui réforme l’enquête publique dont l’objet est d’informer le public et de recueillir ses appréciations, ses suggestions et ses contre-propositions (cf. Commission nationale du débat public).