Hôtel du Parc à Vichy
L'hôtel du Parc est un ancien grand hôtel de Vichy, où se trouvaient les bureaux d'une partie du gouvernement et les appartements et les bureaux du maréchal Pétain durant le régime de Vichy. Donnant sur le parc des Sources et la galerie Napoléon, dans le quartier thermal de la ville, c'est aujourd'hui une résidence privée.
Sous le Second Empire, Vichy devient une station thermale huppée. Au cours de la seconde moitié du XIXe siècle, de nombreux hôtels sont construits, dont certains rivalisent avec les grands hôtels parisiens et de la côte d'Azur. Un avocat parisien, Joseph Bousquet, qui s'était retiré à Vichy, fait construire à l'angle de la rue du Parc et de la rue Petit, devant le parc des Sources, un hôtel baptisé « hôtel du Parc ». Il est haut de trois étages, dont le dernier mansardé. À sa mort, en 1877, son fils Emmanuel en hérite. L'année suivante, il décède à son tour ; les héritiers revendent l'hôtel à Mme Larbaud Saint-Yorre, mère du poète Valery Larbaud. La famille Germot continua d'en assurer la gérance. L'allure de l'hôtel n'avait pas changé depuis sa construction si ce n'est l'installation de l'électricité dans toutes les chambres.
En 1901, Mme Larbaud fait venir Joseph Aletti, qui dirigeait un palace à Royat. Celui-ci fit entreprendre dès 1905 d'importants travaux pour mettre l'hôtel au niveau des palaces de la côte d'Azur. Une refonte intérieure et extérieure de l'hôtel est menée par l'architecte Antoine Percilly. L'hôtel se voit rajouter deux étages et une tourelle surmontée d'un important dôme est construite à l'angle, lui donnant l'allure des grands bâtiments haussmanniens ou de certains grands hôtels de la côte d'Azur. Un hôtel mitoyen, l'hôtel Victoria, devient une annexe. L'intérieur est aussi profondément modifié, avec l'installation de salles de bains, du chauffage central, la restructuration des pièces de réception avec une nouvelle décoration. Les travaux sont achevés en 1907. Un immense pavillon aux couleurs de l'hôtel flotte alors en haut du dôme et le nom de l'hôtel s'écrivit en lettres lumineuses sur le toit côté parc.
En 1925, de nouveaux travaux sont entrepris, avec la création de loggias sur les ouvertures de la tourelle et sur la façade nord donnant sur la rue Petit. Des magasins sont créés en rez-de-chaussée, où s'installe Vuitton. L'année suivante, le grill Chanteclerc (à l'actuel emplacement de l'office du Tourisme) est créé dans un style néo-rustique. Il connait immédiatement le succès, devenant un lieu de rendez-vous de la société vichyssoise. Après la signature de l'Armistice, le gouvernement du nouveau régime s'installe à Vichy. La ville est choisie pour sa grande capacité hôtelière et son central téléphonique. Elle ne se trouve aussi qu'à 5 heures de train de Paris. Le maréchal Pétain va installer ses bureaux et ses appartements au 3e étage de l'hôtel. Il occupe les chambres 124 et 125 (son épouse logera dans l'hôtel mitoyen Le Majestic, les deux hôtels étant reliés). Son secrétaire et médecin personnel Bernard Ménétrel occupe la chambre 126. Pétain résidera à l'hôtel du Parc de juillet 1940 à août 1944 et son départ « contre son gré » à Sigmaringen. Il y habitait principalement en hiver, préférant l'été le pavillon Sévigné, à 800 mètres de là.
En 1942, Pierre Laval et son cabinet s'installeront au 2e étage. C'est dans l'hôtel que Laval enregistrera son célèbre message radiophonique diffusé le 22 juin 1942: « Je souhaite la victoire de l’Allemagne parce que, sans elle, le bolchévisme s’installerait partout. » L'hôtel abritait d'autres services gouvernementaux. Le commandement en chef des forces militaires, le secrétariat aux Affaires étrangères (au 1er étage) et le secrétariat à l'Information (avec le service central photographique et le bureau national de presse) y seront également installés (le secrétariat à l'Information s'installera ensuite au 13 de la rue, à l'hôtel de la Paix). Parmi les différents personnalités du régime y ayant résidé et/ou travaillé, on peut citer : le chef de cabinet de Laval, Jean Jardin, le secrétaire général du gouvernement Jacques Guérard, l'écrivain et diplomate Paul Morand, le ministre d'État Lucien Romier, le directeur du commerce extérieur Louis-Pierre Coqueline, le secrétaire d'État Jacques Benoist-Méchin, l'amiral Charles Platon, le délégué général du gouvernement dans les territoires occupés Fernand de Brinon, le secrétaire général à l’Information et à la Propagande Paul Marion ou encore le chef d'état-major de la défense nationale, l'amiral Célestin Bourragué.
Après la chute du régime de Vichy, l'hôtel sert d'« hôpital complémentaire » entre 1944 et 1945. L'hôtel ne rouvre pas et en 1956 la Société des grands hôtels de Vichy le met en vente par lot. Il devient ainsi une résidence privée sous le nom de résidence Le Parc que se partage 101 copropriétaires. Dans les années 1960, le dôme est détruit, ce qui modifie la silhouette du bâtiment. L'appartement où résidait Pétain est aujourd'hui (2016) la propriété de l'Association pour défendre la mémoire du maréchal Pétain. Il n'est pas ouvert au public et seuls des membres de l'association peuvent le visiter. L'appartement a fait l'objet d'une rénovation en 2011. Le bureau où travaillait le maréchal a été remeublé à l'identique après l'acquisition par l'association du mobilier d'origine lors d'une vente aux enchères à Saint-Dié en 2009. Le nom de l'hôtel est repris dans un film de fiction documentaire français sur cette période réalisé en 1992, Hôtel du Parc.