Laroche Bernard

Publié le par Mémoires de Guerre

Bernard Laroche, né le 23 mars 1955, qui entretient des relations de « frère de lait » avec son cousin germain Michel Villemin.

Laroche Bernard
Laroche Bernard
Laroche Bernard

Devenu peu avant, en septembre 1984, après avoir réclamé ce poste pendant six ans, contremaître au Tissage Ancel à Granges-sur-Vologne, où travaillent et sont adhérents à la CGT, comme lui, de nombreux membres de la famille élargie Villemin-Jacob. Le lendemain, 6 novembre 1984, la famille de Murielle demande à la presse de passer chez elle, à Laveline-devant-Bruyères, et la jeune fille se rétracte devant micros et caméras, clamant l'innocence de son beau-frère avant de le faire devant le juge Lambert. Elle déclare aux journalistes : « Non, j'y étais pas dans la voiture de Bernard, puis j'ai jamais été sur Lépanges et tout ça. Là où le gosse a été noyé, j'y ai jamais été. Je connais pas Lépanges ni Docelles. Bernard, il est innocent, mon beau-frère il est innocent, j'ai jamais été avec mon beau-frère ». De plus, les gendarmes l'auraient menacée de la placer en maison de correction si elle ne témoignait pas contre lui et si « (elle) ne disait pas la vérité ».

Les gendarmes de Bruyères considéreront que la jeune fille, fragile et vite dépassée par les événements, a pu subir des pressions familiales pour changer sa version des faits (Le Capitaine Sesmat évoquera même des déclarations qui ont « l'air d'être récitées »). Quant au juge Lambert celui-ci s' « attendait à ces rétractations » qui ne le « surprennent donc pas du tout et ne l'émeuvent pas davantage ». Lorsqu'une une journaliste rétorque au juge Lambert que « cela fragilise quand même considérablement le dossier », celui-ci répond « Non, car il y a d'autres éléments à côté qui permettent de tenir peu de cas de ces rétractations ». En effet, le juge Lambert pense détenir des éléments à charge contre Bernard Laroche : les conclusions de la première étude graphologique, déposées le 30 octobre 1984 auprès de la gendarmerie de Nancy qui l'a ordonnée, le désignent comme pouvant être le corbeau, un foulage « L B » au bas de la lettre de revendication du meurtre correspondant exactement à la signature de Bernard Laroche. 

Égarée, cette lettre de revendication du meurtre et le foulage qu'elle contient ne pourront être exploités que plusieurs années plus tard, quand une copie du rapport établi, comportant des photos de ladite lettre sera retrouvée. Comme, de surcroît, cette pièce maîtresse du dossier a été abîmée lors de la recherche d'empreintes – une poudre noire y a été déversée dans le but de rechercher des empreintes digitales – des investigations ultérieures seront compromises, notamment la recherche de traces ADN. Après l'annulation le 19 décembre 1984 par la chambre d'accusation de Nancy d'un certain nombre de pièces du dossier, dont cette expertise, et sans le témoignage de la jeune Murielle Bolle, le dossier reste bien maigre sur le plan judiciaire, comme le pointent les avocats qui défendent Bernard Laroche : Maître Paul Prompt de Paris et Maître Gérard Welzer d'Épinal (défense organisée par Benoît Bartherotte, repreneur depuis 1981 du Tissage Ancel, et alors proche du PCF et de la CGT, dont Laroche est membre), même si, pour la gendarmerie de Bruyères, la jalousie de Bernard Laroche pour la réussite sociale et familiale de son cousin forme un mobile valable.

Le 4 février 1985, le juge Jean-Michel Lambert, contre l'avis du ministère public d'Épinal mais qui ne fait pas appel de son ordonnance, libère Bernard Laroche, qui reprend son travail. Ce jour-là, devant les journalistes, Jean-Marie Villemin annonce son intention de le tuer à la sortie de son travail. Marie-Ange Laroche, la femme de Bernard Laroche, demande alors pour son mari la protection de la gendarmerie de Bruyères, qui a été dessaisie de l'enquête le 20 février 1985 et qui la lui refuse. Le vendredi 29 mars 1985, alors qu'il est en compagnie de sa femme Marie-Ange (enceinte de son deuxième fils) et leur fils Sébastien devant son domicile, à Aumontzey, Bernard Laroche est abattu d'un coup de fusil par Jean-Marie Villemin, comme celui-ci l'avait annoncé, et même confié le 27 février 1985 à Jean Ker, reporter à Paris Match, qui imputait lui aussi à Bernard Laroche l'assassinat du petit Grégory. Jean-Marie Villemin s'en était également confié à des enquêteurs dont le capitaine Étienne Sesmat de la gendarmerie. Bernard Laroche est enterré au cimetière de Jussarupt le 2 avril 1985. La reconstitution de l'assassinat a lieu le 20 juin 1985, là où il a eu lieu, en présence de Jean-Marie Villemin (portant un gilet pare-balles) et conformément à la procédure. La veuve de Bernard Laroche, Marie-Ange, obtiendra par la suite la condamnation de l'État pour ne pas avoir empêché la mort annoncée de son mari. En décembre 1985, neuf mois après la mort de Bernard Laroche Marie-Ange donne naissance à son deuxième fils prénommé Jean-Bernard.

Publié dans Banditisme

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