Iyasou V

Publié le par Mémoires de Guerre

Iyasou V (3 février 1897 - novembre 1935), aussi connu sous le nom de Lidj Iyasou est empereur d'Éthiopie du 12 décembre 1913 au 27 septembre 1916.

Iyasou V
Iyasou V

Il est né le 3 février 1897 (27 ter 1890 EC) à Dessie. Il est le fils du ras Mikaél et de Säwaräga, deuxième fille du négus Ménélik II. Sa mère meurt peu après sa naissance, et il est élevé à côté d'Ankober. Il est amené à Addis-Abeba en 1904, à 7 ans. Il est désigné comme héritier dès 1908, position confirmée par un décret de Menelik en 1909. Après plusieurs attaques cérébrales, Menelik est hors d’état de gouverner à partir du 27 octobre 1909. Comme Iyasou est mineur, la régence est exercée jusqu’en 1911 par le ras bitwäddäd Tässämma, puis par le ras Mikaél jusqu’à la mort de Menelik. Après la mort officielle de Menelik en décembre 1913, les grands de l'empire lui prêtent serment de fidélité en janvier 1914. Cependant, pour des raisons encore controversées (soupçonné de conversion à l'islam, trop jeune, faiblesse politique, refus d'être le suzerain de son père…), il n'est pas officiellement couronné. Iyasou entreprend d'adapter le système institutionnel pour conforter son autorité et l'unité du pays, toujours menacée. Il tente d'intégrer politiquement les groupes dominés, en particulier musulmans (Harar, Afars, Somalis…), du royaume.

Ce faisant, il se confronte aux élites chrétiennes en place, notamment à Harar. Son rapprochement avec la Triplice durant la Première Guerre mondiale lui vaut la défiance des Alliés (Royaume-Uni, France, Italie), qui se sont partagées des zones d'influence en Éthiopie par l'accord tripartite de décembre 1906. Le 27 septembre 1916, jour de la grande fête chrétienne de Mesqel, alors qu'Iyasou est à Harar, l'abouna Mattewos l'excommunie pour apostasie. Son père est battu à la bataille de Sagäle en octobre 1916, et fait emprisonné jusqu'à sa mort en 1918. Iyasou vit caché jusqu'à son arrestation en janvier 1921. Il est assassiné sans doute en novembre 1935. Après sa destitution, sa tante Zewditou est couronnée impératrice, ouvrant la porte à l'accession au trône du ras Tafari Mekonen, qui devient Haile Selassie en 1930. Pendant la Première Guerre mondiale, Lidj Iyasou invite, Mazhar Bey le consul général de Turquie à Harar, à s'installer à Addis Abeba, ce qui pourrait révéler une tentative de rapprochement avec la Turquie.

D'autre part, Yasou avait eu un précepteur allemand et son compagnon le plus intime, Tessema Echeté, était germanophone, d'où le rapprochement de Iyasou avec la Triplice. Iyasou se marie d'abord avec Romanework Mengesha, la petite fille de l'empereur Yohannes IV et nièce de Taïtou, ensuite il se marie avec Seble Wongel Hailou, petite-fille du négus Tekle Haymanot du Godjam. Cependant, il semblerait qu'Iyassou ait eu au moins treize maîtresses et un nombre incertain d'enfants, tous prétendants au trône. Sa seule fille légitime est Imebet-Hoi Alem Tsehai Iyasou, née de la relation avec sa seconde femme. Lidj Iyasou était aussi très proche des musulmans et essaya souvent d'améliorer les relations entre les religions. Cela contrariait énormément la noblesse du Shewa et surtout l'Église éthiopienne orthodoxe, craignant que le pays se convertisse à l'Islam. Une crainte renforcée lorsque Fitaourari Tekla Hawariat entendit Lidj Iyasou dire : « Si je ne fais pas de ce pays un pays musulman, je ne suis pas Iyasou ! ». Iyasou a tenté de rallier les régions périphériques du pays, conquises au XIXe siècle. Il y mène une active politique matrimoniale en épousant successivement des filles des chefs du Goggam, de Harar, Zayla, Gimma, etc.. On peut mettre à l'actif de Iyasou plusieurs innovations politiques :

  • l'attribution aux jeunes intellectuels de responsabilités jusque-là réservées aux vétérans;
  • l'opposition à la politique des zones d'influence, notamment à l'accord Tripartite de 1906 et à celui du 9 mars 1906;
  • sa politique anticolonialiste que concrétisent l'assistance au mouvement indépendantiste du mullah[réf. nécessaire] Mohammed Abdullah Hassan et son rapprochement avec les balabbat somali et afar;
  • la volonté de donner à ses sujets musulmans le droit de se sentir membres à part entière de l'unité éthiopienne dans la diversité des confessions religieuses.
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