Zelensky Volodymyr

Publié le par Mémoires de Guerre

Volodymyr Oleksandrovytch Zelensky, né le 25 janvier 1978, est un humoriste, producteur, acteur, scénariste, réalisateur et homme d'État ukrainien. Il est président de l'Ukraine depuis le 20 mai 2019. À partir de 2015, il est l'acteur principal de Serviteur du peuple, une émission télévisée humoristique diffusée sur la chaîne 1+1 dans laquelle il incarne un professeur de lycée intègre accédant de façon inattendue à la présidence de l'Ukraine. Ce rôle lui permet d’acquérir une importante notoriété dans son pays. Sans aucune expérience politique, il lance un parti homonyme à sa série puis se présente à l’élection présidentielle de 2019. Après une campagne atypique et minimaliste lors de laquelle il prend pour cible la corruption des élites et entretient la confusion avec son rôle dans Serviteur du peuple, il l’emporte face au chef de l'État sortant, Petro Porochenko, avec 73,2 % des voix au second tour. À 41 ans, il devient le plus jeune président de l'histoire de l'Ukraine. Il provoque aussitôt des élections législatives anticipées, à l’issue desquelles son parti détient la majorité absolue des sièges à la Rada. 

Zelensky Volodymyr
Situation personnelle

Volodymyr Oleksandrovych Zelensky naît le 25 janvier 1978 à Kryvyï Rih (près de Dnipro, RSS d’Ukraine), une ville russophone. Ses parents, Oleksandr Zelensky et Rimma Zelenska, sont des scientifiques d'origine juive et russophone. Peu avant son élection à la présidence, il déclare ironiquement à propos de ses origines : « Le fait que je sois juif se classe seulement en 20e position dans ma longue liste de défauts. ». Marié à Olena Kiyachko, qu'il a rencontrée au lycée, il est père de deux enfants : Oleksandra (2005) et Kirilo (2013), baptisés selon le rite de l'Église orthodoxe. 

Carrière professionnelle

En 2003, après un diplôme en droit, il fait ses débuts à la télévision ukrainienne. Il participe au jeu télévisé KVN, avant de fonder la société de production Kvartal 95. Il suscite la controverse pour gérer ses sociétés de production via des sociétés offshore basées à Chypre. À partir de 2015, il incarne un professeur d'histoire devenu par hasard président d'Ukraine dans la série télévisée Serviteur du peuple (Sluha Narodu), diffusée sur la chaîne 1+1. Son personnage de chef de l’État idéal et son retrait du monde des affaires en Russie en 2014 lui assurent une forte popularité au sein de l'opinion publique ukrainienne.

Parcours politique

Fondation de Serviteur du peuple

Il fonde en mars 2018 Serviteur du peuple, un parti attrape-tout portant le même nom que la série télévisée dans laquelle il joue.

Élection présidentielle de 2019

Le 31 décembre 2018, il annonce sa candidature à l’élection présidentielle de 2019. Principalement soutenu par des jeunes et des citoyens apolitiques, il s’impose comme le favori du scrutin, bénéficiant de sa notoriété médiatique et du rejet des personnalités politiques traditionnelles. Il mène une campagne atypique, parfois qualifiée de « non-campagne », refusant les entretiens au profit des réseaux sociaux et entretenant la confusion avec ses performances humoristiques. Jugé flou et simpliste, son programme prévoit de lutter contre la corruption, un cessez-le-feu dans le Donbass et un référendum sur l’intégration de l’Ukraine dans l’OTAN Se prononçant davantage en fonction du clivage générationnel que du traditionnel clivage Est-Ouest, il n'est pas considéré comme nationaliste et est parfois perçu comme étant pro-russe. Ses concurrents critiquent son manque d'expérience en politique et l’accusent d’être une « marionnette » de l'oligarque Ihor Kolomoïsky, qui est le propriétaire de 1+1, la deuxième chaîne de télévision du pays en termes d’audience. Cette chaîne accorde à Zelensky une couverture médiatique importante et largement positive. 

Lors du premier tour de scrutin, il arrive en tête avec 30,2 % des voix, devant le président sortant Petro Porochenko (15,9 %) et Ioulia Tymochenko (13,4 %), longtemps donnée favorite de l’élection. Dans l'entre-deux-tours, alors qu'il continue à communiquer uniquement sur les réseaux sociaux, les médias l'appellent à s'exprimer auprès d'eux dans un souci démocratique. Il déclare alors se montrer favorable à la légalisation du cannabis médical, de la prostitution ou encore des jeux de hasard. Il s'engage également à fixer le salaire mensuel des professeurs à 4 000 euros. Le 21 avril 2019, bénéficiant du rejet massif du président sortant dans la population, il remporte nettement le second tour et son rival reconnaît rapidement sa défaite. Il obtient 73,22 % des voix, ce qui est le pourcentage le plus élevé d'un vainqueur d'une élection présidentielle depuis l'indépendance de l'Ukraine. Les analystes indiquent cependant qu'il ne suscite guère l'enthousiasme de ses électeurs, étant ainsi un choix par défaut face aux politiques traditionnels. Il réalise ses meilleurs scores dans les régions considérées comme pro-russes. Lors de son discours de victoire, il promet de relancer le protocole de Minsk et d'œuvrer pour le retour des Ukrainiens emprisonnés en Russie. 

Président d'Ukraine

Transition

Quelques jours après son élection, alors qu'il s'exprime généralement en langue russe et qu’il cherche à prendre des cours d'ukrainien, Volodymyr Zelensky critique le vote d'une loi renforçant l'usage de la langue ukrainienne (hors sphères privée et religieuse). S’il déclare ne pas vouloir remettre en cause le statut de l’ukrainien comme langue unique d’État, il s'oppose à toute mesure coercitive en la matière. Cette loi intervient dans un contexte de relations incertaines avec la Russie, qui se dit prête à renouer les relations avec l’Ukraine après la victoire de Zelensky, tout en prenant la décision d’accorder plus facilement la nationalité russe aux habitants des régions russophones de l’Ukraine.

À la Rada (Parlement), Volodymyr Zelensky tente sans succès de constituer un groupe parlementaire. Alors que les élections législatives sont prévues pour le 27 octobre 2019, il réclame de prêter serment dès le 19 mai, craignant de ne pas pouvoir dissoudre la Rada avant l'expiration du délai légal, le 27 mai. La Rada décide finalement de fixer la cérémonie d'investiture au 20 mai, la date demandée par Zelensky coïncidant avec la journée d'hommage aux victimes de la répression soviétique. Le président élu accuse alors les députés d'avoir « créé des complications » et promet de leur faire de même. 

Premières décisions et élections législatives

Dans son discours d'investiture, le nouveau président, qui promet de n'effectuer qu'un seul mandat présidentiel, annonce la dissolution du Parlement et la tenue d'élections législatives anticipées. Le président de la Rada ayant annoncé le 17 mai la fin de la coalition au pouvoir, l'opposition et des juristes estiment que la décision de Zelensky de dissoudre viole la Constitution, qui prévoit dans un tel cas un délai préalable d'un mois pour tenter de constituer un nouveau gouvernement. Le jour même, opposés à la tenue de législatives anticipées, le Premier ministre, Volodymyr Hroïsman, ainsi que plusieurs ministres annoncent leur démission, ce qui est ensuite rejeté par la Rada. Le lendemain, Zelensky fixe la date du scrutin au 21 juillet 2019. Le 22 mai, le Parlement, qu'il convoque pour une session extraordinaire, refuse de modifier la loi électorale pour mettre en place un système totalement proportionnel et de fixer le seuil de représentativité à 3 %.

Zelensky se donne pour priorité d'obtenir un cessez-le-feu avec les séparatistes pro-russes de l'est de l'Ukraine engagés dans la guerre du Donbass contre l'armée ukrainienne. Il exhorte les parlementaires sortants à adopter, d'ici à la fin de la législature, une loi abolissant l'immunité parlementaire et une autre prohibant l'enrichissement personnel illicite des députés. Il appelle également les administrations publiques à ne pas afficher son portrait officiel dans leurs locaux. Sa présidence possède un aspect insolite : il fait notamment expulser d'une de ses conférences un homme politique condamné par la justice et nage dans une fontaine en public. Il fait déplacer le siège de l'administration présidentielle, située dans un ancien siège du Parti communiste d'Ukraine, vers l'ex-musée Lénine. Il annule par ailleurs la parade militaire annuelle de la fête d'indépendance pour faire des économies mais ne tient pas sa promesse de voyager à bord de vols réguliers. Il fait part de sa volonté d'organiser des référendums pour consulter les citoyens.

Les nominations auxquelles il procède dans les premiers jours de sa présidence lui attirent des critiques. C’est notamment le cas pour son chef de cabinet, Andrïï Bohdan, qui serait inéligible du fait des fonctions gouvernementales qu’il a occupé sous la présidence du prorusse Viktor Ianoukovytch, et qui est par ailleurs avocat de l’oligarque controversé Ihor Kolomoïsky, allié de Zelensky. Bohdan suscite aussi une polémique après avoir proposé de tenir un référendum sur les modalités d'un accord de paix avec Moscou. À la tête des Forces armées de l'Ukraine, Zelensky remplace Viktor Moujenko par Rouslan Khomtchak. Le 28 mai, il annule la déchéance de la nationalité de Mikheil Saakachvili décidée par son prédécesseur.

À l'issue des élections législatives, le 21 juillet, son parti obtient 43,2 % des voix et la majorité absolue des sièges à la Rada, une première depuis l'indépendance du pays. Peu après, il revient sur sa proposition — formulée au soir du scrutin, alors qu'il n'était pas assuré d'obtenir à lui seul la majorité absolue des sièges — de faire alliance avec le parti Voix du chanteur Sviatoslav Vakartchouk, une offre que celui-ci avait de toute façon déclinée. Cette victoire, qui traduit un désir de renouvellement de la classe politique, amène à la Rada de nombreux députés n'ayant pas d'expérience politique. Le 29 août 2019, Zelensky nomme Oleksi Hontcharouk, un juriste de 35 ans, pour occuper la fonction de Premier ministre. Il appelle le Parlement à un « travail minutieux pour le bien du peuple ukrainien », et affirme qu'il le dissoudrait dans le cas contraire. 

Politique intérieure

Le 3 septembre, le Parlement abolit l'immunité parlementaire. Cependant, les députés ne peuvent pas être poursuivis pour des raisons politiques. Le 10 septembre est adoptée une loi qui précise les modalités de destitution du président d'Ukraine. Le 27 septembre, Oleksandr Daniliouk présente sa démission de la tête du Conseil de sécurité nationale, dans le contexte de l'emprise supposée de Kolomoïsky sur Zelensky et du statut de PrivatBank. Quelque 10 000 personnes, dont des combattants de la guerre du Donbass, se rassemblent le 6 octobre 2019 sur la place de l'Indépendance pour protester contre le projet de Zelensky d'accorder l'autonomie au Donbass séparatiste. 

Zelensky Volodymyr

Politique étrangère

Pour sa première visite à l'étranger, au début du mois de juin 2019, Zelensky choisit Bruxelles et ses institutions européennes. Il insiste sur l'importance pour l'Ukraine d'« intégrer l'UE et l'OTAN en tant que membre à part entière », affirmant qu'il s'agit de « la priorité de [sa] politique étrangère ». Un échange de prisonniers a lieu le 7 septembre 2019 entre l’Ukraine et la Russie, avec 35 personnes échangées de chaque côté. Parmi les Ukrainiens, figurent le réalisateur ukrainien Oleh Sentsov et les marins capturés par la Russie au cours de l'incident du détroit de Kertch.

En septembre 2019, la teneur d'une conversation — révélée par un lanceur d'alerte — qu'il a eue deux mois auparavant avec le président américain, Donald Trump, conduit au déclenchement de la controverse concernant Donald Trump et l'Ukraine : ce dernier est soupçonné d’avoir demandé au chef de l’État ukrainien d’enquêter sur Hunter Biden, fils de Joe Biden, pressenti pour être candidat à l’élection présidentielle américaine de 2020. Zelensky, accusé de faiblesse par l’opposition, nie l’hypothèse qu’il ait pu céder à toute pression.

Invasion russe de l'Ukraine

Le matin du 24 février 2022, peu avant que Vladimir Poutine annonce que la Russie lance une « opération militaire spéciale » dans la région du Donbass, Zelensky s'adresse à la télévision à son peuple en ukrainien et aux Russes en russe. Il dit qu'une invasion russe « pourrait être le début d'une grande guerre sur le continent européen » et avoir cherché vainement à parler au président russe. Il appelle les Russes à rejeter une attaque et affirme qu'on leur ment à propos de l'Ukraine. L'opération militaire spéciale commencent par des frappes de cibles militaires en Ukraine par des missiles russes. Zelensky proclame alors la loi martiale et annonce que l'Ukraine rompt ses relations diplomatiques avec la Russie. Le même jour, il décrète la mobilisation générale et déclare le soir aux dirigeants européens : « C’est peut-être la dernière fois que vous me voyez vivant ».

Le 25 février, Zelensky déclare que malgré les déclarations russes selon lesquelles seuls sont visés les sites militaires, des sites civils sont aussi frappés. Tôt le matin, il déclare que les services secrets ukrainiens l'ont identifié comme la première cible de la Russie mais qu'il reste à Kiev et que sa famille reste dans le pays. « Ils veulent détruire l'Ukraine politiquement en détruisant le chef de l'État », précise-t-il alors. Tôt le lendemain, au cours du plus important assaut russe jusqu'alors contre Kiev, le gouvernement des États-Unis presse Zelensky d'évacuer vers un site plus sûr et se dit prêt à l'aider dans cette entreprise. Toutefois, le président ukrainien refuse cette offre et choisit de rester avec ses forces de défense, déclarant : « le combat est ici [à Kiev] ; j'ai besoin de munitions et pas d'un chauffeur ». Le 27 février, Zelensky annonce qu'une délégation ukrainienne rencontrera une délégation russe près de la frontière ukraino-biélorusse pour des négociations de paix sans pré-condition. 

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article