Beaune Clément

Publié le par Mémoires de Guerre

Clément Beaune, né le 14 août 1981 à Paris, est un haut fonctionnaire et homme politique français. De 2017 à 2020, il est conseiller spécial d'Emmanuel Macron au palais de l'Élysée sur les questions européennes, puis son conseiller G20. Le 26 juillet 2020, il devient secrétaire d'État chargé des Affaires européennes dans le gouvernement Castex puis le 20 mai 2022 ministre délégué chargé de l'Europe dans le gouvernement Borne

Beaune Clément
Famille et formation

Clément Beaune est le fils d'une infirmière d'origine russe et d'un professeur de médecine à l’hôpital Necker-Enfants malades, également enseignant-chercheur. Issu d’une famille de gauche, il indique que son père était mitterrandien ; selon Le Point, celui-ci « a milité au PS, dans les rangs rocardiens ». Il a un frère médecin et une sœur qui travaille dans les assurances. Son arrière-grand-père Israel Naroditzki a été déporté et assassiné à Auschwitz. Il grandit dans le 17e arrondissement de Paris. Il est diplômé de l'Institut d'études politiques de Paris. Il effectue un séjour universitaire en Irlande dans le cadre du programme Erasmus. Il est également diplômé du Collège d'Europe (promotion 2004-2005) et de l'École nationale d'administration (ENA), promotion Willy-Brandt.

Parcours professionnel et politique

Débuts

À sa sortie de l'ENA en 2009, il commence sa carrière à la direction du Budget, en qualité d’adjoint au chef du bureau des lois de finances. De 2012 à 2014, il exerce au cabinet de Jean-Marc Ayrault, alors Premier ministre, comme conseiller budgétaire. Il fait ensuite un bref passage comme conseiller à la Représentation permanente de la France auprès de l'Union européenne à Bruxelles en 2014, avant d'intégrer le cabinet d'Emmanuel Macron — dont il est devenu ami — au ministère de l'Économie, où il s'occupe des Affaires européennes jusqu'en 2016. De 2016 à 2017, il est adjoint au directeur général d'ADP Management. 

Conseiller spécial d'Emmanuel Macron au palais de l'Élysée

Resté proche d'Emmanuel Macron lors de sa campagne présidentielle, il ne fait néanmoins pas partie de sa garde rapprochée, surnommée « les mormons », qui s'expose lors de la cérémonie d’investiture : selon Libération, « c’est qu’à la différence de ces derniers, des purs politiques, il était moins impliqué dans la stratégie de conquête du pouvoir que dans la manière de l’exercer ». Après l'élection d'Emmanuel Macron à la présidence de la République, Clément Beaune devient conseiller spécial de celui-ci sur les questions européennes, puis conseiller G20. Il se distingue de ses prédécesseurs à cette fonction par le fait de ne pas être diplomate de formation. Il écrit la trame de la plupart des discours d'Emmanuel Macron sur l’Europe à partir de celui prononcé, en tant que candidat à l'élection présidentielle, à l’université Humboldt de Berlin en janvier 2017. 

Il porte par ailleurs le changement de stratégie consistant à s'adresser à l'ensemble des pays membres de l'Union européenne sans se limiter au couple franco-allemand, ce qui s'illustre notamment par le désaccord exprimé par Emmanuel Macron avec Angela Merkel sur la date de sortie du Royaume-Uni. Il est un temps pressenti pour entrer au gouvernement comme secrétaire d’État aux Affaires européennes en 2019 lors du départ de Nathalie Loiseau, puis pour figurer sur la liste LREM aux élections européennes de 2019 — mais Stéphane Séjourné lui est préféré par Emmanuel Macron. Il joue cependant un rôle majeur dans la définition du projet défendu par la liste LREM, après avoir écrit le discours d'Emmanuel Macron prononcé à la Sorbonne en septembre 2017 sur la « refondation » de l’Union, ou encore la lettre pour une « renaissance » adressée aux Européens en mars 2019. S'il est invisible durant la campagne, « il prépare activement, en coulisse, les alliances et les tractations » prévues après les élections. Son nom est également évoqué pour la présidence de la chaîne Arte ou comme futur commissaire européen. 

Secrétaire d'État chargé des Affaires européennes puis ministre chargé de l'Europe

Il est nommé, le 26 juillet 2020, secrétaire d'État chargé des Affaires européennes auprès du ministre de l'Europe et des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian dans le gouvernement Jean Castex. Sa trajectoire imite celles d'Élisabeth Guigou en 1990 et de Catherine Colonna en 2005, également passées du palais de l'Élysée au ministère des Affaires européennes. En mars 2021, il effectue une visite en Pologne avec pour objectif de renouer un dialogue devenu difficile avec la France depuis l’arrivée au pouvoir du parti Droit et justice en 2015, en particulier s'agissant des droits fondamentaux et de la société civile. Cependant, il se voit refuser, sous prétexte de sécurité sanitaire, l'accès à l’une des zones « libres de l’idéologie LGBT », décrétées par plusieurs dizaines de collectivités locales, sans valeur juridique, avec pour objectif de « protéger les valeurs familiales contre la révolution des mœurs ». Selon Le Monde, « rarement une visite ministérielle dans un pays de l’Union européenne n’avait été autant remplie de symboles et de messages subliminaux incisifs, et marquée, au bout du compte, de tensions avec les autorités hôtes ». Cet épisode lui permet de se faire un nom alors qu'il était jusqu'alors inconnu du grand public. En octobre 2021, il rencontre des associations LGBT à Budapest alors que la Hongrie dirigée par Viktor Orbán est en conflit avec l’Union européenne en raison de ses atteintes répétées à l’État de droit.

En janvier 2022, Le Monde indique qu'« il est difficile d’entendre une note dissonante pour qualifier son action à Bruxelles », qui est saluée par les députés européens Raphaël Glucksmann (Place publique) et Philippe Lamberts, coprésident du groupe des Verts/Alliance libre européenne. En revanche, Arnaud Danjean, député européen Les Républicains, s'il le qualifie de « bon ministre », estime que « ses défauts sont ceux de la macronie : une tendance excessive, et parfois très irritante pour les partenaires européens, à s'attribuer tout ce qui se fait de bien en Europe et qui peut confiner à une forme d'arrogance et de suffisance ». Hubert Védrine considère que Clément Beaune, « parce qu'il a un lien personnel avec le président, joue un vrai rôle dans la vision européenne de Macron, [qu']il a davantage de poids que ses prédécesseurs et [que] son potentiel politique est réel ». Jean-Marc Ayrault, ancien ministre des Affaires étrangères, estime qu'il « a su habilement se démarquer de la tutelle de Jean-Yves Le Drian ». Selon Les Échos, il a très vite gagné « une visibilité médiatique rare à [son] poste ».

Il fait partie des ministres habilités à s'exprimer sur les sujets sensibles liés à la pandémie de Covid-19, tels que la suspension du vaccin AstraZeneca, l'hypothèse d'un passeport vaccinal, l'acheminement des doses, ou encore la concurrence avec les Russes et les Chinois. En septembre 2021, il déclare dans un entretien que la majorité présidentielle « incarne le camp de la raison et de la République », et subit un recadrage de Gabriel Attal, porte-parole du gouvernement, avec l'aval du palais de l'Élysée, affirmant que la raison et la République ne peuvent être l’apanage d’un seul parti. Il assure quant à lui qu'« il n’y a eu aucun recadrage du président ou du Premier ministre ». Par ailleurs, il s'oppose publiquement aux déclarations de Jean-Michel Blanquer, ministre de l’Éducation, contre l'« islamo-gauchisme » qui menacerait l'université. Selon L'Obs, il « s'est imposé comme un rouage essentiel de la macronie ». Il se distingue au sein de l'exécutif par ses bonnes relations avec les journalistes. Le Monde indique en janvier 2022 qu'il est « protégé par son statut quasi officiel de chouchou du président », et voit le « signe de sa montée en puissance » dans le fait qu'« il donne de plus en plus d’interviews politiques » et « suggère des mesures pour le programme du futur candidat (il a défendu l’idée du vote à 16 ans) ». Il a l'intention de se présenter aux élections législatives de 2022 en Île-de-France, puis de rester au gouvernement, de préférence au ministère de l'Économie. Clément Beaune se présente aux élections légistlatives 2022 dans la septième circonscription de Paris investi par Ensemble ! majorité présidentielle. Le 20 mai 2022, il est nommé ministre délégué chargé de l'Europe dans le gouvernement Borne

Engagement et positionnement politique

Il crée une antenne de La Gauche moderne à Sciences-Po, au début des années 2000. Se définissant comme « deloriste », il vote « avec enthousiasme » pour Lionel Jospin au premier tour de l'élection présidentielle de 2002, puis adhère au Parti socialiste (dans la section du 9e arrondissement de Paris) peu après la qualification de Jean-Marie Le Pen au second tour, mais le quitte quelques mois plus tard. Il participe à la campagne présidentielle de François Hollande en 2011-2012. Sous la présidence d'Emmanuel Macron, il est à la tête du pôle « idées » de La République en marche. En novembre 2020, il rejoint le parti Territoires de progrès, situé à l'aile gauche de la majorité présidentielle. En juillet 2021, il intègre le bureau exécutif de LREM, élu sur la liste conduite par Richard Ferrand. Le Monde le présente comme un « modéré de gauche ». Au sujet de la présidence de François Hollande, le journal indique qu'il « ne crache pas dans la soupe » mais qu'il déplore « l’absence de fierté » dans les réformes engagées, ainsi que la nomination de Manuel Valls à Matignon, dont il rejette « sa forme de brutalité, de dureté dans le discours ». Il défend le déplacement des élections législatives avant l'élection présidentielle. Il est membre du club Le Siècle. 

Filmographie

Il fait une apparition dans la série télévisée franco-germano-belge (Saison 2) Parlement (2022), où il interprète son propre rôle de secrétaire d'État auprès du ministre de l'Europe et des Affaires étrangères. 

Vie privée

En décembre 2020, il fait état de son homosexualité dans un entretien accordé au magazine Têtu. 

Décoration
  • Officier de l'Ordre du Mérite de la République italienne
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