Néa Dimokratía (ND)
La Nouvelle Démocratie (Νέα Δημοκρατία / Néa Dimokratía, ΝΔ ou ND) est un parti politique grec conservateur, fondé le 4 octobre 1974 par Konstantínos Karamanlís.
Deux mois seulement après être revenu au pouvoir après la chute de la dictature des colonels en juillet 1974, Konstantínos Karamanlís fonde la Nouvelle Démocratie, un parti en vue de canaliser le soutien dont il dispose dans la population. Celle-ci remporte largement les élections de novembre 1974 (54,37 %). Le slogan durant ce scrutin est « Karamanlis ou les tanks ». L'organisation de jeunes du parti est fondée au même moment : c'est l'Organisation de jeunesse de Nouvelle Démocratie. Karamanlis conçoit Nouvelle Démocratie comme un parti moderne et progressiste de centre-droit. Dans sa conférence nationale de 1979, la Nouvelle Démocratie définit son idéologie de « libéralisme radical », c’est-à-dire une double insistance : sur l'économie de marché d'abord, mais aussi sur l'intervention « décisive » de l'État pour maintenir la justice sociale. La Nouvelle Démocratie regroupe également des personnalités d’extrême droite issues de la dictature des colonels.
Le parti remporte également les élections législatives de 1977 : s’il n’obtient que 41,88 % des suffrages, en revanche il obtient une confortable majorité au Parlement. Karamanlis est confirmé à son poste de Premier ministre. Il s’attache à redéfinir les relations de la Grèce avec l’OTAN, et tente de résoudre la question chypriote, à la suite de l’invasion de l’île par la Turquie. Il favorise l’entrée de la Grèce au sein de la Communauté économique européenne (CEE), effective en 1981. Karamanlis est très critiqué par les partis d’opposition (hostiles, par ailleurs, à l’intégration de la Grèce) pour n’avoir pas organisé de référendum sur cette question. En 1980, Karamanlis se retire au profit de Geórgios Rállis qui est défait par le PASOK lors des élections législatives de 1981.
En juin 1989, Nouvelle Démocratie revint au pouvoir au sein d’une coalition gouvernementale dirigée par Tzannís Tzannetákis et rassemblant notamment la Coalition de Gauche et de Progrès (gauche communiste et non communiste). Cette participation à un gouvernement de coalition est prolongée au sein du gouvernement de Xenophón Zolótas (novembre 1989-avril 1990). Au lendemain de nouvelles élections tenues le 8 avril 1990, Nouvelle Démocratie est en situation de gouverner seule (gouvernement de Konstantínos Mitsotákis). En 1993, Nouvelle Démocratie est évincée du pouvoir par le PASOK et connaît une longue période de défaites électorales (1996 et 2000). En janvier 2004, l’impopularité grandissante du gouvernement de Konstantínos Simítis conduit ce dernier à annoncer la tenue d’élections anticipées pour le 7 mars. Nouvelle Démocratie remporte le scrutin face au PASOK. Kóstas Karamanlís devint Premier ministre et remporte de nouveau les élections en septembre 2007.
Après la défaite de ND lors des élections d'octobre 2009, Antónis Samarás est élu comme chef du parti pour remplacer Kostas Karamanlis. Au début de la crise de la dette publique grecque, de 2009 à 2011, le parti a tout d'abord une attitude hostile aux mesures proposées par le gouvernement de Giórgos Papandréou pour résoudre la crise. Il commence cependant à se diviser : plusieurs figurent marquantes du parti sont exclues ou le quittent en raison de leur opposition à la ligne d'opposition de Samaras (cinq députés en mai et novembre 2010, dont Dóra Bakoyánni, qui réintègrera cependant le parti lors des juin 2012). Le parti subit la concurrence de plusieurs nouvelles formations du centre libéral, comme l'Alliance démocrate (DISY) et Drassi, tout comme celle, à droite, des partis eurosceptiques et anti-mémorandum comme les Grecs indépendants de Pános Kamménos et du LAOS.
Le parti change cependant de ligne lors de la constitution en novembre 2011 du gouvernement d'unité nationale dirigé par Loukás Papadímos. Il soutient alors les mesures de celui-ci, sans toutefois siéger au gouvernement. Après les élections indécises de mai 2012, ND revient au pouvoir en juin 2012 à la tête du gouvernement Samarás, qui s'appuie sur une coalition ND-PASOK-DIMAR. Il le perd toutefois en janvier 2015 au profit de la gauche radicale de SYRIZA, dirigée par Aléxis Tsípras. Ayant appelé à voter oui au référendum de juillet 2015 sur le plan d'aide européen à la Grèce, où le non l'emporte avec 61,31 % des voix, Antonis Samaras démissionne de la présidence du parti. Le président par intérim, Evángelos Meïmarákis, ancien président du Parlement de 2012 à 2015, dispute les élections de septembre 2015, à l'issue desquelles il conserve sa place de leader de l'opposition. Il organise également l'élection du nouveau président du parti, où il se présente, laissant la direction par intérim à Ioánnis Plakiotákis.
Le 20 décembre 2015, le premier tour de l'élection du nouveau président du parti oppose Evángelos Meïmarákis (39,80 %), Kyriákos Mitsotákis (28,50 %), Apostolos Tzitzikostas (20,30 %) et Spyrídon-Ádonis Georgiádis (11,40 %). Les deux premiers (Meïmarakis et Mitsotakis) s'opposent lors d'un second tour, prévu le 10 janvier 2016. En juin 2019, après sa « victoire écrasante » lors des élections européennes sur la gauche du Premier ministre Aléxis Tsípras, la ND remporte les mairies d'Athènes et de Thessalonique ainsi que la quasi-totalité des régions grecques16. Il remporte également les élections législatives anticipées de juillet 2019 avec 39,8 % des voix (contre 31,5 % pour son principal adversaire, Syriza). La Nouvelle Démocratie est notamment parvenue à attirer les personnalités et électeurs d’extrême droite. Une partie de l'électorat d'Aube dorée s'est tournée vers elle, mais aussi les principales figures de l'Alerte populaire orthodoxe, dont son ancien dirigeant Spyrídon-Ádonis Georgiádis (nommé ministre de la Croissance et des investissements dans le nouveau gouvernement de Kyriakos Mitsotakis) ou encore Mavroudís Vorídis (devenu ministre de l'Agriculture et porte-parole de Nouvelle démocratie). L'historien Dimitris Kousouris indique que « le parti veut créer un bloc assez large avec toutes les forces conservatrices et nationalistes, et on y retrouve plusieurs politiciens d'extrême droite. »
Idéologie
Le parti dénonce l’accord de Prespa, passé en 2018, sur la reconnaissance de la Macédoine du Nord et accuse le premier ministre Alexis Tsipras d'avoir « trahi la nation », adoptant une rhétorique nationaliste. En vue des élections législatives de juillet 2019, il promet de baisser la TVA, les impôts sur les bénéfices des entreprises, l'accélération des privatisations, l'externalisation de certains services publics et la mise en place d'un programme d’« évaluation » des fonctionnaires. L'universitaire Filippa Chatzistavrou relève qu'à l'issue des élections parlementaires de 2019, la chute d'Aube dorée et l'ouverture de la Nouvelle Démocratie sur sa droite « ont permis de réunir une droite xénophobe, une droite populiste-nationaliste et un centre-droit libéral. Ce mélange politique s'articule autour de trois pôles : Une forme d'autoritarisme dans la gestion de l'État ; un agenda très libéral sur le plan économique ; un populisme nativiste qui met en avant les politiques identitaires. » Le journaliste Dimitris Psarras, spécialiste de l’extrême droite grecque, note également que « Nouvelle Démocratie a des liens forts avec l’extrême droite ».
Dirigeants
- Konstantinos Karamanlis (1974-1980)
- Geórgios Rállis (1980-1981)
- Evángelos Avéroff (1981-1984)
- Konstantínos Mitsotákis (1984-1993)
- Miltiádis Évert (1993-1997)
- Kóstas Karamanlís (21 mars 1997-30 novembre 2009)
- Antónis Samarás (30 novembre 2009-5 juillet 2015)
- Evángelos Meïmarákis (intérim, 5 juillet-24 novembre 2015)
- Ioánnis Plakiotákis (intérim, du 24 novembre 2015 au 10 janvier 2016)
- Kyriákos Mitsotákis (depuis le 10 janvier 2016)