Bogart Humphrey
Humphrey Bogart est un acteur américain né le 25 décembre 1899 à New York et mort le 14 janvier 1957 à Los Angeles. Surnommé « Bogey » ou « Bogie » a par son public, il demeure encore aujourd’hui l'un des mythes les plus incontestables de l’histoire du cinéma. En 1952, il remporte l’Oscar du meilleur acteur pour son rôle dans L'Odyssée de l'African Queen. En 1999, il est classé par l’American Film Institute comme étant la plus grande vedette de cinéma masculine de tous les temps. Le film Casablanca, dans lequel il joue le rôle principal au côté d'Ingrid Bergman, est régulièrement cité parmi les cinq meilleurs films de l'histoire du cinéma. L'image d'Humphrey Bogart est liée à son allure, sanglé dans son imperméable, le visage plus ou moins marqué sous le feutre mou du détective privé, son rictus de dérision perpétuelle, son geste machinal de tirer le lobe de son oreille et sa perpétuelle cigarette. Son jeu était toujours naturel. Bogart est notamment connu pour sa liaison et son mariage avec l'actrice Lauren Bacall, avec laquelle il a tourné plusieurs films notamment Le Port de l'angoisse (1944) et Le Grand Sommeil (1946).
Humphrey DeForest Bogart naît à New York. Son père, le docteur Belmont DeForest Bogart, est un chirurgien expérimenté de confession presbytérienne et de tendance républicaine. Sa mère, Maud Humphrey, est une dessinatrice pour magazines de confession épiscopalienne et de tendance conservatrice. Il est élevé en tant qu'épiscopalien ; il est principalement d'ascendance néerlandaise (Bogart dérive du nom néerlandais Bogaert) et britannique. Il a notamment pour ancêtres le roi Édouard III et son épouse Philippa de Hainaut, ce qui fait de lui un descendant de nombreux monarques médiévaux. Il a deux sœurs cadettes, France (née en 1901) et Catherine Elizabeth (née en 1903). Il est aussi cousin au septième degré de Diana Spencer (Lady Di). Issus d’un milieu aisé, les Bogart vivent dans un appartement de l’Upper West Side et possèdent un cottage au bord du lac Canandaigua, non loin du lac Ontario. Alors que Belmont Bogart se drogue à la morphine, son épouse Maud est alcoolique ; tous deux se battent continuellement. Ainsi, le jeune Bogart est-il principalement élevé par une nourrice irlandaise.
Humphrey Bogart fréquente d’abord la Trinity School de New York, puis la Phillips Academy de Andover. Très tôt, son père l’encourage à devenir médecin. Belmont et Maud Humphrey souhaitent que leur fils entre à l'université Yale, mais il est exclu de la Phillips Academy à cause de problèmes disciplinaires, et préfère rejoindre la marine de guerre. Pendant la Première Guerre mondiale, il est blessé à la lèvre, ce qui lui laissera sa fameuse cicatrice. Il commence à jouer sur une scène de Brooklyn en 1921, sans jamais avoir pris de leçon de comédie. À Broadway entre 1922 et 1935, il apparaît dans dix-sept pièces de théâtre ; la dernière est La Forêt pétrifiée où il interprète Duke Mantee, rôle qu’il reprendra en 1936 dans l'adaptation au cinéma sous le même titre qui le rendra célèbre.
Humphrey Bogart entame des études de médecine et s'engage finalement dans la marine durant la Première Guerre mondiale. Il en ramènera une blessure à la lèvre. Démobilisé, il se tourne vers le théâtre, débutant comme régisseur en 1918. Sa rencontre avec le producteur William A. Brady l'amène à apparaître pour la première fois à l'écran dans Life (1920) de Travers Vale. Après s'être produit une quinzaine d'années sur les planches, il remporte son premier succès cinématographique en 1935 avec La Forêt pétrifiée, l'adaptation d'une pièce qu'il a jouée au théâtre avec Leslie Howard.
Embauché par les studios Warner Bros., il se spécialise dans les rôles secondaires de gangsters, tournant entre autres sous la direction de Michael Curtiz pour Le Dernier round (1937) et Les Anges aux figures sales (1938) et de William Wyler pour Rue sans issue (1937). En 1941, sa carrière prend un nouveau tournant avec La Grande évasion de Raoul Walsh. Le malfrat vieillissant Roy Earle, rôle pour lequel était initialement pressenti George Raft, est le premier de ses personnages à bénéficier d'une épaisseur humaine. La même année, il prête ses traits au privé Sam Spade dans Le Faucon maltais de John Huston, puis cinq ans plus tard au Philip Marlowe de Raymond Chandler dans Le Grand sommeil (1946), devenant ainsi l'archétype du détective du film noir.
Ses longs métrages suivants prennent pour cadre la Seconde Guerre mondiale et mettent en avant son côté aventurier : "Bogey" doit entraver les plans d'un dangereux espion lié aux Japonais dans Griffes jaunes (1942), il est un Américain en exil à Casablanca dans le film de Michael Curtiz qui lui permet d'accéder au statut de star internationale, il dirige l'équipage d'un tank dans Sahara (1943) et incarne un loup de mer, engagé contre son gré dans la Résistance à la Martinique, dans Le Port de l'angoisse (1945). C'est sur le tournage de ce dernier long métrage qu'il rencontre Lauren Bacall, une jeune comédienne qu'il épousera quelques mois après et à qui il donnera de nouveau la réplique dans les films noirs Les Passagers de la nuit (1947) et Key Largo (1948).
A partir de 1949, Humphrey Bogart alterne thrillers juridiques et récits d'aventure. Dans la première catégorie, il incarne un avocat prenant la défense d'un délinquant dans Les Ruelles du malheur (1949), un scénariste accusé du meurtre d'une serveuse dans Le Violent (1950) ainsi qu'un juge protégeant un témoin dans La Femme à abattre (1951). S'inscrivant dans le deuxième registre, African Queen lui vaut l'Oscar du Meilleur acteur en 1952, tandis qu'Edward Dmytryk l'imagine en officier névrosé et suicidaire pour Ouragan sur le Caine (1954). Bogey s'essaie également à la comédie en interprétant le Sabrina de Billy Wilder, mais les deux hommes entretiennent des rapports conflictuels durant le tournage. C'est l'échec commercial du drame de Joseph L. Mankiewicz, La Comtesse aux pieds nus, qui le pousse, à la fin de sa carrière, à retrouver des rôles plus "virils" comme en témoignent ses dernières performances dans La Maison des otages (1955) et Plus dure sera la chute (1956).
Maladie et décès
Humphrey Bogart tombe malade au milieu des années 1950. Atteint d’un cancer de l’œsophage, il refuse de consulter un médecin avant janvier 1956, mais il est déjà trop tard. Il meurt le 14 janvier 1957 à Hollywood, à l'âge de 57 ans. Ses funérailles ont lieu à la All Saints Episcopal Church. Il est enterré au Forest Lawn Memorial Park, à Glendale. Sur sa tombe est écrite une allusion à une phrase célèbre de son premier film avec Lauren Bacall dans laquelle celle-ci disait : « Vous savez siffler, n'est-ce pas, Steve ? Si vous voulez quelque chose, sifflez simplement (If you want anything, just whistle) ». Son ami John Huston prononça son éloge funèbre en ces termes : « Il avait reçu le plus beau de tous les dons, le talent. Le monde entier l'a reconnu, la vie lui a donné tout ce dont il rêvait et même plus ; nous ne devons pas être désolés pour lui mais plutôt pour nous qui l'avons perdu. Il est irremplaçable. Il n'y aura jamais personne comme lui... ».
Vie privée
Le 20 mai 1926, Humphrey Bogart épouse Helen Menken à New York et en divorce le 18 novembre 1927. Il épouse en secondes noces Mary Philips le 3 avril 1928 à Hartford mais ils divorcent le 21 juin 1937. Puis, il se marie avec Mayo Methot le 21 août 1938 à Los Angeles et en divorce le 10 mai 1945. Enfin, il épouse l'actrice Lauren Bacall le 21 mai 1945 à Cleveland. Ce fut son unique mariage heureux. Ils sont restés mariés jusqu'au décès de Bogart, et ont eu deux enfants : Stephen Humphrey Bogart (né le 6 janvier 1949), devenu écrivain — auteur notamment d'un livre sur son père — et Leslie Howard Bogart (née le 23 août 1952), devenue infirmière.
Engagements
Pendant la Seconde Guerre mondiale, Humphrey Bogart participe en 1942, avec d’autres stars du cinéma, à la Hollywood Victory Caravan, une tournée en train de deux semaines à travers les États-Unis destinée à récolter des fonds pour le soutien à l'effort de guerre. Pour faire face au Comité des activités antiaméricaines, il est membre du Comité pour le premier amendement (donc en faveur de la liberté d'expression), co-fondé par Philip Dunne, Myrna Loy, John Huston et William Wyler.
Récompenses
- Oscars 1952 : Oscar du meilleur acteur pour L'Odyssée de l'African Queen.
Nominations
- Oscars 1944 : nomination à l'Oscar du meilleur acteur pour Casablanca
- BAFA 1953 : nomination au BAFTA du meilleur acteur étranger pour L'Odyssée de l'African Queen.
- Oscars 1955 : nomination à l'Oscar du meilleur acteur pour Ouragan sur le Caine.
Hommages
- 1999 : 1er du classement AFI's 100 Years... 100 Stars de l’American Film Institute comme la « plus grande star masculine de tous les temps ».
- L'acteur possède une étoile sur le Hollywood Walk of Fame (le « trottoir des célébrités »), au 6322 Hollywood Boulevard.
- 1930 : Up the River de John Ford : Steve Jordan
- 1930 : A Devil with Women d'Irving Cummings : Tom Standish
- 1931 : Body and Soul d'Alfred Santell : Jim Watson
- 1931 : The Bad Sister d'Hobart Henley : Valentine Corliss
- 1931 : A Holy Terror d'Irving Cummings : Steve Nash
- 1932 : Love Affair de Thornton Freeland : Jim Leonard
- 1932 : Une allumette pour trois (Three on a Match) de Mervyn LeRoy : Harve
- 1934 : Midnight de Chester Erskine : Gar Boni
- 1936 : La Forêt pétrifiée (The Petrified Forest) d'Archie Mayo : Duke Mantee
- 1936 : Guerre au crime (Bullets or Ballots) de William Keighley : 'Bugs' Fenner
- 1936 : Two Against the World de William C. McGann : Sherry Scott
- 1936 : Courrier de Chine (China Clipper) de Ray Enright : Hap Stuart
- 1936 : L'Île de la furie (Isle of Fury) de Frank McDonald : Valentine 'Val' Stevens
- 1937 : La Légion noire (Black Legion) d'Archie Mayo : Frank Taylor
- 1937 : Septième district (The Great O'Malley) de William Dieterle : John Phillips
- 1937 : Femmes marquées (Marked Woman) de Lloyd Bacon : David Graham
- 1937 : Le Dernier round (Kid Galahad) de Michael Curtiz : Turkey Morgan
- 1937 : San Quentin de Lloyd Bacon : Joe 'Red' Kennedy
- 1937 : Rue sans issue (Dead End) de William Wyler : 'Baby Face' Martin
- 1937 : Stand-In de Tay Garnett : Doug Quintain
- 1938 : Swing Your Lady de Ray Enright : Ed Hatch
- 1938 : L'École du crime (Crime School) de Lewis Seiler : Mark Braden
- 1938 : Les Hommes sont si bêtes (Men Are Such Fools) de Busby Berkeley : Harry Galleon
- 1938 : Menaces sur la ville (Racket Busters) de Lloyd Bacon : John 'Czar' Martin
- 1938 : Le Mystérieux docteur Clitterhouse (The Amazing Dr. Clitterhouse) d'Anatole Litvak : 'Rocks' Valentine
- 1938 : Les Anges aux figures sales (Angels with Dirty Faces) de Michael Curtiz : James Frazier
- 1939 : Hommes sans loi (King of the Underworld) de Lewis Seiler : Joe Gurney
- 1939 : Terreur à l'ouest (The Oklahoma Kid) de Lloyd Bacon : Whip McCord
- 1939 : Le Châtiment (You can't Get Away with Murder) de Lewis Seiler : Frank Wilson
- 1939 : Victoire sur la nuit (Dark Victory) d'Edmund Goulding : Michael O'Leary
- 1939 : Les Fantastiques années 20 (The Roaring Twenties) de Raoul Walsh : George Hally
- 1939 : Le Retour du docteur X (The Return of Doctor X) de Vincent Sherman : Dr. Maurice Xavier, alias Marshall Quesne
- 1939 : Invisible Stripes de Lloyd Bacon : Chuck Martin
- 1940 : La Caravane héroïque (Virginia City) de Michael Curtiz : John Murrell
- 1940 : Rendez-vous à minuit (It All Came True) de Lewis Seiler : Grasselli / Chips Maguire
- 1940 : Brother Orchid de Lloyd Bacon : Jack Buck
- 1940 : Une femme dangereuse (They Drive by Night) de Raoul Walsh : Paul Fabrini
- 1941 : La Grande Évasion (High Sierra) de Raoul Walsh : Roy Earle
- 1941 : The Wagons Roll at Night de Ray Enright : Nick Coster
- 1941 : Le Faucon maltais (The Maltese Falcon) de John Huston : Samuel Spade
- 1941 : Échec à la Gestapo (All Through the Night) de Vincent Sherman : Gloves Donahue
- 1942 : Le Caïd (The Big Shot) de Lewis Seiler : Joseph 'Duke' Berne
- 1942 : Griffes jaunes (Across the Pacific) de John Huston : Rick Leland
- 1942 : Casablanca de Michael Curtiz : Rick Blaine
- 1943 : Convoi vers la Russie (Action in the North Atlantic) de Lloyd Bacon : Joe Rossi
- 1943 : Sahara de Zoltan Korda : Joe Gunn
- 1943 : Remerciez votre bonne étoile (Thank your lucky stars) de David Butler : lui-même
- 1944 : Passage pour Marseille (Passage to Marseille) de Michael Curtiz : Jean Matrac
- 1944 : Le Port de l'angoisse (To Have and Have Not) d'Howard Hawks : Harry Morgan
- 1945 : La Mort n'était pas au rendez-vous (Conflict) de Curtis Bernhardt : Richard Mason
- 1946 : Le Grand Sommeil (The Big Sleep) de Howard Hawks : Philip Marlowe
- 1947 : En marge de l'enquête (Dead Reckoning) de John Cromwell
- 1947 : La Seconde Madame Carroll (The Two Mrs. Carrolls) de Peter Godfrey : Geoffrey Carroll
- 1947 : Les Passagers de la nuit (Dark Passage) de Delmer Daves : Vincent Parry alias Alan Lynell
- 1948 : Le Trésor de la Sierra Madre (The Treasure of the Sierra Madre) de John Huston : Fred C. Dobbs
- 1948 : Key Largo de John Huston : Frank McCloud
- 1949 : Les Ruelles du malheur (Knock at Any Door) de Nicholas Ray : Andrew Morton
- 1949 : Tokyo Joe de Stuart Heisler : Joe Barrett
- 1950 : Pilote du diable (Chain Lightning) de Stuart Heisler : Matt Brennan
- 1950 : Le Violent (In a Lonely Place) de Nicholas Ray : Dixon Steele
- 1951 : La Femme à abattre (The Enforcer) de Bretaigne Windust : Martin Ferguson
- 1951 : Sirocco de Curtis Bernhardt : Harry Smith
- 1951 : L'Odyssée de l'African Queen (The African Queen) de John Huston : Charlie Allnut
- 1952 : Bas les masques (Deadline - U.S.A.) de Richard Brooks : Ed Hutcheson
- 1953 : Le Cirque infernal (Battle Circus) de Richard Brooks : Jed Webbe
- 1953 : Plus fort que le diable (Beat the Devil) de John Huston : Billy Dannreuther
- 1954 : Ouragan sur le Caine (The Caine Mutiny) d'Edward Dmytryk : Francis Philip Queeg
- 1954 : Sabrina de Billy Wilder : Linus Larrabee
- 1954 : La Comtesse aux pieds nus (The Barefoot Contessa) de Joseph L. Mankiewicz : Harry Dawes
- 1955 : La Cuisine des anges (We're No Angels) de Michael Curtiz : Joseph
- 1955 : La Main gauche du Seigneur (The Left Hand of God) d'Edward Dmytryk : James Carmody, alias Père Peter John O'Shea
- 1955 : La Maison des otages (The Desperate Hours) de William Wyler : Glenn Griffin
- 1956 : Plus dure sera la chute (The Harder They Fall) de Mark Robson : Eddie Willis
- 1922 : Drifting de John Colton et D. H. Andrews, mise en scène de John Cromwell, avec Alice Brady, Lumsden Hare, Robert Warwick
- 1922 : Swifty de John Peter Toohey et Walter C. Percival
- 1923-1924 : Meet the Wife de Lynn Starling, avec Mary Boland, Clifton Webb
- 1924 : Nerves de John Farrar et Stephen Vincent Benét, avec Walter Baldwin, Paul Kelly, Mary Philips
- 1925 : Hell's Bells de Barry Conners, avec Shirley Booth
- 1925-1926 : Cradle Snatchers de Norma Mitchell et Russell Medcraft, avec Mary Boland, Raymond Guion, Edna May Oliver
- 1927 : Baby Mine de Margaret Mayo, avec Roscoe "Fatty" Arbuckle, Lee Patrick
- 1927-1928 : Saturday's Children de Maxwell Anderson, avec Beulah Bondi, Ruth Gordon
- 1929 : Skyrocket de Mark Reed, avec Howard Freeman, Mary Philips, Ian Wolfe
- 1929-1930 : It's a Wise Child de Laurence E. Johnson, mise en scène et production de David Belasco, avec Porter Hall, Sidney Toler, Minor Watson
- 1931 : After All de John Van Druten, avec Helen Haye, Walter Kingsford
- 1932 : I loved you Wednesday de Molly Ricardel et William Du Bois, avec Henry Fonda, Rose Hobart, Henry O'Neill
- 1932 : Chrysalis de Rose Albert Porter, avec Elisha Cook Jr., Thurston Hall, Elia Kazan, Margaret Sullavan
- 1933 : Our Wife de Lyon Mearson et Lillian Day, avec Rose Hobart, June Walker
- 1933 : The Mask and the Face de William Somerset Maugham, avec Leo G. Carroll, Ernest Cossart
- 1934 : Invitation to a Murder de Rufus King, avec Walter Abel, Gale Sondergaard
- 1935 : La Forêt pétrifiée (The Petrified Forest) de Robert Emmet Sherwood, avec John Alexander, Leslie Howard