Conférence d'Évian
La Conférence d'Évian de 1938 fut organisée à l'initiative du président des États-Unis d'Amérique, Franklin D. Roosevelt. Elle se déroula du 6 juillet au 16 juillet 1938 à Évian (France). Son but était de
venir en aide aux réfugiés juifs allemands et autrichiens fuyant le nazisme, peu après l'Anschluss. Elle ne déboucha sur aucune mesure concrète, hormis la création du Comité intergouvernemental
pour les réfugiés (CIR). À la suite de la création du « Grand Reich », le 10 avril 1938, l'afflux de migrants juifs d'origine allemande et autrichienne aux États-Unis augmente considérablement.
Le problème est que seuls 150 000 visas par an sont délivrés, dont 27 000 pour les Allemands et les Autrichiens.
Le Secrétaire d'État des États-Unis, Cordell Hull, et son adjoint, Sumner Welles, proposent au président Franklin Delano Roosevelt d'organiser une conférence internationale pour venir en aide à ces réfugiés. Ne
faisant pas partie de la Société des Nations (SDN), les États-Unis se chargent d'organiser la conférence. La Suisse, pays où réside le siège de la SDN, ne voulant pas recevoir la conférence,
c'est la France qui héberge la conférence dans la ville d'Évian. Cordell Hull souligne qu'aucun des pays
participants à la conférence ne sera dans l'obligation de recevoir les réfugiés. Partant de là, trente-trois pays seront invités. L'Italie de Benito Mussolini refuse de venir, par solidarité avec Hitler. L'URSS décline de même l'invitation. La Hongrie, la Pologne, la Roumanie et l'Afrique du Sud n'envoient que des
observateurs. Ni l'Allemagne, ni le Portugal de Salazar ne sont invités, Washington jugeant avec
raison que vu leurs politiques, ils ne seraient d'aucune aide (à l'époque, les nazis envisagent encore la « solution au problème juif » en tant qu'expulsion massive et relocalisation des
communautés juives hors du Reich, avec par exemple la mise au point du plan Madagascar). Le Royaume-Uni accepte l'invitation, en s'assurant préalablement que Washington n'exigerait de leur part
aucune augmentation des quotas d'immigration.
La conférence s'ouvre le 6 juillet 1938. Pendant plusieurs jours, les différentes délégations feront de nombreux discours expliquant pourquoi leur pays ne peut changer sa législation pour
recevoir les réfugiés juifs. Des organisations non gouvernementales, en majorité juives, assisteront aux séances publiques. Elles seront entendues lors d'une sous-commission pour expliquer leur
point de vue. Finalement, seule la création du Comité intergouvernemental pour les réfugiés (CIR), aussi appelé le Comité d'Évian, sera décidée. Aucune véritable solution ne sera trouvée
concernant l'hébergement des réfugiés juifs. En décembre 1938, Roosevelt demanda à Isaiah Bowman, président de l'Université Johns Hopkins, d'élaborer un plan afin d'accueillir les réfugiés juifs
européens. Le président des États-Unis pense en particulier à l'Amérique latine voire à l'Afrique, imaginant les disperser dans des communautés rurales. Bowman, cependant, n'y est pas favorable.
En mai 1939, le raté du paquebot Saint-Louis, affrété pour Cuba avec à bord près d'un millier de réfugiés juifs, renforce ses doutes sur l'efficacité d'une telle politique. Les États-Unis
refusent d'accueillir les réfugiés refoulés par Cuba, qui leur avait pourtant accordé des visas.
Prenant acte de cet échec, Roosevelt cherche d'autres voies. Début 1942, alors que la Seconde Guerre
mondiale bat son plein, il déclare : « Lorsque cette guerre sera finie, il y aura en Europe et en Asie des milliers ou peut-être des millions de gens qui ne sauront pas où aller. Il faudra
bien que quelqu’un fasse quelque chose – et en grand – pour résoudre ce problème. Si nous voulons être prêts à temps, nous avons intérêt à chercher des réponses dès maintenant. » Robert
Strausz-Hupé, qui sera par la suite chargé du Projet M prévu par Roosevelt, déclarera : « Ni
strictement militaire ni même d’importance politique immédiate, le problème [des réfugiés] mobilisait la générosité humanitaire du Président ; en outre, il n’était pas sans incidence sur la paix
future. »