Geyl Pieter

Publié le par Roger Cousin

Geyl PieterPieter Catharinus Arie Geyl, né le 15 décembre 1887 et mort le 31 décembre 1966, est un historien néerlandais, connu pour ses travaux sur les Provinces-Unies et sur l'historiographie. Geyl naît à Dordrecht en 1887 et sort diplômé de l'université de Leyde en 1913. Sa thèse porte sur Christofforo Suriano, ambassadeur vénitien dans les Provinces-Unies entre 1616 et 1623. Il enseigne l'histoire dans un lycée de Schiedam de 1912 à 1913 avant de devenir le correspondant à Londres du quotidien Nieuwe Rotterdamsche Courant. Il fréquente à Londres de nombreuses personnes d'influence. En 1919, il est nommé professeur d'histoire des Pays-Bas à l'université de Londres où il enseigne jusqu'en 1935, date à laquelle il devient professeur à l'université d'Utrecht.

En 1940, Geyl écrit un article sur le regard des historiens sur Napoléon. Il devait paraître en juin 1940 mais, à la suite de l'invasion allemande des Pays-Bas en mai, les éditeurs décident de reporter la publication de l'article, par crainte des comparaisons qui pourraient être faites entre Napoléon Ier et Adolf Hitler. Geyl se sert de cet article comme base pour une série de cours à Rotterdam. en octobre 1940, Geyl est arrêté par le SD, le service de sécurité de la SS, et emprisonné pendant treize mois au camp de Buchenwald. Il est ensuite interné jusqu'en février 1944 dans une prison néerlandaise jusqu'à sa libération pour des raisons de santé.

En 1945, Geyl devient titulaire de la chaire d'histoire des Pays-Bas à l'université d'Utrecht. Dans son discours d'ouverture, il appelle ses étudiants à désapprouver les mythes politiques et culturels qui pourraient conduire à des mouvements proches du national-socialisme. Il se montre critique à l'égard de la théorie du Sonderweg, selon laquelle l'histoire allemande aurait conduit inévitablement au nazisme. Il défend en particulier l'historien allemande Leopold von Ranke contre l'accusation d'être un « proto-nazi ».

Pieter Geyl est notamment connu pour s'être opposé à l'historien britannique Arnold J. Toynbee, auteur d'une théorie de l'essor et du déclin des civilisations. Geyl accuse Toynbee de sélectionner les exemples et les arguments pour appuyer sa théorie et d'écarter ceux qui iraient dans un sens contraire. Geyl considère sa théorie comme simpliste, ignorant la pleine complexité du passé. Selon lui, la théorie du « défi et réponse » de Toynbee est une définition trop large et attrape-tout pour expliquer les changements historiques. Enfin, il rejetait l'idée de Toynbee selon laquelle le monde occidental serait en déclin.

Pieter Geyl est également connu pour avoir défini l'existence de « Grands Pays-Bas », englobant l'ensemble des territoires européens où le néerlandais est parlé. Selon lui, la séparation des Pays-Bas et de la Flandre au XVIe siècle ne résulte pas de causes « naturelles ». Pour Pieter Geyl, la révolte n'a pas échoué dans le sud à cause de facteurs culturels, politiques et religieux mais à cause de la géographie ; la géographie du Nord, avec ses lacs et ses rivières, favorisait les rebelles tandis que les plaines du Sud favorisaient l'armée espagnole. Sans cette cause géographique, la Flandre aurait fait partie des Provinces-Unies. Cette approche est développée notamment dans De Geschiedenis van de Nederlandse Stam(1930-1959). En 1957, Pieter Geyl reçoit le prix P.C. Hooft pour l'ensemble de son œuvre.

Publié dans Historiens

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