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Revue de presse de l'Histoire - La Seconde guerre mondiale le cinéma les acteurs et les actrices de l'époque - les périodes de conflits mondiales viètnamm corée indochine algérie, journalistes, et acteurs des médias

François de Grossouvre

François Durand de Grossouvre est un médecin français, puis industriel et conseiller du président Mitterrand, né le 29 mars 1918 à Vienne (Isère) et mort le 7 avril 1994 à Paris dans son bureau de l'Élysée. 

François de Grossouvre
François de Grossouvre
Famille

Fils de Maurice Durand de Grossouvre et de Renée Robine, François de Grossouvre descend d'une ancienne famille du Bourbonnais (XVIe siècle) fixée à Grossouvre comme maître de forges en 1779. Gustave Chaix d'Est-Ange écrit que la famille Durand de Grossouvre est anciennement et honorablement connue dans la haute bourgeoisie du Berry et qu'elle acquit en 1785 la terre de Grossouvre dont elle fut autorisée le 28 décembre 1865 par décret de Napoléon III à joindre le nom à son patronyme d'origine. La filiation de la famille Durand de Grossouvre est établie à partir d'Anthoine Durand, notaire royal au Donjon, cité en 1596. Son petit-fils est Barthelemy Durand, né vers 1635, enseigne au régiment de Créquy, puis procureur des terres et juridictions de Châteaumorand et Chaugy, résident au château de Chaugy époux d'Heleine Constancin, fille de Claude, sieur de Vaux et bailli de Châteaumorand (famille citée dès le XIIIe siècle à Cusset). 

Ce sont les arrière-grand parents de Jean-François qui se fixa à Grossouvre en 1779. La seigneurie, le château et le village de Grossouvre se trouvaient en Bourbonnais sous l'ancien régime bien qu'aujourd'hui dans le Cher et non dans l'Allier. François de Grossouvre est un descendant de Jean-François Durand (1737-1802), procureur des terres et juridictions de Châteaumorand, notaire royal, bailli du Breuil puis Maître de Forges et seigneur de Grossouvre. Il acquit la terre de Grossouvre le 6 septembre 1785 après avoir affermé cette seigneurie dès 1779. Le 29 septembre 1785, en compagnie du notaire Dumont, conformément au droit féodal, il porte foi et hommage à « dame Marie Marguerite Frézeau de La Frézelière, veuve du marquis de Bonneval, dame-marquise de Germigny-l’Exempt », acte entériné par des lettres royales du 17 mars 1786.

Il est issu d'une famille de juges et officiers des basses marches du Bourbonnais dont la filiation est établie dès 1596. Anthoine Durand est cité en 1596 au Donjon, son petit-fils Barthélemy Durand, sieur de Saint-Amand, enseigne au régiment de Créquy, mort en 1684, est l'arrière grand-père de Jean-François. C'est par un décret du 28 décembre 1865 de l'empereur Napoléon III que la famille Durand de Grossouvre a été autorisée à joindre régulièrement à son nom celui de Grossouvre. Par sa grand-mère paternelle née Panon du Hazier, Grossouvre est aussi apparenté à la famille Panon Desbassayns de Richemont. François de Grossouvre et sa famille se sont refixées en Bourbonnais (Allier) à la fin des années soixante. En 1923, le banquier Maurice Durand de Grossouvre, père de François (fondateur de la Banque française du Liban, directeur de la banque de Salonique puis de la Société Générale à Beyrouth, ce qui explique les liens étroits de François de Grossouvre avec le Moyen-Orient), meurt des conséquences d'une exposition à l'ypérite pendant la Grande Guerre. François de Grossouvre gardera des attaches affectives fortes avec le Liban (Lydia Homsy, la marraine de son fils cadet Henri, était libanaise). 

Formation

Élevé en France chez les jésuites au lycée Saint-Louis-de-Gonzague (Franklin) dans le 16e arrondissement de Paris, il fait ensuite des études de médecine à Lyon. Bien que n’ayant jamais exercé la médecine dans le civil, il gardera un intérêt pour le sujet et, quadragénaire, il passera un diplôme de rhumatologie. Il participera aussi à la création de la clinique Saint-Louis à Lyon (dans le quartier de Vaise) et du centre anti-migraine de Vichy. 

La guerre

Quand survient la Seconde Guerre mondiale, il est affecté comme médecin auxiliaire à un régiment de tirailleurs marocains, et rejoint ensuite une équipe d'éclaireurs-skieurs dans le Vercors (où sa mère a une maison) ; il y rencontre le capitaine Bousquet, membre de l'un des premiers réseaux de l'Organisation de Résistance de l'Armée (ORA). François de Grossouvre revient à Lyon où il obtient son diplôme de docteur en médecine en 1942, et devient médecin du 11e cuirassiers, commandé par le colonel Lormeau. Il rejoint quelque temps le Service d'ordre légionnaire (SOL), dirigé par Joseph Darnand, mais en 1943 quitte le SOL pour rejoindre le maquis de la Chartreuse (près de Grenoble) et participe aux combats du Vercors. Il avait alors le nom de guerre « Clober » de Claudette Berger, sa fiancée, son épouse par la suite.

Pendant la guerre, il rencontre Pierre Mendès France à bord d’un bombardier. Ce dernier permet plus tard la première rencontre entre François de Grossouvre et François Mitterrand. Ce bombardier français appartient, semble-t-il, à un groupe de bombardement sous commandement américain. François de Grossouvre disait avoir un grade dans l'armée américaine supérieur à son grade français. À la Libération, il sera établi qu'il était infiltré au SOL en tant qu'agent de l'ORA. Sous le nom de code de « monsieur Leduc », il devient le chef du réseau stay-behind (de l'ombre) « Arc-en-ciel », installé par l'OTAN en France, dans le cadre de l'opération Gladio. Il a fait en réalité partie d'une organisation clandestine créée fin 1947 nommée « Rose des Vents », membre du réseau stay-behind pour combattre une hypothétique invasion communiste en France. Il avait été recruté par un agent du SDECE, Louis Mouchon. Mitterrand n'ignorait rien de cette appartenance et c'est une des raisons des fonctions qui lui ont été confiées à l'Élysée à partir de 1981. 

L'industriel

Le 28 avril 1943, il se marie avec Claudette (dite Claude) Berger (1923-2017), fille de l'industriel Antoine Berger ; six enfants naîtront de ce mariage : Patrick, Xavier, Isabelle, Marie-France, Nathalie et Henri. François de Grossouvre s'impose à la tête des sociétés de sa belle-famille : Le Bon sucre (1944-1963) et A. Berger et Cie (1949-1963). Il fonde ensuite la Générale sucrière. Ses liens avec les limonadiers lui permettent, avec des collaborateurs italiens, l’homme d’affaires Gilbert Beaujolin et le nord-américain Alexandre Patty, d’obtenir une licence exclusive de production de Coca-Cola. Il s'associe avec Napoléon Bullukian (le parrain de son fils Henri) pour l'embouteillage. C’est la première usine de ce type en France.

Il est parallèlement conseiller du commerce extérieur de la France (1952-1967) et vice-président de la Chambre de commerce franco-sarroise (1955-1962). En 1953, il investit dans la création du magazine L'Express. Il noue à cette occasion une amitié avec Françoise Giroud et Jean-Jacques Servan-Schreiber. François de Grossouvre a aussi repris l’entreprise de soierie Ducharne qu’il développera en lui rattachant la production de fibre de verre (entreprise Ducharne et Verester). Dans les années 1970, il devient actionnaire majoritaire des quotidiens Le Journal du Centre et La Montagne, deux quotidiens régionaux du Massif central, couvrant une quinzaine de départements et tirant à plus de 400 000 exemplaires. 

L'orientation politique

Alors qu'il était avant-guerre proche des milieux de l'Action française (il a, jeune étudiant, rencontré Charles Maurras), il se lie d'amitié avec François Mitterrand lors d'un voyage en Chine en 1959. Ses proches soulignent la fibre « sociale » profonde et sincère de François de Grossouvre. Il achète une propriété dans l'Allier (non loin de la Nièvre, fief électoral du futur président) qu'il exploite et où il peut s'adonner à ses deux grandes passions, l'équitation et la chasse. En 1965, aux côtés de Charles Hernu et d'André Soulier, avocat et élu lyonnais, il fait partie du « triumvirat » de direction de la Fédération de la gauche démocrate et socialiste, que préside François Mitterrand

Ce dernier, dont il finance une partie de la campagne électorale (salles de rassemblement, voyages), le charge notamment de participer aux négociations avec le Parti communiste. Il prend également un pied-à-terre à Paris et s'active dans l'ombre de François Mitterrand. En 1974, il devient le parrain de Mazarine Pingeot, la fille qu'Anne Pingeot donne à celui-ci, et veille sur les secrets de la famille Mitterrand, dont aucun ne sera révélé du vivant de Grossouvre. Il jouera un rôle clé pour le financement des campagnes électorales de François Mitterrand en 1965, 1974 et en 1981. 

L'Élysée

Il est nommé dès juin 1981 chargé de mission auprès du président de la République, qui lui confie les problèmes de sécurité et les dossiers sensibles, notamment ceux liés au Liban, à la Syrie, à la Tunisie, au Maroc, au Gabon, aux pays du Golfe, au Pakistan et aux deux Corées. Ses relations avec François Mitterrand se détériorant, il se voit refuser le titre d'ambassadeur itinérant qu'il réclame, si bien que, le 12 juin 1985, il quitte ses fonctions de chargé de mission et devient conseiller international des avions Marcel Dassault (1985-1986). Homme qui reste influent grâce à son riche carnet d'adresses et son poste honorifique de président du Comité des chasses présidentielles (fonction qu'il conservera jusqu'à son décès, et qu'il utilise pour des rencontres informelles avec des personnalités politiques nationales ou étrangères), il conserve néanmoins son bureau élyséen, son appartement de fonction du quai Branly (voisin de celui d'Anne et Mazarine Pingeot), ses secrétaires et gardes du corps du GIGN, avec le budget correspondant ; surnommé par certains « l’homme de l’ombre », il continue de recevoir des visiteurs importants à l'Élysée ou ailleurs. 

Ces activités difficilement contrôlables n'ont pas manqué de susciter des jalousies et François de Grossouvre a fait l'objet d'une surveillance constante, mais il est petit à petit écarté du pouvoir à son grand dépit. Isolé et amer, il se confie alors à des journalistes comme Edwy Plenel, ou Jean Montaldo dans des critiques acerbes contre Mitterrand et son entourage. Il reçoit le juge Thierry Jean-Pierre (qui enquête sur le financement occulte du Parti Socialiste français, l'affaire Urba) dans son appartement parisien et suggère au magistrat de consulter ses archives personnelles de la Présidence, classées dans son château de Lusigny. Le 7 avril 1994, peu avant 20 h, son garde du corps, un gendarme du GIGN, le retrouve mort, la tête à moitié arrachée par une balle du Magnum qu'il tient encore en main, dans son bureau au premier étage de l'aile Ouest du palais de l'Élysée. 

L'hommage

Les obsèques de François de Grossouvre sont célébrées le 11 avril 1994 en l’église Saint-Pierre de Moulins (Allier), où parmi les quelque 400 personnes de l'assemblée, on compte le président de la République François Mitterrand, l’ex-président du Liban Amine Gemayel, des représentants consulaires du Maroc et du Pakistan et les anciens ministres socialistes Pierre Joxe, Louis Mexandeau et René Souchon. L'inhumation du disparu au cimetière de Lusigny se déroule dans l'intimité familiale avec Amine Gemayel aux côtés de la famille et en présence, non souhaitée par la famille du défunt, du président de la République. 

François de Grossouvre
Les investigations sur la mort de François de Grossouvre

Le suicide présumé de François de Grossouvre a donné lieu à plusieurs versions et contestations. Aucune des thèses soutenant la version de l'assassinat ne s'est imposée à ce jour.

Circonstances

Le 6 avril 1994, comme d’ordinaire, quatre fois par semaine vers 19 h 30, entre un quart d’heure et une demi-heure, Grossouvre voit le président François Mitterrand. Le lendemain matin, le 7 avril 1994, Grossouvre apprend dans son bureau au premier étage de l'aile Ouest du palais de l'Élysée, l'attentat contre le président rwandais Habyarimana et se serait écrié: « Les cons, ils n'ont pas fait ça ! ». À l’Élysée, ceux qui étaient favorables à une solution de force au Rwanda accusaient Grossouvre d'être inféodé aux États-Unis dont il était le contact officieux. Vers midi, déjeunant avec son fils Patrick, Grossouvre lui parle de ses rapports avec la présidence française : « Non seulement il m’écoutait, mais maintenant il me fait suivre ». Grossouvre rejoint sa maîtresse Nicole à son appartement au palais de l'Alma, au 11 quai Branly, où résident juste au-dessous Anne Pingeot et sa fille Mazarine. Grossouvre dit à Nicole avant de retourner à l’Élysée : « Je m’en vais, je ne reviendrai pas. J’espère que tu te rappelleras les bons moments et que tu garderas un bon souvenir de moi ».

Peu avant 16 h, il regagne son bureau à l'Élysée. Il a prévu de dîner avec sa maîtresse Nicole, chez Georges Rawiri, ancien vice-Premier ministre gabonais[Contradiction]. En homme raffiné (on le surnomme le duc de Guise), il a fait envoyer à 18 h un bouquet de fleurs à la maîtresse de maison avec un petit mot : « Chers amis, je me réjouis d'être avec vous ce soir. » Entre 17 h 20 et 18 h 20, il reçoit son ami le docteur Jean Soubielle qui le trouve déprimé, « dans un état épouvantable », et évoquant le suicide. À l'Alma, Nicole constate que le revolver de Grossouvre a disparu du tiroir où il le rangeait. Selon Jean Montaldo, elle l’appelle sur sa ligne directe à l’Élysée entre 18 h 15 et 18 h 30. Il décroche. Elle le supplie de ne pas commettre l’irréparable. Elle contacte Patrice Jaran, le chauffeur de François de Grossouvre, grâce au téléphone installé dans la voiture et le presse de monter au bureau mais Grossouvre lui assure qu'il va bientôt descendre. À 18 h 35, Madame Trevelin, secrétaire de Grossouvre, quitte son bureau.

Vers 19 h 30, alors que Patrice Jaran et Daniel Cerdan, son garde du corps, l'attendent pour l'emmener à son dîner, l'un des deux hommes (les versions divergent à ce propos) entend une détonation. Les deux hommes entrent dans son bureau et le découvrent mort, assis dans son fauteuil, tenant dans sa main droite un Manurhin MR-73 de calibre .357 Magnum offert par François Mitterrand, à son bureau à l’Élysée (son corps est découvert à 19 h 50). Le haut de son crâne est emporté, il y a « du sang partout, des éclats de cerveau, sur le bureau, sur les murs et jusqu'au plafond ». Peu après 23 h, un communiqué de la présidence de la République annonce la mort de François de Grossouvre. C'est la première fois dans l'histoire de la République qu'un collaborateur du chef de l'État se donne la mort dans le palais présidentiel. Avant minuit, Cerdan et les hommes du GSPR, chargés de sécuriser l’appartement à l’Alma, y trouvent Nicole en pleurs. Ils déménagent Nicole et ses affaires à son appartement. 

L'enquête judiciaire

L'enquête judiciaire, écourtée (il n'y a notamment pas eu d'expertise balistique), conclut au suicide, François de Grossouvre s'étant tiré une balle de bas en haut, après avoir placé le canon sous son menton. Le rapport d'autopsie précise que le corps présentait « une luxation avant de l'épaule gauche et une ecchymose à la face », mais est compatible avec le suicide. Il peut s'expliquer par le recul provoqué par le tir du 357 Magnum qui a projeté son corps contre la console téléphonique installée derrière son fauteuil. 

Un suicide

Des proches du pouvoir ont soutenu que François de Grossouvre était dépressif, ne supportant pas le fait de vieillir et vivant mal sa progressive mise à l'écart… C'est la thèse que soutiendront notamment le docteur Claude Gubler, médecin du président, dans son livre Le Grand Secret et Pierre Favier et Michel Martin-Roland dans La Décennie Mitterrand, tome 4. Mais cela a été démenti par le médecin traitant, le docteur Claude Loisy, la famille et des amis de François de Grossouvre. Dans Dernières volontés, derniers combats, dernières souffrances, Pierre Péan indique que le responsable des chasses faisait tout pour diffamer le président Mitterrand. François de Grossouvre était dégoûté par l'affairisme du président et de nombreux socialistes arrivés au pouvoir. Il serait allé, indique l'enquêteur, jusqu'à proposer ses services à Jacques Chirac en 1988 via Omar Bongo. Ce dernier, outré d'une pareille trahison, n'aurait pas donné suite.

La version de l'assassinat

Le pamphlétaire Jean Montaldo, qui se dit ami de Grossouvre et virulent anti-mitterandien, tente dans la presse, puis dans son livre Mitterrand et les 40 voleurs, d'accréditer l'idée d'un assassinat de François de Grossouvre. Ainsi que le capitaine Paul Barril, dans son livre Guerres secrètes à l'Élysée, ce qui lui vaut d'être condamné le 27 mai 1997 par le tribunal correctionnel de Paris pour diffamation envers Gilles Ménage, ancien directeur de cabinet du président François Mitterrand, et Michel Charasse. Des éléments étayent cette version :

  • l'absence d'enquête sérieuse, notamment auprès des personnes présentes ce soir-là à l'Élysée ;
  • la disparition de la totalité de ses notes au président de la République, de nombreuses autres archives et surtout du manuscrit de « souvenirs » que François de Grossouvre rédigeait ;
  • la luxation de l'épaule gauche de la victime, découverte lors de l'autopsie, qui est compatible avec l'hypothèse d'un coup de feu contraint ;
  • la dégradation continue des relations entre la victime et François Mitterrand rapportée par des familiers ;
  • des remarques de François de Grossouvre vers la fin de sa vie affirmant qu'il se sentait menacé : « ils vont me tuer... » ;
  • les suicides en série : Pierre Bérégovoy, le capitaine Pierre-Yves Guézou.

Plusieurs des enfants de François de Grossouvre, ayant commencé des recherches sur la mort de leur père, ont reçu des menaces anonymes et deux ont même été mis en garde directement par François Mitterrand qui les a, peu après la mort de leur père, en avril 1994, découragés d'entreprendre des « recherches inutiles ». Les derniers mois de sa vie, François de Grossouvre invitait régulièrement des journalistes pour leur faire des confidences sur les dérives du pouvoir mitterrandien et il rédigeait des mémoires. Selon Frédéric Laurent, Dominique Venner et François d'Orcival, après avoir quitté ses fonctions officielles en 1985, il continuait à être chargé par le président de la République française de missions de diplomatie parallèle dans des pays sensibles (Golfe, Maroc, Liban, deux Corée, Pakistan) et continuait aussi à être un personnage clé du système stay-behind, et cela jusqu'à la fin de sa vie. 

Selon Jean Lacouture, Pierre Favier et Michel Martin-Roland, François de Grossouvre n'occupait plus aucune fonction et n'avait d'ailleurs joué qu'un rôle marginal entre 1981 et 1985 alors qu'il a joué un rôle important de coordination des services de renseignements et de missions de diplomatie secrètes confiées par François Mitterrand. François de Grossouvre était jusqu'à la fin de sa vie officiellement président du comité des chasses présidentielles où étaient régulièrement invités des chefs d'États, des diplomates et des responsables gouvernementaux. Le suicide de François de Grossouvre fait l'objet d'une polémique médiatique. Certains tentent de minimiser l'événement en le ramenant au rang de simple fait divers, alors que d'autres font le lien entre l'acte tragique et les affaires de l'État que François de Grossouvre a eu à connaître lors de son passage à l'Élysée, voire les affaires d'État qu'il aurait pu révéler, ou encore les affaires de famille et les secrets par lesquels il était lié (l'existence de Mazarine Pingeot ne sera révélée au grand public que quelques mois plus tard). 

La journaliste du Monde, Raphaëlle Bacqué revient, dans Le Dernier Mort de Mitterrand, sur le parcours de François de Grossouvre, sa relation avec Mitterrand et sa mort. Elle dit avoir interrogé une cinquantaine de personnes (anciens ministres, collaborateurs, gardes du corps…) et affirme n'avoir trouvé aucune preuve d'un assassinat. Elle détaille aussi la façon dont l'Élysée, paniqué, songea d'abord à faire transporter le corps à l'extérieur (au point d'appeler une ambulance militaire), puis envoya les gendarmes du GSPR quai Branly — où François de Grossouvre vivait — afin de le fouiller avant l'arrivée de la police judiciaire et de son directeur Claude Cancès. Le livre de Raphaëlle Bacqué provoque une réaction de la famille de Grossouvre, qui conteste son approche, ses conclusions sur le décès et s'interroge sur les raisons de la parution de cet ouvrage. De même Pierre d'Alançon, son ancien collaborateur à l'Élysée, réagira par une note à l'AFP et proposera avec la famille de Grossouvre un entretien groupé au Figaro Magazine.

L’attentat au Rwanda

Un autre mobile est sa connaissance des relations entre la France et de nombreux pays africains, particulièrement le Rwanda, en raison de la coïncidence de sa mort le lendemain de l'attentat du 6 avril 1994 contre le président rwandais Habyarimana. En 1989, Grossouvre dénonce les pressions de la cellule africaine sur la CIEEMG-(Commission interministérielle pour l'étude des exportations de matériel de guerre) pour la vente de missiles Mistral à l’Afrique du Sud par Jean-Christophe Mitterrand (fils du président) qui l’a présenté comme un achat du Congo-Brazzaville au mépris de l’embargo contre le régime d’apartheid : « Tout cela est malsain. Il ne faudrait pas que certains connaissent ici le sort du prince de Broglie ».

Dans les années 1990, Grossouvre avait recommandé Paul Barril auprès de chefs d’État africains dont Habyarimana : Barril devait infiltrer et contrôler les structures militaires et politiques du FPR « jusqu’à la racine », et remettre des fiches à Grossouvre, qui les transmettait en moins de 24 heures à François Mitterrand. Grossouvre est autant l’ami que le patron de Barril. Mais au début du mois d'avril 1994, Habyarimana décide de faire une déclaration pour autoriser le FPR, se mettant à dos ceux qui y sont opposés. Jean Kambanda, dans ses confessions au TPIR, a déclaré que François de Grossouvre avait informé Mobutu de la menace pesant sur Habyarimana.

Le rapport sur le génocide au Rwanda, Aucun témoin ne doit survivre, réalisé conjointement par La Fédération internationale des droits de l'homme et Human Rights Watch (dont la branche africaine est qualifiée par Filip Reyntjens, Bernard Lugan et Pierre Péan d'officine FPR), évoque dès 1998 dans sa version anglaise, le rôle de François de Grossouvre à deux reprises, et souligne cette coïncidence de dates. De mars 2004 à 2011 la version de l'enquête du juge Jean-Louis Bruguière, celle du journaliste Pierre Péan et celle de l'ancien lieutenant de la branche armée du FPR A. J. Ruzibiza concluaient que c'est le FPR qui aurait commandité cet assassinat. 

Depuis 2012, l'enquête approfondie par le juge Marc Trévidic, successeur du juge Bruguière, après notamment son déplacement à la tête d'une équipe d'enquêteurs au Rwanda et une enquête balistique, a remis en cause cette version française en désignant le camp militaire des Forces armées rwandaises, soutenues par la France, comme lieu de tir le plus probable. Des questions sur une implication française ont également été relancées à partir d'un faux certificat de « genre de mort » d'origine militaire de deux gendarmes français au Rwanda juste après l'attentat et d'une perquisition effectuée au domicile de Paul Barril dans le cadre de l'enquête française. Le journaliste Éric Reynaud, dans Suicide d'État à l'Élysée, la mort incroyable de François de Grossouvre, est convaincu que François de Grossouvre a été assassiné. 

Décorations et distinctions
  • Commandeur de la Légion d'honneur
  • Chevalier de l'ordre souverain de Malte, grand officier du mérite de l'ordre souverain de Malte, ambassadeur de cet Ordre auprès du Maroc.
  • Croix du Combattant volontaire de la Résistance
  • Croix de guerre 1939-1945.

Il était aussi décoré de très nombreux ordres étrangers. Il ne portait que la Croix de guerre et la Légion d'honneur qui lui avaient été décernées à titre militaire. 

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