Guillaumat Adolphe
Marie Louis Adolphe Guillaumat, né le 4 janvier 1863 à Bourgneuf (Charente-Maritime) et mort le 18 mai 1940 à Nantes, est un
militaire français. Adolphe Guillaumat est le fils de Louis Guillaumat, capitaine d'infanterie, et de Marie-Noémie Fleury. Marié le 17 juillet 1906 à Louise Bibent, de bonne famille toulousaine
(morte le 4 mai 1960), il a eu deux fils : Louis, devenu professeur d'ophtalmologie, et Pierre (1909-1991), devenu haut fonctionnaire et ministre. Entré major à Saint-Cyr en 1882, il en sort le
1er octobre 1884 major de la promotion des « Pavillons noirs » et choisit de débuter comme sous-lieutenant au 65e régiment d'infanterie à Nantes.
En 1892, le lieutenant Guillaumat participe à une levée de cartes à Teniet el-Haad en Algérie ; l'année suivante, ce sont des travaux topographiques à Kairouan en Tunisie. En novembre 1893,
Adolphe Guillaumat est nommé capitaine et muté au 147e régiment d'infanterie ; en 1895, le capitaine Guillaumat commande le fort de Douaumont à Verdun ; puis il réussit à se faire affecter à la
Légion étrangère et passe deux ans en Algérie. En septembre 1897, il quitte le 2e régiment étranger et est muté au Tonkin pour y prendre le commandement du 2e Bureau. Il fait la connaissance de
Paul Doumer, alors gouverneur général, et de l'amiral de Beaumont. Au printemps de 1900, on l'envoie étudier la situation en Chine. La révolte des Boxers éclate à ce moment, et il est envoyé
commander la défense de la concession française de Tien-Tsin. Le 25 juin, il est blessé au coude par un éclat d'obus et est envoyé en convalescence à Hiroshima où il passera six mois.
Promu chef de bataillon en décembre 1900, Adolphe Guillaumat rentre en France en avril 1901 et enseigne pendant trois ans l'histoire militaire à Saint-Cyr. En 1905, il reçoit le brevet direct
d'état-major avec la mention très bien. En juin 1907, promu lieutenant-colonel, il succède au lieutenant-colonel Pétain à la chaire de tactique appliquée à l'infanterie à l'École supérieure de
guerre. Puis, à partir de septembre 1908, il commande pour deux ans le Prytanée militaire de La Flèche. En septembre 1910, promu colonel, il prend le commandement du 5e régiment d'infanterie à
Paris, qu'il garde jusqu'en janvier 1913, quand il est nommé directeur de l'infanterie au ministère de la Guerre. Le 8 octobre 1913, il devient général de brigade.
Lorsque la Première Guerre mondiale éclate, il est depuis le 14 juin 1914 chef du cabinet militaire du ministre de la Guerre Adolphe Messimy. Quand celui-ci est remplacé, il prend, le 30 août
1914 le commandement de la 33e division d'infanterie lors de la Première bataille de la Marne (6 au 11 septembre 1914) ; il prend part aux combats de Vitry-le-François avant de tenir un secteur
en Champagne. Le 9 décembre 1914, nommé général de division à titre temporaire, il prend la tête de la 4e division d'infanterie. Le 25 février 1915, il est nommé à la tête du 1er corps d'armée
aussi appelé le « groupement Guillaumat », qu'il mènera à la première bataille de Champagne, puis à celle de la Woëvre (en avril 1915).
En février 1916 le 1er corps subit le premier choc de l'attaque allemande sur Verdun, avant d'être envoyé en septembre 1916 renforcer la 6e armée française qui, au nord de la Somme, doit soutenir
l'aile droite des armées anglaises. Il y mène une offensive couronnée de succès à Combles. Le 15 décembre 1916, lorsque le général Nivelle est nommé commandant en chef, Guillaumat le remplace à
la tête de la 2e armée. Il retourne alors sur le front de Verdun avec ses 650 000 hommes, arrêtant les attaques allemandes au printemps de 1917 ; puis, le 20 avril, il part à l'assaut, portant
les lignes françaises au nord de la côte 304 et du Mort-Homme.
Le 14 décembre 1917, il prend la succession du Général Sarrail dans les Balkans ; il améliore les relations avec les alliés sur place et prépare l'offensive en Macédoine qui sera victorieusement
menée par son successeur Franchet d'Espèrey. Cependant, la deuxième défaite du Chemin des Dames à la fin de mai 1918 a porté les Allemands à 75 km de Paris et c'est pourquoi, le 17 juin 1918,
Clemenceau rappelle le général Guillaumat pour prendre la place du général Dubail comme Gouverneur militaire de Paris. Après le succès de la Seconde bataille de la Marne, il prend le 7 octobre le
commandement de la 5e Armée, qu'il mène jusqu'à l'Armistice dans les Ardennes.
Après la guerre, en juin 1919, il est nommé inspecteur général des armées ; en 1920, membre du Conseil supérieur de la guerre. De 1922 à 1931, il préside les Commissions de défense du territoire
- la première, créée en 1922 par André Maginot, ministre de la Guerre, est remplacée par une commission de défense des frontières, préfigurant la C.O.R.F. (Commission d'organisation des régions
fortifiées) et la ligne Maginot à laquelle il s'opposait, lui préférant un système de fortifications en profondeur qui n'aurait pas hypothéqué les choix stratégiques ni servi d'alibi à un refus
de mettre l'armée à niveau. En même temps, à partir du 11 octobre 1924, il commande l'armée d'occupation du Rhin et exerce le commandement supérieur des forces alliées des territoires
rhénans.
Du 23 juin au 19 juillet 1926, le général Guillaumat a été nominalement ministre de la Guerre du gouvernement d'Aristide Briand, qu'il avait connu comme son aîné d'un an au lycée de Nantes ; ce
gouvernement démissionne au bout de quatre semaines, l'Assemblée ayant refusé des pouvoirs fiscaux exceptionnels à Joseph Caillaux. Ayant conservé son commandement jusqu'à l'évacuation de la
Rhénanie le 30 juin 1930, continuant à participer aux travaux du Conseil supérieur de la guerre, le général Guillaumat est finalement placé « hors-cadre sans emploi » le 4 juin 1933. Il meurt
sept ans plus tard. Le 10 juillet 1918, le général Adolphe Guillaumat a été élevé la dignité de grand-croix de la Légion d'honneur et, le 3 octobre 1918, a reçu la médaille militaire puisqu'il
avait commandé en chef devant l'ennemi (mais il ne sera jamais maréchal comme Franchet d'Espèrey en 1918 : il est trop tard, Poincaré s'oppose à la nomination de maréchaux en temps de paix). En
novembre 1947, ses cendres ont rejoint le caveau des gouverneurs militaires de Paris à l'Hôtel des Invalides. Adolphe Guillaumat était un catholique pratiquant et un admirateur de Frédéric
Bastiat. Son fils Pierre Guillaumat fut ministre des armées.