Katamori Matsudaira (15 février 1836 - 5 décembre 1893) était un samouraï qui vécut durant la fin de la période Edo et la
première moitié de l'ère Meiji. Il fut le 9e daimyo du domaine d'Aizu et le Commissaire Militaire de Kyoto au cours de la période du Bakumatsu. Pendant la guerre de Boshin, Katamori et le domaine
d'Aizu ont lutté contre les armées du gouvernement de Meiji, mais ont été sévèrement défaits. Katamori a survécu, et il est plus tard devenu le chef d'un sanctuaire Tōshō-gū. Lui et ses trois
frères, Sadaaki Matsudaira, Yoshikatsu Tokugawa, et Mochinaga Tokugawa, ont tenu des rôles très influents pendant la restauration de Meiji ; ils étaient appelés les quatre frères Takasu.
Katamori Matsudaira est né dans le quartier de Yotsuya à Edo, le 15 février 1836, à la résidence du domaine de Takasu. Il est le septième fils de Yoshitatsu Matsudaira, daimyo de Takasu, et de
l'une de ses concubines, une femme de la famille Komori dont quelques historiens pensent que le nom était Chiyo (elle est également connue par son nom bouddhiste, Zenkyō-in). Katamori, ou de son
nom de naissance Keinosuke, a eu une enfance agitée. Bien que le domaine de Takasu était petit, il avait un haut niveau de prestige en raison de son statut de branche familiale du clan Tokugawa
(par la maison des Gosanke d'Owari). En outre, dans l'histoire de la lignée Takasu-Matsudaira, des daimyos venant des branches supérieurs du clan Tokugawa, telles que Mito, ont été adoptés.
Par conséquent, Katamori était en très bonne position pour être adopté par un membre supérieur de la maison des Tokugawa, en l'occurrence par Katataka Matsudaira, le 8ème seigneur du domaine
d'Aizu. Yoshitatsu a approuvé l'adoption, non seulement parce que Katataka était le seigneur d'une maison de niveau supérieur avec une histoire et une lignée prestigieuses, mais aussi du fait que
Katataka était son frère. Ainsi, le jeune Keinosuke fut adopté par Katataka, et épousa Toshihime, la fille de Katataka, en 1856. Après son adoption, Keinosuke prit le nom de « Katamori » en se
servant d'un des caractères du nom de son père adoptif. Il fut présenté au Shogun Ieyoshi Tokugawa, avec Naosuke Ii, quatre mois après son adoption, et à la fin de l'année, il fut investi du
titre de Wakasa no Kami, qui était traditionnellement attribué à l'héritier de la maison d'Aizu. Désireux de donner une bonne éducation à Katamori, Katataka a alors envoyé son héritier à Aizu, où
celui-ci est allé à l'école du domaine, Nisshinkan.
Après la mort de Katataka en 1852, Katamori l'a succédé à la tête de la famille à l'âge de 18 ans. En tant que 9ème daimyo, il s'est vu accordé le titre de Higo no Kami qui était
traditionnellement tenu par le daimyo d'Aizu. Il a également reçu le titre supplémentaire de Sakonnoe-gon-shōshō (Sous-Général de la Garde Gauche) de la part de la Cour Impériale ; il a
officiellement transmis ses remerciements à l'empereur dans le courant de l'année. En outre, Katamori a hérité du siège traditionnel de la famille à la chambre du tamari no Ma, où des sujets
importants de l'état étaient discutés avec le Rōjū (Conseil des Anciens).
Les années suivant sa nomination furent des temps difficiles pour son commandement du domaine. À peine un an plus tard, le Commodore Matthew Perry entra dans la Baie d'Edo avec une flotte
américaine et exiga l'ouverture du Japon au commerce international. Le Shogunat a mobilisé beaucoup d'hommes et de bateaux au sein d'une grande coalition de domaines féodaux, et Aizu, étant une
branche supérieures de la maison du Shogun, ne fit pas exception. Aizu avait déjà reçu l'ordre d'assurer la sécurité dans les régions côtières des provinces de Kazusa et d'Awa quelques mois avant
la venue de Perry, et quand le Commodore est descendu à terre pour rencontrer des fonctionnaires japonais, Aizu fut l'un des domaines qui ont fourni des bateaux de patrouilles pour la sécurité
côtière en vue de l'événement. Samuel Wells Williams, un traducteur de la mission de Perry, écrit ceci : « Certains des drapeaux vus à terre, et des vestes rouges, aussi, avait sur eux ce jour. »
Ce caractère, « AI » comme dans « Aizu », comme on le voit dans les représentations artistiques de l'époque, était utilisé sur les bannières du domaine.
En 1862, des figures politiques du Shogunat Tokugawa ont créé le poste de Kyoto Shugoshoku (Commissaire Militaire de Kyoto), afin de restaurer l'ordre public dans la ville éponyme, qui était sous
l'influence des partisans du Sonnō jōi. Ce poste fut celui qui s'attaquait à l'agitation qui existait alors dans la ville. Auparavant, un poste appelé Kyoto Shoshidai était le rang de ce genre le
plus haut, s'occupant d'affaires dans la région de Kyoto-Osaka sous les ordres du Shogun. Cependant, les Shoshidai successifs, ainsi que les magistrats qui avaient le ville à leur charge, se
montraient incapables de maintenir l'ordre public, et ainsi le poste de Shugoshoku fut superposé à la structure existante. Là où les Shoshidai et les magistrats n'avaient pas pu imposer le Droit
Civil, le Shugoshoku se devait de réaliser cela par l'emploi de la force militaire. Après beaucoup de délibération, le choix pour le poste de Shugoshoku s'est résumait à deux domaines : Echizen
et Aizu. Cependant, Yoshinaga Matsudaira d'Echizen était déjà en charge du poste de Président des Affaires Politiques, ainsi toute l'attention s'est alors tournée vers Katamori Matsudaira. Comme
ce-dernier était malade, le conseiller d'Aizu basé à Edo Tsunenori Yokoyama fut convoqué au château d'Edo à sa place, et fut chargé de transmettre la nomination. Katamori a envoyé un serviteur
avec une lettre pour excuser son absence : "Comme c'est un ordre shogunal, nous n'avons d'autres choix que d'accepter.
En outre, le seigneur fondateur de notre domaine, Masayuki, a prévu de le faire selon le code de notre maison. Cependant, notre seigneur Katamori est jeune, et nos hommes viennent du nord et sont
donc peu familiers avec les conditions dans la capitale. Si nous devions sans nul doute accepter cette tâche, et si sur une chance sur dix-mille un désastre venaient à s'abattre, nous du domaine
d'Aizu ne pourrions probablement pas tout faire seuls; le Shogun devrait s'impliquer, comme tout le Japon. Nous tenons à examiner soigneusement cette nouvelle." Cependant, le Bakufu ne voulait
pas entendre parler d'un refus. Yoshinaga Matsudaira s'est personnellement rendu à la résidence d'Aizu, et a rappelé à Katamori le passé prestigieux d'Aizu comme fonctionnaires du Shogunat : « Si
[votre fondateur] le seigneur Masayuki était encore en vie, il accepterait tout de suite ! » Des rumeurs ont commencé à circuler disant que Katamori refusait le poste dans un désir
d'auto-préservation, auquel il est dit que Katamori répondit, « si les gens commencent à parler comme ça, la honte s'abattra sur notre domaine. En aucune manière, je ne pourrais expliquer ceci
aux générations des seigneurs d'Aizu qui ont régné avant moi. Je n'ai pas d'autres choix que d'accepter. »
La nouvelle de l'acceptation de Katamori à la nomination a rapidement atteint Aizu. Deux des conseillers du domaine, Saigō Tanomo et Tosa Tanaka, y étaient particulièrement opposés, non seulement
pour les raisons pour laquelle Katamori s'y est lui aussi opposé au début, mais également d'un point de vu financier : Aizu, ayant été récemment chargé de la défense côtière de la baie d'Edo et
de la surveillance de l'Est d'Ezo (Hokkaidō), était sensiblement touché par les frais, et ne pouvait pas se permettre d'en faire plus sans risque d'une faillite totale. Les deux hommes ont voyagé
sans s'arrêter jusqu'à leur seigneur pour le dissuader d'accepter. Saigo, citant apparemment le texte chinois Huai nan-tzu, a décrit cette intention de retenir les radicaux comme « une tentative
d'éteindre un feu tout en apportant des broussailles ». Cependant, pour préserver la réputation d'Aizu, ainsi que la pression d'un ordre direct du Shogunat venant de personnes politiques
puissantes tels que Yoshinobu Tokugawa, Yoshinaga Matsudaira, et d'autres, Katamori avait à peine son mot à dire sur le sujet ; il réservait ses réticences à ses seuls serviteurs. Il savait très
bien dans quoi Aizu s'engageait : « Quoi qu'il arrivera, soyez prêts à creuser votre tombe à Kyoto. »
Le 23 septembre 1862, Katamori a été officiellement convoqué au château d'Edo et assigné à sa nouvelle tâche. La prise de position n'était pas sans incitations personnelles : elle incluait un
salaire de 50 000 koku par an, d'un prêt de 30 000 ryō pour couvrir les dépenses du déplacement jusqu'à Kyoto, ainsi qu'une promotion au 4ème rang supérieur de la Cour, grade inférieur. Suite à
la nomination, un vaste programme de réaffectation du personnel a eu lieu dans la structure de commande de Kyoto. Katamori avait à son service direct un groupe de personnes de confiance, des
daimyos et des hatamotos : Naoyuki Nagai devint magistrat de la ville de Kyoto, Tadayuki Makino, seigneur du domaine de Nagaoka, a été fait Kyoto Shoshidai, et Nobunori Chūjō, assistant de
Katamori selon le protocole. Katamori a alors envoyé un groupe de sept hommes dirigé par Tosa Tanaka en reconnaissance à Kyoto, et à la Cour Impériale.
Après quelques mois de difficultés politiques, il a quitté Edo le 27 janvier 1863 à la tête d'une force d'Aizu de mille hommes. Entrant dans Kyoto le 11 février, il se dirigea une première fois
au temple Honzenji pour enfiler des vêtements de Cour, puis alla à la résidence du régent impérial Konoe Tadahiro pour lui rendre ses hommages. Après cela, il s'est rapidement installé dans une
résidence de la partie Est de la ville, au temple Konkaikōmyōji, dans la région de Kurotani. Peu après son arrivée, Katamori a été officiellement reçu par la Cour, apparaissant devant le régent
Konoe ainsi que ses hauts serviteurs, Gonnojō Ono et Ikkan Komori. Son accueil chaleureux et sa popularité auprès de nombreuses personnes de la Cour ont provoqué une série de visites fréquentes
qui devait continuer pour la durée de son mandat.
La première difficulté à laquelle Katamori a dû faire face après sa prise de fonction était la méconnaissance de la population locale et sa capacité à faire le travail. Aizu était si peu familier
à beaucoup de personnes, au début de 1863, que bon nombre d'entre elles prononçait « kaizu » ou « kwaizu, » dû à l'épellation contemporaine d'« Aizu ». Cette situation d'incompréhension et le
malaise engrendré ont commencé à se résorber dans les premiers mois de Bunkyu 3 (1863), quand Katamori a été officiellement reçu à la Cour Impériale. Les nobles de la Cour étaient très heureux de
le voir arriver, et ont mis de grands espoirs sur lui en tant que partisan du mouvement du Kōbu Gattai en vue d'encourager la coopération entre la Cour et le Shogunat. Afin d'atteindre les
objectifs que la position de Shugoshoku demandaient, Katamori s'est servi des unités de patrouille de la ville, certains d'entre elles étaient composées de ses propres serviteurs, mais d'autres
d'hommes sans seigneurs, tels que le Shinsen Gumi.
D'autres groupes ont émergé dans les années suivantes, dont le Kyoto Mimawarigumi, qui était sous le commandement du Shoshidai (qui à partir de 1864 était le frère de Katamori, Sadaaki Matsudaira
de Kuwana). Katamori a pris son poste de protecteur de Kyoto (et de la Cour) très au sérieux, et a ainsi joué un grand rôle dans les coups d'état du 30 septembre (ou les coups d'état du 18 août),
et l'Incident des Portes Interdites (Kinmon no Hen), qui opposaient les forces des domaines alliés au Shogunat (dont Aizu) aux hommes du domaine de Chōshū. Pendant les expéditions de Choshu, il a
également préconisé une position ferme contre le domaine. Ces événements menèrent à une animosité accrue envers Katamori et Aizu de la part de Chōshū.
Katamori a servi comme Shugoshoku de 1862 à 1864 ; et il a encore servi de 1864 à 1868. Katamori a essayé de parvenir à un règlement pacifique après la Bataille de Toba-Fushimi, faisant des
excuses à la Cour Impériale de nombreuses fois, et présentant même officiellement une lettre de soumission au prince Rinnoji no Miya Yoshihisa, mais les membres du nouveau gouvernement de Meiji
refusèrent de lui prêter attention parce que le nouveau gouvernement était principalement composé de personnes de Chōshū et de Satsuma, qui n'appréciaient pas Katamori pour ses activités en tant
que Commissaire Militaire. Bien que l'Ōuetsu Reppan Dōmei, comprenant la plupart des domaines du nord du Japon, ait soutenu Aizu et Katamori, ils ont été défaits à la Bataille d'Aizu.
Après plusieurs années sous assignation à domicile à Tokyo, Katamori a été libéré, et il est devenu le prêtre en chef du sanctuaire Tōshō-gū Nikkō. Il est mort le 5 décembre 1893, et a été
enterré selon les rites Shinto, recevant le nom posthume de Masane-reishin. Son héritier, Nobunori Matsudaira, a été adopté de la famille Tokugawa de Mito. Cependant, Nobunori a quitté la famille
Matsudaira d'Aizu peu après la restauration de Meiji, laissant Kataharu Matsudaira lui succéder. Ce dernier était le fils biologique le plus âgé de Katamori, conçu avec une des deux concubines de
Katamori (Saku et Kiyo) après que Nobunori ait été adopté. Le chef de famille est alors devenu le frère de Kataharu, Morio, et plus tard ce fut le fils de Morio, Morisada Matsudaira,qui est le
chef actuel des Aizu-Matsudaira.