La Dépêche du Midi, souvent simplement nommée La Dépêche, est un quotidien régional français diffusé dans neuf départements de la région Occitanie (Ariège, Aude, Aveyron, Haute-Garonne, Gers, Lot, Hautes-Pyrénées, Tarn, Tarn-et-Garonne) ainsi que dans le département de Lot-et-Garonne en Nouvelle-Aquitaine. Sa diffusion s'élève à 127 466 exemplaires en 2019 (en baisse par rapport à l'année précédente), pour 14 éditions quotidiennes différentes (16 auparavant). La Dépêche est historiquement lié à la laïcité et au radicalisme. Le journal appartient au Groupe La Dépêche du Midi et son directeur général est Jean-Nicolas Baylet, également directeur de la publication.
En une, dans le bandeau de tête, après La Dépêche du Midi, figure la mention « Le journal de la démocratie ». Une des devises du journal est « La Dépêche renseigne vite et bien ». Le quotidien appartient au Groupe La Dépêche du Midi, dont l'ancien PDG est Jean-Michel Baylet, par ailleurs ancien président du Parti radical de gauche (PRG) et ministre du gouvernement Valls entre le 11 février 2016 et mai 2017. Il emploie environ 770 salariés dont 250 journalistes professionnels et quelque 1 500 correspondants locaux de presse. Suivant l'héritage politique radical de ses origines, La Dépêche est un journal de sensibilité radicale de gauche. En 2016, à la suite de la participation de Jean-Michel Baylet dans le gouvernement Manuel Valls, la nouvelle présidente est Marie-France Marchand-Baylet, ex-épouse de Jean-Michel Baylet. Après son départ du gouvernement Valls en mai 2017, Jean-Michel Baylet redevient PDG du groupe La Dépêche du Midi.
Guerre de 1870 et socialisme
Le premier numéro de La Dépêche de Toulouse paraît le 2 octobre 1870, sous le simple nom de La Dépêche, à l'initiative d'ouvriers de l'imprimerie Sirven à Toulouse, propriété de Joseph Sirven (maire de Toulouse du 18 mai 1884 au 19 mai 1888). Sa vocation au départ était de publier des dépêches de guerre pour donner des nouvelles du front aux femmes de soldats. Après la guerre, le titre survit et se développe en élargissant son domaine d'information. Il atteint 15 000 exemplaires 9 ans plus tard. En 1879, le journal est cédé au groupe de presse parisien de Le Pelletier. Ainsi est fondé la société anonyme La Dépêche et le Petit Toulousain. En 1881, trois Ariégeois, Rémy Couzinet, Alcide Gout et Rémy Sans rachètent La Dépêche et ont l'idée de lancer une édition pour chaque département de la région.
En 1887, Jean Jaurès, déjà engagé politiquement, y fait ses premières armes de journaliste. Le titre de presse accueille également un autre journaliste politicien : Georges Clemenceau, avant qu'il ne rejoigne L’Aurore. Un moment antidreyfusard, le journal finit par se rallier à la cause en faveur de la révision du procès. De par ses origines et ses plumes, La Dépêche ne cache pas son engagement dans une gauche radicale-socialiste. Aussi au début du XXe siècle, des évêques considèrent comme un « péché grave » la lecture de ce titre. Maurice Sarraut, sénateur radical de l'Aude (1869-1943), prend les rênes du journal, en devenant son directeur administratif (1909).
Entre-deux guerres
Après la grande guerre, le directeur Maurice Sarraut devient propriétaire (1932) du journal. À la suite d'une tentative d'acquisition par Maurice de Rothschild, Jean-Baptiste Chaumeil, entrepreneur en travaux publics, et maire radical-socialiste de Valence-d'Agen, entre dans le capital du groupe en 1925. Son neveu Jean Baylet y entre la même année, en est directeur administratif en 1927, puis rédacteur en chef. La période de l'entre-deux guerres est pour La Dépêche un « âge d'or », tant pour sa diffusion que pour le prestige et la qualité de sa rédaction qui lui confèrent une influence nationale. À partir de 1932, des Allemands antinazis en exil écrivent dans la Dépêche de Toulouse : ainsi les frères Heinrich et Thomas Mann, Georg Bernhard ou Theodor Wolff, entre autres.
Occupation et collaboration
Ayant salué l'interdiction du PCF qui soutient la Pacte germano-soviétique en 1939, elle entre dans ses heures noires. Pendant l'Occupation le quotidien est dirigé par des collaborationnistes. Maurice Sarraut, qui a perdu toute influence sur le journal, est assassiné par des membres de la Milice en décembre 1943. Son frère, Albert Sarraut est déporté peu après. Le journal continue à paraître en défendant la politique du Maréchal Pétain. Le titre est interdit de publication à la Libération, pour collaboration en 1944.
Après-guerre
Le titre ressort en 1947 sous le nom de La Dépêche du Midi. Il déloge alors après un conflit judiciaire le Patriote du Sud-Ouest, journal du Front national (communiste) qui avait hérité de ses locaux. Reprenant sa lignée radicale et anticommuniste (le PCF vient d'être exclu du gouvernement) il soutient naturellement le cabinet de Pierre Mendès France. Il s'oppose au référendum constitutionnel de 1958, soutient François Mitterrand à la présidentielle de 1965. Jean Baylet, qui avait été directeur administratif en 1927 puis rédacteur en chef, avait entre-temps créé le quotidien La Démocratie le 8 octobre 1945. Il prend la direction de La Dépêche, du 22 novembre 1947 jusqu'à sa mort le 29 mai 1959. Entre 1959 et 1971, l'ancien chef de la police de Vichy René Bousquet, responsable notamment de la rafle du Vel' d'Hiv, fait partie du conseil d'administration du journal. Il anime la rédaction, aux côtés d'Évelyne Baylet, née Évelyne Isaac veuve de Jean Baylet, qui a pris les commandes à la mort de son mari jusqu'en 1995.
Histoire récente
Jean-Michel Baylet, fils de Jean Baylet, accède au poste de directeur général adjoint de La Dépêche en 1975, et devient directeur général deux ans plus tard. Le 12 avril 2012, José Biosca, directeur général du journal, annonce qu'un second site payant va être lancé. Ce site intitulé Dépêche Premium est lancé le 17 avril 2012, en phase de test auprès des abonnés papier avant une ouverture commerciale le 26 septembre 2012. Il se compose d'un fil d'information continue avec des articles multimédias exclusifs ; d'une version électronique du journal consultable sur le web, les smartphones iPhone et Android, et les tablettes iPad et Android, de suppléments numériques spéciaux ; et des services du Club abonnés. C'est la première fois en France qu'un journal quotidien régional tente l'aventure du payant sur internet. La Dépêche Premium remporte le prix de l'innovation des Victoires de la presse 2012 de la WAN-Ifra, remis le 17 décembre 2012 à Lyon à Jean-Nicolas Baylet et Philippe Rioux. Le site Dépêche Premium est arrêté en avril 2016. En février 2016, après l'entrée de Jean-Michel Baylet au gouvernement et les « unes » enthousiastes de la Dépêche du Midi, plusieurs médias s'interrogent sur l'indépendance de la rédaction du journal vis-à-vis de son propriétaire.
Comme la plupart des journaux édités sur papier, la diffusion baisse de manière importante chaque année depuis 2000.
Il existe 16 éditions locales :
- 09 Ariège
- 11 Aude
- 12 Aveyron
- 31 Haute-Garonne Nord-Est
- 31 Haute-Garonne Ouest
- 31 Haute-Garonne Sud Est
- 31 Toulouse
- 31 Muret
- 31 Comminges
- 32 Gers
- 46 Lot
- 47 Lot-et-Garonne
- 65 Hautes-Pyrénées
- 81 Albi
- 81 Castres
- 82 Tarn-et-Garonne
L'espace publicitaire de la dépêche est commercialisé par une filiale du groupe, L'Agence de comm, structure résultant de la fusion de la régie historique O²Pub (occitane de publicité) et de Midi Media (régie du groupe Les journaux du Midi racheté en 2015).