Elisabeth von Schleicher

Publié le par Mémoires de Guerre

Elisabeth von Schleicher, née von Hennigs le 18 novembre 1893 à Potsdam et morte le 30 juin 1934 (à 40 ans) à Neubabelsberg près de Potsdam, est la femme du chancelier et général Kurt von Schleicher. Elle et son mari sont victimes des règlements de comptes de la nuit des Longs Couteaux et sont assassinés dans leur villa le 30 juin 1934. 

Elisabeth von Schleicher
Jeunesse

Mariages

Elisabeth von Hennigs est née en 1893 comme deuxième enfant et fille unique du général prussien Victor von Hennigs (1848-1930) et de son épouse Paula, née von Albedyll. Ses deux frères sont morts pendant la Première Guerre mondiale. Le 7 janvier 1916, von Hennigs épousa en premier lieu l’aristocrate brandebourgeois et le cavalier royal prussien Bogislav Otto Hans Karl von Schleicher (23 octobre 1892 à Perleberg ; né le 2 novembre 1945 en Union soviétique) à Berlin-Lichterfelde. De ce mariage naît une fille, Lonny Elisabeth Marie Paula von Schleicher (4 novembre 1919 à Berlin-Lichterfelde-West, 13 novembre 2014 à Munich). Le 28 juillet 1931, elle épouse en deuxièmes noces l’officier et futur chancelier du Reich Kurt von Schleicher, cousin de son premier mari, dont elle avait auparavant divorcé le 4 mai 1931 d’un commun accord de toutes les parties. 

Si l’on en croit les notes du comte Kessler, le divorce d’Elisabeth von Schleicher de son premier mari et son remariage avec Kurt von Schleicher ont eu indirectement une signification politique : Kessler rapporte dans ses journaux (Journaux 1918-1937), l’ancien chancelier du Reich allemand Heinrich Brüning lui a communiqué lors d’une rencontre à Paris dans les années 1930,  les nationaux-socialistes "dans le cadre de leur confrontation avec Schleicher - qui, de 1929 à 1932, en sa qualité de conseiller principal du président du Reich Paul von Hindenburg, a donné à ce mouvement national-socialiste des conseils - la question du divorce utilisé, pour ternir la réputation du Schleicher qui leur déplaît auprès du président du Reich. 

A cette fin, ils auraient apporté à eux-mêmes des documents concernant l’affaire de divorce Elisabeth von Schleicher par effraction dans un cabinet d’avocats et les auraient transmis à Hindenburg. Hindenburg - un homme très conservateur et chrétien croyant, qui avait une attitude très négative à l’égard du divorce - avait par la suite une attitude négative vis-à-vis de son protégé en raison des informations qui lui avaient été données sur le divorce qui l’avait précédé. Selon Brüning, cette affaire a contribué de manière décisive à la chute de Schleicher en 1932 dans la faveur du chef d’État vieillissant et à la perte de sa position de conseiller principal de Hindenburg au profit de Franz von Papen. Von Papen a ainsi pu gagner sa position de confiance chez Hindenburg, qui s’est révélée fatale. 

Schleicher lui-même, dans une lettre adressée en 1931 à l’ancien ministre de la Défense Otto Geßler, juge de son mariage qu’il avait besoin d’un certain soutien par la sagesse féminine et le tact féminin dans son travail. Plusieurs ouvrages de mémoires, comme par exemple de Papens Der Wahrheit ein Gasse", ont noté indépendamment Elisabeth von Schleicher : Son apparence et son charme lui ont valu beaucoup d’admiration lors de toutes les manifestations, officielles et privées. "et a ainsi aidé son mari à développer ses relations aux niveaux politique et semi-politique (social) (von Plewhe, page 143).

La famille a d’abord vécu dans l’appartement de Schleicher dans la Alsenstraße à Berlin et a emménagé en 1932, après sa nomination comme ministre de la Reichswehr, dans le ministère de la Reichswehr dans la Bendlerstraße, où elle est restée après l’entrée en fonction de Schleicher comme chancelier du Reich. Début février 1933, peu de temps après la démission de Schleicher comme chancelier et la nomination d’Adolf Hitler au poste de chef du gouvernement, le couple von Schleicher acquiert une villa dans la rue Griebnitz 4 à Neubabelsberg - plus précisément à Klein Glienicke - près de Potsdam (aujourd’hui partie de Potsdam) dans le voisinage immédiat de la famille Adenauer. Le bâtiment a ensuite été démoli parce qu’il se trouvait dans la ligne de mort du mur. 

Assassinat

Le 30 juin 1934, cinq jeunes hommes non identifiés à ce jour ont accédé à la maison de la famille Schleicher et ont abattu Elisabeth von Schleicher avec son mari. Le général est mort sur les lieux du crime, sa femme est morte - inconsciente - de ses blessures pendant le transport à l’hôpital de district de Nowawes. Le certificat de décès mentionne les hémorragies internes comme cause de décès. Les corps de Kurt et Elisabeth von Schleicher ont été saisis par la Gestapo peu avant les funérailles prévues. Ce n’est qu’après les funérailles d’Élisabeth von Schleicher et de son mari, qui devait se tenir sans les restes au cimetière du parc de Lichterfelde, que des urnes contenant les cendres des morts furent envoyées aux familles. Les morts avaient été incinérés le 3 juillet 1934 au crématorium de Wilmersdorf. En tant qu’auteur de la mission d’assassinat contre Kurt von Schleicher, dont sa femme a été victime par hasard, on soupçonne entre autres Hermann Göering, Heinrich Himmler et Adolf Hitler lui-même. La thèse la plus plausible dans la recherche est que les assassins ont agi pour le compte de Himmler, car la déclaration de Göering au procès de Nuremberg selon laquelle il aurait seulement voulu faire arrêter le général est étayée par le fait que le jour du crime, Quelques heures après l’apparition des assassins, en fait, un deuxième groupe d’hommes dans la maison de la famille a capturé le général mais l’a trouvé mort. 

On peut cependant exclure la thèse de Holtzendorff, introduite dans la littérature, selon laquelle un commandement roulant devenu sauvage" aurait pu avoir commis cet acte, car la coordination étroite du meurtre de Schleicher avec le meurtre de son confident Ferdinand von Bredow en parle déjà. La remarque de Goebbels dans un journal du 1er juillet 1934 -  Au programme à Berlin. Dommage, mais pas de changement. " - soutient la thèse selon laquelle la mort d’Elisabeth von Schleicher était un accident alors que la mort de son mari était conforme au programme", c’est-à-dire intentionnelle. L’assassinat d’Elisabeth von Schleicher avec son mari par les SS (ou Gestapo) pendant la nuit des longs couteaux, le 30 juin 1934, est considéré comme l’un des premiers actes de terreur du régime nazi. Contrairement aux violences perpétrées par la SA en 1933 et 1934, qui se justifiaient comme des émeutes auxquelles le gouvernement ne pouvait rien changer, l’assassinat délibéré du couple de Schleicher et d’autres personnes était directement imputable au gouvernement. Cette violence a été flagrante dans la mesure où, contrairement aux agressions contre d’autres personnes plus armées, telles que des partis ou des groupements politiques, elle a frappé une femme au foyer et ne pouvait donc pas être justifiée comme mesure de légitime défense de l’État. 

L’acte est souvent considéré comme l’une des premières preuves visibles publiquement de la nature du régime nazi et comme un avertissement de ce qui vient. Dans ce contexte, la présentation de la Gestapo à l’hôpital de Nowawes par Friedrich-Karl von Plehwe dans l’introduction de sa biographie de Schleicher (pages 7 et suivantes) pour apporter les bijoux des morts est également significative, ce qui a cependant échoué en raison du refus du médecin compétent de le rendre. L’acceptation sans protestation de l’assassinat par la population, et en particulier par les milieux politiques et militaires, a été adoptée par de nombreux historiens et publicistes (comme Andreas Hillgruber ou Sebastian Haffner) Elle est considérée comme une première complicité, ou du moins comme un échec face aux actions des nazis. L’accusation, souvent exprimée, a été retenue lorsque le régime a commencé à se démasquer. 

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