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Revue de presse de l'Histoire - La Seconde guerre mondiale le cinéma les acteurs et les actrices de l'époque - les périodes de conflits mondiales viètnamm corée indochine algérie, journalistes, et acteurs des médias

Bauer Fritz

Fritz Bauer, né le 16 juillet 1903 à Stuttgart et mort le 1er juillet 1968 à Francfort-sur-le-Main, est un juge et un procureur allemand. Il fut l’initiateur des procès dits « d'Auschwitz » à Francfort-sur-le-Main où comparurent des gardiens du camp d’Auschwitz. Le travail de Fritz Bauer a contribué à l'élaboration d'un système de justice démocratique en Allemagne, à la condamnation des injustices nazies ainsi qu'à la réforme du droit pénal. 

Bauer Fritz
Jeunesse et Seconde Guerre mondiale

Fritz Bauer est l'aîné d'une famille de commerçants juifs allemands, lui-même non pratiquant. Il fait des études de commerce, puis étudie le droit à Heidelberg, Munich et Tübingen. Après avoir passé son doctorat en droit en 1928 (il fut le plus jeune docteur en droit d'Allemagne), il devient juge assesseur à la cour locale de la région de Stuttgart. En 1920, il avait déjà adhéré au Parti social-démocrate d'Allemagne. En raison de cette adhésion et de ses origines juives, il fut arrêté par la Gestapo et interné en mai 1933 puis, un peu plus tard, exclu de la fonction publique. En 1935, il s'exile avec sa famille au Danemark. Lorsque ce pays est occupé par la Wehrmacht durant la Seconde Guerre mondiale, Bauer s'exile en Suède en 1943. C'est là qu'il crée, en collaboration avec Willy Brandt du Parti socialiste ouvrier d'Allemagne, le périodique Sozialistische Tribüne (La Tribune socialiste).

Après guerre

Bauer revint en Allemagne en 1949, après la fondation de la RFA, alors que la fonction publique et le système judiciaire avaient été rétablis. Il exerça, dans un premier temps, dans des cours fédérales puis devint, un an plus tard, procureur général de la République à la cour d'appel de Brunswick. En 1956, il fut nommé aux fonctions de procureur général du Land de Hesse, situé à Francfort-sur-le-Main. Il a exercé cette fonction jusqu'à sa mort en 1968. Après-guerre, il ne ménagea pas ses efforts afin d'obtenir justice et compensations aux victimes du régime nazi. En 1951, il poursuivit Otto-Ernst Remer, un ancien Generalmajor de la Wehrmacht, pour diffamation et insultes envers la mémoire des participants du complot du 20 juillet 1944 que Remer avait qualifié de traîtres ; ces poursuites aboutirent au procès Remer, qui ouvrit la voie au rejet par la justice allemande de la légitimité du Troisième Reich. En 1958, il obtint qu'un procès en action collective certifié soit organisé à l'encontre des membres de l'administration du camp de concentration d'Auschwitz ; le recueil des nombreuses réclamations individuelles de victimes aboutit aux procès dits « d'Auschwitz » à Francfort qui débutèrent en 1963. 

De 1957 à 1960, il a contribué de façon décisive aux efforts pour retrouver Adolf Eichmann en Argentine. Lothar Hermann, un rescapé du camp de concentration de Dachau, avait émigré en Argentine en 1938 avec toute sa famille. Or sa fille Sylvia entretenait une relation avec Klaus, le fils aîné d'Eichmann. Les confidences de Klaus relatives au passé nazi de son père, ainsi que la lecture en 1957 d'un article concernant les criminels nazis réfugiés en Argentine (dont Eichmann), mirent Hermann sur la voie de ce dernier. Il envoya alors sa fille enquêter chez les Eichmann (qui se faisaient appeler Klement), et elle obtint, de la bouche même d'Adolf, la confirmation des soupçons de son père. Celui-ci prévint alors Fritz Bauer qui, n'ayant pas confiance dans les services allemands où travaillaient d'anciens nazis et craignant qu'ils préviennent Eichmann, prévint directement les autorités israéliennes. Celles-ci prirent contact avec Hermann. 

Le Mossad finit, grâce aux indications de Hermann qui continuait à le surveiller, par localiser précisément Eichmann. Un plan d'enlèvement fut ainsi élaboré par les services secrets israéliens. Le gouvernement israélien l'approuva finalement en 1960, et il fut mis en œuvre peu après. Bauer fonda également, avec Gerhard Szczesny, le Syndicat humaniste, une organisation de défense des droits de l'Homme, en 1961. Après la mort de Bauer, l'Union fit un don pour financer le Prix Fritz Bauer. En 1995 fut fondé l'Institut Fritz Bauer, organisation à but non lucratif consacrée aux droits civils, qui se concentre sur l'histoire et les conséquences de la Shoah. Dans le système judiciaire allemand de l'après-guerre, Bauer a été une figure controversée en raison de son engagement socio-politique. Il aurait déclaré « Dans le système judiciaire, je vis comme en exil ».

Décès

Il fut retrouvé mort dans sa baignoire le 1er juillet 1968. Il savait qu’il était un homme haï et en danger : « Dès que je sors du palais de justice je me retrouve en territoire ennemi ». Son appartement, habituellement jonché de manuscrits et de dossiers, était totalement « rangé ». C’est l’étrangeté de cette mort subite, jamais remise en question par la police ou par le gouvernement allemand, qui décida la documentariste Ilona Ziok à se mettre à la recherche de témoins pouvant raconter la vie de Bauer et leurs doutes sur sa mort, et à réaliser le film hommage Fritz Bauer, mort par acomptes (Fritz Bauer – Tod auf Raten), sorti en 2010, date à laquelle Bauer était oublié en Allemagne. Ses derniers jours furent désillusionnés. Toutefois, après un revirement de la jurisprudence allemande en 2006, qui jusque là refusait de considérer toutes les personnes impliquées à Auschwitz comme conjointement responsables du meurtre de masse systématique, mais demandait au contraire des preuves individuelles pour des meurtres précis, a mis en lumière le travail pionnier de Fritz Bauer. 

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