Milivoj Petkovic est né le 11 octobre 1949 à Sibenik, en république socialiste de Croatie.
Diplômé de l’école militaire de l’Armée populaire yougoslave (JNA), il avait le grade de lieutenant-colonel lorsqu’il l’a quittée, vers juillet 1991, pour rejoindre l’armée croate. Vers le 14 avril 1992, il a été affecté à la tête du poste de commandement avancé de l’armée croate à Grude, en Bosnie-Herzégovine, soit l’état-major principal des forces armées du Conseil de défense croate (HVO). D’avril 1992 au 24 juillet 1993 environ, il a exercé les fonctions de chef militaire des forces armées du HVO, en tant que « chef de l’état-major principal du HVO ». Vers le 26 avril 1994, il a été nommé commandant suprême du HVO, position qu’il a occupée jusqu’au 5 août 1994 environ. Selon l’acte d’accusation, Milivoj Petkovic aurait participé à une entreprise criminelle commune, entre le 18 novembre 1991, ou avant, et avril 1994 environ, ayant pour but de recréer, dans les frontières de la Banovina croate, une « grande Croatie» ethniquement pure. Ainsi, il aurait, au cours du siège de Mostar, incité à la haine politique, ethnique ou religieuse, usé de la force, de l’intimidation et de la terreur, notamment par des arrestations de masse au cours desquelles des personnes ont été tuées, puis participé à l’instauration et au développement d’un système de camps de concentration et autres centres de détention. Il aurait également, par les mauvais traitements infligés aux Musulmans bosniaques, mis en place leur expulsion et leur transfert forcé et aurait soumis les populations incarcérées au travail forcé.
Le même acte d’accusation allègue qu’il aurait, à la tête du HVO, participé, dès mai 1992, au nettoyage ethnique de la ville et de la région de Prozor, de la municipalité de Gorjni Vakif, des villages de Sovici et Doljani et de la municipalité de Mostar, notamment par l’attaque de civils musulmans et la destruction, le pillage ou le vol de leurs biens, l’emprisonnement de masse et les mauvais traitements, les violences sexuelles, les exécutions et la persécution. Le HVO a utilisé le camp de l’Héliodrom, au sud de la ville de Mostar, comme centre de détention pour accueillir les Musulmans arrêtés massivement à Mostar, de septembre 1992 au 21 avril 1994 ; jusqu’à 6’000 personnes y ont été détenues, dans des conditions inhumaines. Le camp de Vojno, au nord de la ville de Mostar, a été utilisé aux mêmes fins, de juin 1993 à mars 1994. Le camp de Ljubuski a été utilisé pour détenir des Musulmans de Bosnie et les soumettre au travail forcé et à d’autres mauvais traitements, avant de les expulser, d’avril 1993 à mars 1994. Dans les municipalités de Stolac et de Capljina, durant l’année 1993, la plupart des hommes musulmans ont été arrêtés et emprisonnés, soumis à des mauvais traitements ou tués, alors que les femmes, les personnes âgées et les enfants étaient chassés de leurs foyers; des habitations furent détruites.
La prison militaire du district de Dretelj a été utilisée par le HVO, d’avril à septembre 2003, pour y détenir des Serbes et jusqu’à 2’270 hommes musulmans de Bosnie. Les détenus y ont été soumis à des sévices et à des traitements cruels, provoquant la mort de certains. Le HVO a détenu également à la prison de Gabela, du 8 juin 1993 à avril 1994, jusqu’à 1’200 hommes musulmans de Bosnie, certains âgés de moins de 16 ans, sans considération de leur statut militaire ou civil, les soumettant à des sévices et à des traitements cruels, provoquant la mort d’au moins six d’entre eux. Beaucoup de ces détenus ont été ensuite expulsés vers d’autres pays. A Vares, le HVO a utilisé deux écoles comme lieu de détention pour des hommes musulmans de Bosnie, dans des conditions comparables. Milivoj Petkovic s’est volontairement rendu au Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie (TPIY) le 5 avril 2004. Milivoj Petkovic s’est volontairement rendu au Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie (TPIY) le 5 avril 2004. Il a comparu devant le TPIY pour la première fois le 6 avril 2004 et a plaidé non coupable des chefs d’accusation retenus contre lui. Milivoj Petkovic est poursuivi sur le fondement de sa responsabilité pénale individuelle (art. 7 par. 1 Statut TPIY) et de supérieur hiérarchique (art. 7 par. 3 Statut TPIY), pour:
Le procès de Milivoj Petkovic concerne également Jadranko Prlic, Bruno Stojic, Slobodan Praljak, Berislav Pusic et Valentin Coric. Le procès s’est ouvert à La Haye le 26 avril 2006. Le 11 juin 2007, la chambre de première instance a accepté la demande de la défense de relâcher provisoirement Petkovic et son coaccusé. Les détails de la libération restent confidentiels. Le procureur a terminé ses arguments le 24 janvier 2008. Le 5 mai 2008 la Défense a commencé la présentation de ses preuves et elle a terminé le 17 mai 2010. Les réquisitions et les plaidoiries des parties ont été présentées entre le 7 février et le 2 mars 2011. Le 29 mai 2013, le TPIY l’a condamné à 20 ans de prison pour crimes contre l’humanité, violations des lois ou coutumes de la guerre et infractions graves aux Conventions de Genève, perpétrés entre 1992 et 1994. Il a été reconnu coupable pour sa participation à une entreprise criminelle commune visant à chasser la population musulmane des territoires revendiqués par les dirigeants croates de Bosnie et de Croatie.