Elkabbach Jean-Pierre

Publié le par Mémoires de Guerre

Haïm Jean-Pierre El Kabbach, dit Jean-Pierre Elkabbach, né le 29 septembre 1937 à Oran (Algérie) et mort le 3 octobre 2023, est un journaliste, homme de médias et éditorialiste français. Journaliste et présentateur d’émissions politiques depuis les années 1960, principalement sur les chaînes de télévision française, il occupe différents postes de direction au sein du groupe Lagardère Media, étant notamment président d'Europe 1 de 2005 à 2008. De janvier 2018 à l'été 2019, après être devenu conseiller du président de la chaîne d’information en continu CNews, à plus de 80 ans il intervient quotidiennement dans la matinale de la chaîne, pour y réaliser une interview politique d'une dizaine de minutes. Après une interruption pour raisons de santé, il reprend l’antenne sur la chaîne en animant une émission d’interviews chaque dimanche pendant une heure vers la fin d’après-midi. En août 2021, il effectue son grand retour sur l'antenne d'Europe 1. 

Elkabbach Jean-Pierre

Carrière

Famille, enfance et études

Haïm Jean-Pierre El Kabbach, dit Jean-Pierre Elkabbach, est né dans une famille juive d'Oran, Jean-Pierre Elkabbach est le mari de Nicole Avril. Il a un frère et une sœur plus jeunes que lui. Son père, Charles Elkabbach, négociant en import-export, est passionné de football et sera notamment vice-président de l'Olympique de Marseille, sa mère, Anne Sadok, est femme au foyer. Son enfance est marquée par la mort de son père le 3 octobre 1949 (il est lui-même décédé un 3 octobre), lors du Yom Kippour alors qu'il lisait une prière à la grande synagogue d'Oran. Depuis, il est devenu « juif laïc » et lui a fait la promesse de rendre son nom célèbre. Après des études au lycée Lamoricière d'Oran, où il devient lauréat Zellidja, il décroche son baccalauréat et part à Paris faire des études à l'Institut français de presse. Il étudie également à la faculté des lettres de l'université de Paris, et valide une première année d'études à l'Institut d'études politiques de Paris en 1959. 

Parcours professionnel

Parallèlement, Jean-Pierre Elkabbach suit des cours de théâtre, une passion acquise depuis son appartement à Oran, où il entendait de son balcon chanteurs et comédiens répéter dans le théâtre d'Oran. Au cours de ses vacances de l'été 1960 en Algérie, il entre à Radio Alger et, devant sa motivation, le rédacteur en chef le prend en stage. Journaliste à Oran, Alger et Constantine, il est arrêté, lors du putsch des généraux en 1961, par les militaires putschistes qui lui reprochent d'être un pied-noir traître à l'Algérie française. Il est alors nommé à Paris, où il travaille à l'Office de radiodiffusion télévision française jusqu'en 1968, quand, pour avoir fait grève, il est « mis au placard » et muté à Toulouse, puis envoyé comme correspondant à Bonn. En 1970, il devient présentateur du journal télévisé de la première chaîne. En 1972, il rejoint la deuxième chaîne pour y occuper la même fonction jusqu'en 1974, tout en animant le magazine Actuel 2. 

En 1974, il présente la tranche d'information de midi de France Inter, puis il est successivement, à partir de 1975, rédacteur en chef de France Inter, rédacteur en chef à la direction de l'information de Radio France et directeur de l'information d'Antenne 2 en 1977. En particulier, il commente le couronnement de Jean-Bedel Bokassa, empereur de Centrafrique en décembre 1977. En octobre 1979, il écarte Claude Sérillon de la présentation de la revue de presse de la chaîne, ce dernier y ayant traité de l'affaire des diamants de Bokassa. De 1977 à 1981, il anime différentes émissions, dont Cartes sur table, avec Alain Duhamel. Invention de l’humoriste Thierry Le Luron, la phrase que lui aurait lancé Georges Marchais, secrétaire du Parti communiste, « Taisez-vous, Elkabbach ! » connaît un certain succès public au point de devenir le titre d'un livre écrit par le journaliste avec son épouse, Nicole Avril, en 1982. Cette phrase semble être un raccourci d'une phrase — « me coupez pas la parole… » — que Georges Marchais avait pour habitude de lancer dans ses entretiens quand il était agacé par l'intervention hâtive d'un journaliste. 

Jugé proche de la majorité sortante , il est évincé de l'antenne à la suite de l'élection de François Mitterrand en 1981. Il rejoint Europe 1 la même année, où il est successivement animateur de Découvertes jusqu'en 1987, directeur d'antenne et présentateur du 8 h - 9 h de 1987 à 1988, puis directeur général adjoint en 1988. En novembre 1990, il devient conseiller auprès du président et du directeur général de La Cinq, Yves Sabouret. Il conserve cependant à Europe 1 ses fonctions de directeur général adjoint, ainsi que ses émissions. En 1991, pour cette chaîne de télévision, il anime le magazine Pile et face et coanime avec Pierre Géraud l'émission dominicale Dimanche, 20 h 10, Elkabbach jusqu'au 5 avril 1992 une semaine avant la mort de la chaîne privée. Il anime ensuite l'émission Repères sur France 3 de septembre 1992 à décembre 1993. Entre avril 1993 et juin 1994, il s'entretient à plusieurs reprises avec François Mitterrand pour le documentaire François Mitterrand : Conversations avec un président, diffusé en cinq volets après la mort du président de la République. 

En décembre 1993, il est élu président de France 2 et France 3, qui deviennent France Télévisions. Il est contraint de partir en 1996, à la suite du scandale des contrats faits aux animateurs-producteurs, notamment Jean-Luc Delarue, Nagui et Arthur. Un rapport des dépenses de la Télévision Françaises révèle pour la première fois les montants de ces contrats (qui n'étaient alors jamais divulgués) et des avances versées aux-dits animateurs-producteurs. En effet, le coût des émissions produites et des avances versées était en décalage avec le coût apparent à l'écran. La polémique enfle, notamment à cause des Guignols qui décrivent Elkabbach et les animateurs comme des « voleurs de patates ». Un expert est accrédité par le Tribunal de Commerce de Paris pour juger du coût réel des programmes, plus particulièrement ceux produits par Réservoir Prod, la société de production de Jean-Luc Delarue qui se lancera alors dans une bataille juridique contre la chaîne de télévision. Jean-Pierre Elkabbach devra s'expliquer devant les employés de France Télévision, à l'Assemblée Nationale et au Sénat. Le personnel de la chaîne, suspicieux du lien qui le lie aux animateurs, votera pour la première fois la défiance contre son président. Acculé, il devra démissionner de son poste. 

Il revient alors à Europe 1 pour animer l'émission L'invité du matin à 8 h 20 et le Club de la presse jusqu'en juillet 2000. Nommé conseiller spécial pour la stratégie des médias du groupe en 1990 par Jean-Luc Lagardère, il devient en avril 2005 directeur général de l'antenne d’Europe 1 et administrateur de Lagardère Active Broadcast, tout en conservant son émission matinale. En 2005, il est nommé président d'Europe 1 par Arnaud Lagardère, président de Lagardère Media. Il est contesté au sein de sa rédaction, d'abord en février 2006, pour avoir demandé conseil à Nicolas Sarkozy avant de choisir un journaliste politique suivant le ministre de l'Intérieur, puis, durant la campagne présidentielle de 2007, où il est accusé d'être partial en faveur du candidat de l'UMP. Après l'annonce erronée de la mort de Pascal Sevran, dans le journal de 19 heures d'Europe 1 du 21 avril 2008, qu'il considère d'abord comme « une erreur collective », il doit confirmer qu'il est l'auteur de l'information, et qu'il s'agit là d'une faute individuelle. En mai 2008, il doit s'expliquer devant le Conseil supérieur de l'audiovisuel, qui adresse une mise en demeure à la station. Un mois plus tard, début juin 2008, il est remplacé à la présidence d'Europe 1 par Alexandre Bompard, qui dirigeait jusqu'alors le pôle sport de Canal+. Tout en restant à l'antenne pour son entretien matinal, Jean-Pierre Elkabbach est nommé à la tête de Lagardère News, une structure rassemblant les médias d'information du groupe Lagardère. 

Il est condamné en avril 1996 à une amende pour avoir tenu des propos manquant de mesure et d'objectivité, à la suite d'une plainte de Martine Aubry. En 1997, il refuse de prendre sa retraite, expliquant qu'il est impliqué sur plusieurs projets. À partir de décembre 1999, parallèlement à ses activités sur Europe 1 et pendant trois mandats, il préside la chaîne parlementaire Public Sénat, où il anime l'émission littéraire Bibliothèque Médicis. En avril 2009, Gilles Leclerc lui succède à la présidence de la chaîne mais Jean-Pierre Elkabbach poursuit toutefois son émission littéraire Bibliothèque Médicis. En avril 2012, il fait partie du jury de l'émission Qui veut devenir président ? sur France 4. Jean-Pierre Elkabbach et Gilles Bouleau en entretien avec Vladimir Poutine à Moscou, le 3 juin 2014. Le Point le considère comme « proche de la droite ». Il se déclare en 2005 en faveur du Oui au référendum sur le traité établissant une constitution pour l'Union européenne. À partir de janvier 2017, il est remplacé par Fabien Namias à la tête de l'interview politique quotidienne de 8 h 20 en semaine sur Europe 1 et par Antonin André pour le Grand Rendez-Vous. Il rejoint CNews le 11 janvier 2017, et est nommé à 79 ans conseiller de l'actionnaire majoritaire Vincent Bolloré, qui dirige cette chaîne. En août 2021, après la reprise d'Europe 1 par Vincent Bolloré, Jean-Pierre Elkabbach retrouve l'antenne de la radio. Il sera amené à effectuer les grands entretiens matinaux du week-end. 

Vie privée

Marié le 31 mai 1974 à Nicole Avril, Jean-Pierre Elkabbach est le père de l'actrice Emmanuelle Bach, de son vrai nom Elkabbach, qu'il a eue avec Holda Trinkle — dite Holda Fonteyn — en 1968. 

Décès

Jean-Pierre Elkabbach meurt le 3 octobre 2023, à l'âge de 86 ans, d’un cancer. 

Distinctions

En mai 2009, l'ancien président français Jacques Chirac lui remet les insignes d'officier de la Légion d'honneur. En juillet 2014, le Premier ministre Manuel Valls le promeut commandeur de la Légion d'honneur. En avril 2011, il est fait citoyen d'honneur de sa ville natale d'Oran. En avril 2016, il est décoré des insignes d'officier de l'ordre tunisien du Mérite. 

Publications

  • Jean-Pierre Elkabbach et Nicole Avril, Taisez-vous Elkabbach !, éditions Flammarion, 1992, 348 p. (ISBN 978-2-08-064421-3, LCCN 82153307)
  • Jean-Pierre Elkabbach, 29 mois et quelques jours, Paris, éditions Grasset, 1997, 345 p. (ISBN 978-2-246-54341-1, LCCN 97169395)
  • Jean-Pierre Elkabbach avec Édouard Balladur, Passion et longueur de temps, Paris, éditions Fayard, 1989 (ISBN 978-2-213-02330-4)
  • François Mitterrand : conversations avec un président : documentaire tourné entre avril 1993 et juin 1994, diffusé sur France 2 au mois de mai 2001 en cinq épisodes.
  • Jean-Pierre Elkabbach, Les Rives de la mémoire, Bouquins, coll. « Mémoires », 2022, 440 p.

Source : Elkabbach Jean-Pierre

Publié dans Journalistes

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