Bastien Lydie
Lydie Bastien, née Lydie Jeanne Françoise, également connue sous les pseudonymes de Béatrice et Ananda Devi, née à Paris le 20 août 1922 et morte à l’hôpital Cochin à Paris le 25 février 1994, est une femme française qui aurait travaillé pour les Allemands lors de la Seconde Guerre mondiale, et est considérée par certains comme étant à l'origine des arrestations de Charles Delestraint et de Jean Moulin en 1943.
Originaire d'Ohain dans le Nord, pendant la Seconde Guerre mondiale, elle a peut-être été la maîtresse de Harry Stengritt, adjoint de Klaus Barbie et responsable à Lyon de la collecte des renseignements auprès de sources françaises. Elle aurait été alors chargée de séduire René Hardy, résistant, afin d'accéder à diverses informations sensibles. Hardy se serait confié rapidement à elle, ce qui aurait permis à Klaus Barbie d'organiser l'arrestation du chef de l'Armée secrète, le général Charles Delestraint, puis de plusieurs cadres de la résistance intérieure française, dont Jean Moulin, au cours d'une réunion organisée le 21 juin 1943 dans la banlieue lyonnaise à la suite de l'arrestation de Delestraint. Pendant cinquante ans, la responsabilité de la trahison reste floue.
Hardy est principalement soupçonné, mais est acquitté, faute de preuves, lors de deux procès après-guerre, en janvier 1947 et mai 1950. Lydie Bastien se serait chargée de truquer les procès, afin de ne pas être démasquée. Son rôle reste encore méconnu malgré les soupçons comme agent allemand que porte sur elle Henri Frenay. Après s'être intéressé à Jean Moulin dans Vies et morts de Jean Moulin : éléments d'une biographie (1998), le journaliste Pierre Péan est contacté par l'exécuteur testamentaire de Lydie Bastien, Victor Conté, qu'elle a chargé de faire connaître, après sa mort, la vérité sur son rôle. Muni des confidences recueillies par Conté, Pierre Péan enquêtera et en sortira le livre La Diabolique de Caluire (1999), dans lequel il précise le rôle joué, selon lui, par Lydie Bastien. Elle aurait été payée en bijoux pour son « travail », sa principale motivation ayant été l'intérêt.
Elle collectionne après-guerre les aventures avec des hommes riches et puissants, et a en particulier une relation avec le prêtre défroqué et écrivain surréaliste Ernest Gengenbach, qui évoque cette « beauté fatale », « luciférienne », et son expérience d'amant torturé dans son autobiographie romancée, l'Expérience démoniaque (1949). À la fin des années 1960, elle part vivre avec un maharaja en Inde. Elle s'installe ensuite aux États-Unis, où elle écrit des articles sur l'hypnose et le yoga et se rapproche d'Aldous Huxley, avant de revenir en France où elle finira ses jours après avoir créé le Centre culturel de l'Inde sous le haut patronage d'André Maurois puis un bar à Montparnasse Le Boucanier, temple de la new wave et du post-punk, au 11, rue Jules Chaplain, ancien Jacky Western Saloon dans lequel débutera le chanteur Dave. Elle fréquente aussi à cette époque Edgar Faure, René La Combe, le président guinéen Sékou Touré et gère également un bar de filles boulevard Henri-IV, le Gabrielle d'Estrées.
Elle décède à l'hôpital Cochin et est inhumée dans une fosse commune au cimetière parisien de Thiais.