Bataille de Crète

Publié le par Roger Cousin

Student KurtLa bataille de Crète oppose les troupes britanniques et alliées (néo-zélandaises, australiennes et grecques) aux parachutistes allemands pendant 10 jours, du 20 au 31 mai 1941, ce fut la dernière bataille de la campagne des Balkans. Le matin du 20 mai 1941, le IIIe Reich lance une invasion aéroportée sur la Crète sous le nom de code « Opération Merkur ». 17 000 parachutistes allemands sous les ordres du général Kurt Student sont largués sur trois points : Maleme, Héraklion, et Réthymnon. Leur but est de s’assurer de ces trois aérodromes pour permettre l'arrivée de renforts aérotransportés par la Luftwaffe qui dispose alors de la maîtrise du ciel, alors que la Royal Navy est encore maîtresse des mers et empêche tout débarquement. Pendant deux semaines, la bataille fait rage ; au moins 4 000 paras allemands sont tués, et 500 capturés. Malgré la victoire allemande sur les troupes britanniques et néo-zélandaises du général Bernard Freyberg, qui ont perdu 15 000 hommes, aucune autre opération aéroportée d'envergure ne sera lancée par les Allemands jusqu'à la fin de la guerre et les Fallschirmjäger seront employés comme troupes d'élite sur tous les fronts.

Le 1er novembre 1940, un convoi de vaisseaux britanniques jette l'ancre dans la baie de Souda. Le gouvernement grec fait savoir aux Britanniques qu'il retirerait la 5e division de l'armée grecque du front albanais et l'enverrait en Crète, à condition que l'armée britannique organise la défense de la Crète. Le 12 novembre 1940, Hitler donne l'ordre à ses troupes de prendre possession de la Grèce en employant massivement les forces aériennes contre leur cible. But de l'opération : le contrôle de la Méditerranée Orientale. Hitler donne des directives ultra-confidentielles aux responsables de ses troupes aéroportées pour s'emparer des points d'appui britanniques sur les îles grecques. Le commandement militaire de la Crète à La Canée charge les corps des milices d’empêcher par tous les moyens l'atterrissage des paras allemands ainsi que l'approche de l'ennemi des aérodromes et des avions. Dans le nuit du 25 au 26 mars 1941, au large du golfe de Souda, une opération commando de marins italiens de la X MAS, sur six canots à moteur MTM Barchino, coule le croiseur lourd britannique "HMS York". Après ce raid de la baie de La Sude, il est évident pour tout le monde qu'il faut défendre la Crète et la sauver à n'importe quel prix.

L'enjeu est de taille : la Crète possède trois aérodromes (Maleme, Réthymnon et Héraklion) et une piste d'atterrissage de fortune à Kastelli à l'ouest de la presqu'île d'Akrotiri, ainsi qu'une base navale approvisionnable, à Kolpo, sur la presqu'île d'Akrotiri. En occupant la Crète, la Luftwaffe pourra s'en servir comme base aérienne contre les forces britanniques en Méditerranée orientale. La laisser aux mains des Alliés, menacerait les champs pétroliers roumains à Ploesti, qui n'étaient qu'à quatre heures de distance, vitaux pour l'Allemagne et surtout juste avant l'opération Barbarossa ! Le 21 avril 1941, les troupes de la Wehrmacht et des Waffen-SS viennent de terminer victorieusement la campagne des Balkans par la capitulation de l'armée royale grecque. Le 23 avril 1941, un hydravion de la Royal Air Force évacue Georges II de Grèce et le prince héritier pour la Crète. Le 25 avril la 5e brigade néo-zélandaise, forte de 5 000 hommes, débarque en Crète.

Le plan " Ajax ", plan de défense, est mis en place par le général d'état-major néo-zélandais Freyberg. Il prend en main le commandement de toutes les forces disparates qui se trouvent en Crète, la Creforce. Elles sont absolument insuffisantes pour parer une attaque massive de l'île. Il dispose d'Australiens, de Néo-Zélandais, d'Écossais et de Gallois qui sont des soldats aguerris et prêts à se sacrifier. S'y ajoutent 20 000 Grecs mal armés. Le 14 mai 1941 commencent, selon le plan de l'opération Merkur, les bombardements systématiques, par l'aviation allemande, de la Crète en vue de préparer l’attaque. Le 15 mai 1941, Freyberg pense être prêt pour la défense de la Crète. Il dit qu'avec le soutien de la marine, il arriverait à tenir l'île. Volte-face avec ses doléances face à Wavell, quand il lui disait, quelques jours auparavant, qu'il fallait reconsidérer la décision de tenir en Crète. Le 16 mai 1941, un avion de reconnaissance Henschel Hs 126 est abattu autour de Retimo. Les photographies aériennes trouvées à bord montrèrent qu'une seule des positions de la défense pouvait être identifiée et elle fut immédiatement remaniée. Cet excellent camouflage et l'absence d'artillerie anti-aérienne incitèrent les Allemands à penser que la zone de Retimo était pratiquement sans défense.

Les Allemands disposent de 2 divisions d'élite la 7eme division parachutiste du Général Student et la 5eme division de montagne du Général Ringel. Parfaitement équipées et entraînées, ces 2 divisions fortes de 7 régiments au total sont deux formations de 1er ordre. Des compagnies divisionnaires : anti-char, sapeur, mitrailleuses lourdes, mortiers et des compagnies sanitaires complètent l'ensemble.

Le parachutage initial va se faire sur 3 zones :

  • Groupe Ouest (Generalmajor Meindl) avec l'essentiel du Régiment d'assaut : Maleme
  • Groupe Centre (Generalleutnant Süßmann) avec le 1er et 3e régiment : Chania, Rethymno, Souda
  • Groupe Est (Generalleutnant Ringel) le 2e régiment : Héraklion (Iraklio)



Les Alliés disposent de : La 14e Brigade d'infanterie Anglaise, la 2e division d'infanterie Néozélandaise, de la 19e brigade d'infanterie Australienne, et de l'équivalent d'une division Grecque, mais très mal équipée. Les alliés sont très supérieurs en nombre : plus de 5 fois plus nombreux au premier jour de l'assaut. Le plan d’invasion (Merkur) est relativement simple : il consiste à larguer vers 7h plusieurs milliers de parachutistes (à l’aide de Ju 52 et de planeurs DFS 230) en plusieurs vagues sur les points forts de Héraklion (colonel Brauer), Maleme (régiment d'assaut du général Meindel) et Réthymnon (colonel Sturm) en vue de s’emparer des 3 aérodromes s’y trouvant tandis que la capitale, La Canée et la rade de Souda devaient être rapidement conquises (régiment du colonel Heidrich). La Luftwaffe devait auparavant neutraliser les défenses de ces points et le parachutage devait se faire sous le couvert de la surprise. Plus tard dans la journée, environ 6-7 000 chasseurs alpins (Gebirgsjager) devaient être débarqués à l’aide de deux flottilles légères (Leichtflotile) constituées de caïques (navires de pêche locaux). La conquête des divers aérodromes de l’île devait permettre d’acheminer rapidement d’autres renforts. Tout ne se passa cependant pas comme prévu.

Dès le début, les Allemands comprennent que l’invasion sera rude. Les attaques de leur aviation ont en fait eu assez peu d’effet. Mis au courant par l’appareillage de décryptage Ultra du plan allemand, le général Freyberg a pu disposer ses troupes comme bon lui semble depuis près d’une semaine, et a donné l’ordre à ses servants de DCA de ne pas tirer sur les chasseurs et bombardiers allemands des raids matinaux pour leur donner l’impression que toute résistance a cessé. Et cela marche. Lorsque les transports allemands apparaissent, l’enfer semble, à leur grande surprise, se déchainer sur eux, leur causant de lourdes pertes. Ainsi, le général Wilhelm Süßmann, chargé de couper en deux le dispositif de défense britannique, est tué, perturbant ainsi grandement les plans allemands. Seul avantage pour l’agresseur : une partie des troupes britanniques est disposée sur les plages, en vue de contrer les débarquements de chasseurs de montagne qui y sont prévus. Comme on le verra, ces débarquements n’eurent finalement jamais lieu. Si ces mêmes troupes alliées avaient été elles aussi disposées sur les aérodromes, la première vague allemande aurait été complètement anéantie. Durant la journée, d’autres largages ont lieu, et l’on voit dans les airs quelques combats entre chasseurs et bombardiers des deux camps. Si les avions britanniques étaient peu nombreux, les Messerschmitt Bf 109 allemands étaient à la limite de leur autonomie, ce qui les empêcha dans un premier temps d’avoir la supériorité aérienne absolue. Quelques appareils italiens soutinrent leurs alliés allemands, avec notamment 26 bombardiers et quelques chasseurs, sans grand succès.

Le secteur d'Héraklion est défendu par la 14e Brigade (Brigadier Chappel) composé de 3 bataillons de premier ordre, de 2 bataillons Australiens, 1 régiment d'artillerie et 3 bataillons Grecs. La ville est laissée aux Grecs, tandis que l'aérodrome est défendu par les meilleurs bataillons (2nd Black Watch). Les alliés manquent de matériels lourds mais disposent tout de même de 12 Bofors, 9 canons de 100 mm, et 4 de 75 mm pour défendre l'aérodrome. Les allemands attaquent avec 4 bataillons sous le commandement du Colonel Brauer. La coordination entre les Stukas et les Ju 52 est très mauvaise et une grande partie du 1er Bataillon qui est parachuté sur l'aérodrome est détruit dès son arrivée. Au soir aucun objectif n'est atteint et Brauer ne tient que la colline est de l'aérodrome. Les pertes sont de plus de 200 hommes tués soit dans le crash de leur Ju52 soit dès leur arrivée. Les alliés ont abattu 15 appareils. À l'ouest de la ville les allemands sont dispersés et n'arriveront que le soir devant la ville. Il manque 600 hommes au groupe est faute de transport.

Le secteur de Rethymnon est défendu par 2 bataillons australiens (Colonel Campbell). Avec seulement 4 canons de 100 mm, 4 de 75 mm et aucun moyen anti-aérien lourd. 4 bataillons Grecs très faiblement armés sont gardés en réserve ou pour défendre la ville. Les 2 bataillons australiens sont parfaitement placés et camouflés de chaque côté de l'aérodrome. Les allemands vont attaquer avec le 2e régiment parachutiste du Colonel Sturm, unité très puissante surpassant totalement les alliés dans ce secteur. Le parachutage est encore ici très mal exécuté. Les Australiens détruisent 7 Ju 52 avec leurs mitrailleuses Bren. Les allemands sont dispersés dans tout le secteur, la colline 'A' est prise, mais les alliés utilisent les bataillons Grecs de réserve pour la reprendre. Si bien qu'aucun objectif allemand n'est atteint et les pertes importantes.

Le secteur de Maleme-Souda est une boucherie pour le si puissant régiment d'assaut allemand. Les alliés possèdent à cet endroit l'excellente division Néozélandaise et plusieurs compagnies de premier ordre comme les Royal Marines. Au soir, une partie de l’aérodrome de Maleme tombe aux mains des Allemands, il s'agit de leur seul succès de la journée. Seulement 2 bataillons du régiment d'assaut et une faible partie du 3e régiment du Colonel Heidrich répondront à l'appel. Le reste des 2 régiments sur ce secteur est perdu. Cependant avec l'aérodrome entre leurs mains, l'armée Allemande va pouvoir se renforcer et acheminer le matériel lourd de ses 2 divisions.

La liste des officiers supérieurs allemands morts la première journée est longue : Generalleutnant Süßmann (Général adjoint de la 7e division parachutiste), Major Braun (commandant du régiment d'assaut), Major Koch (commandant du 1er bataillon du régiment d'assaut), Major Scherber (commandant du 3e bataillon du régiment d'assaut). Le Generalmajor Meindl et le Major Derpa (commandant du 2e bataillon du 3e régiment) sont blessés. Soit 2 généraux et 4 chefs de bataillon hors de combat le premier jour.

Les alliés ne vont monter aucune opération durant la nuit. Le plan allemand est reformé en raison des fortes pertes de la veille. Seul terrain en partie sous contrôle allemand, la zone de l'aéroport de Malème va servir de tête de pont. Les autres secteurs devront attendre et seront dans la mesure du possible ravitaillé par les airs. Très vite, de nombreux renforts sont envoyés dans le secteur de Malème avec 650 chasseurs alpins supplémentaires, permettant la prise de la localité de Maleme et de la colline surplombant le terrain. Sur mer, la Luftwaffe s’en prend à la Royal Navy, coulant le destroyer Juno tandis que des combats aériens provoquent quelques pertes de part et d’autre. Mais vers 23 h, une escadre britannique intercepte la 1re leichtflotille (2331 soldats était transportés par une centaine de caïques). Héroïquement défendue par le seul torpilleur italien Lupo, la flottille ne perd « que » 297 hommes tués, mais doit faire demi tour. Les Britanniques affirment encore aujourd’hui avoir « anéanti » la totalité de la flottille, ce que démentent les rapports officiels allemands. Si la flottille s’en sort relativement bien, les renforts ne parviennent pas rapidement par la mer comme prévu, et les combattants doivent rejoindre le continent pour finalement atteindre la Crète par la voie des airs.

Ce jour-là, les combats font toujours rage sur terre et dans les airs. La situation évolue peu, les paras grignotant du terrain à l’aide de nouveaux renforts. Très vite, la seule piste exploitable pour l’acheminement de ces derniers s’encombre de multiples épaves, étant constamment sous le feu de l’artillerie britannique. En mer, la 2e leichtflotille est à son tour interceptée au sud de Milos, mais cette fois, prévenus, les bateaux allemands font demi-tour sous le couvert du torpilleur Sagittario, qui touche d’une torpille un croiseur britannique. La flottille ne perd au final qu’un seul navire. La Luftwaffe, en plus de soutenir comme elle le peut ses troupes au sol, combat la Royal Navy, touchant plusieurs de ses navires à des degrés divers. Ainsi, les croiseurs Naiad et Carlisle sont fortement endommagés et le cuirassé Warspite, accourant à leur secours est à son tour touché. C’est ensuite le tour du destroyer Greyhound, qui est rapidement coulé. Alors que les croiseurs lourds HMS Gloucester et Fidji sont dépêchés sur place pour repêcher des rescapés, ils sont à leur tour envoyés par le fond par des attaques de Stuka et de Ju 88, les chasseurs-bombardiers montrent leur efficacité sur ce type d'opération. Un très lourd bilan pour la Royal Navy, la Luftwaffe perdant elle une dizaine d’avions dans ces combats. Pour finir, 800 paras sont largués dans les environs de Rethymnon et Héraklion.

Comme la veille, la Luftwaffe brille par ses actions contre la Royal Navy. En matinée, deux escadres sont repérées et attaquées, les destroyers Kashmir, Kelly et Havoc étant coulés, le Kipling et le Iliex fortement touchés. Les chasseurs de montagne du général Ringel arrivent enfin sur l’île et très vite mettent tout en œuvre pour élargir la poche de Maleme, s’emparer de la baie de Souda (parsemée d’épaves de navires alliés) et avancer vers l’est pour épauler les paras combattant à Réthymnon et Héraklion, soutenus par l’aviation. Pour la première fois, celle-ci peut se servir de Maleme comme base opérationnelle, en y détachant momentanément deux chasseurs BF 109. Divers combats se déroulent dans les airs, les Britanniques envoyant en permanence quelque avions « straffer » la piste de Maleme, ajoutant d’autres épaves aux nombreuses déjà présentes. Bien des appareils allemands vont heurter ces épaves en y atterrissant, ajoutant par là même au chaos et rendant la piste de moins en moins praticable. Deux cent commandos 'Layforce' alliés sont débarqués en soirée par deux destroyers britanniques, afin de protéger le point d'évacuation de Sphakia sur la côte sud. Dans le secteur d'Héraklion, l'assaut des paras du colonel Brauer est un échec total : 1300 hommes ont été perdus, le reste du régiment ne tentera plus rien et attendra la relève.

Les combats acharnés se poursuivent en particulier autour des hauteurs de Galatas situées entre Malème et La Canée(Chania). Les Allemands peuvent faire atterrir leurs avions à Maleme. La 5e division de montagne est maintenant complète. Elle dispose de moyens lourds : de l'artillerie de montagne, de nombreux canons anti-char et surtout des bataillons d'infanterie bien équipés et entrainés. Le général Ringel prend alors le commandement de l'opération sur le terrain. Le secteur de Galatas est défendu par la division Néozelandaise, 2 bataillons Australiens et des troupes Grecques. Les allemands disposent d'un régiment d'artillerie, d'un régiment d'infanterie de montagne ainsi que du 3e régiment de parachutistes qui tient la 'Prison Valley' au nord de la ville. Le combat est inégal et les alliés doivent se replier sous la pression de l'artillerie et de l'aviation, ouvrant ainsi la route de La Canée.

Le 26 mai, 2 cuirassés, un porte-avions, deux croiseurs et trois destroyers britanniques quittent Alexandrie pour bombarder l’aérodrome allemand de Karpathos, y causant quelques dommages. Lors de son retour, l’armada est harcelée par l’aviation allemande, le porte-avions HMS Formidable et le destroyer Nubian étant durement touchés. De plus, le Glenroy chargé d’acheminer d’importants renforts sur l’île est contraint à rebrousser chemin sous les attaques allemandes. Freyberg est bien conscient que la situation lui échappe et, dans la soirée, ordonne le repli vers le sud. Ce repli est entamé le 27, alors que les Allemands prennent La Canée et progressent vers Souda. L’évacuation débute, là aussi. Le 28, deux Panzer II, de la 5.Pz.D., sont débarqués, ainsi que des troupes italiennes (qui ne participeront que très peu aux combats). Les troupes alliées rembarquent, de nombreux navires subissant l’assaut répété de la Luftwaffe (le croiseur HMS Ajax et le destroyer HMS Imperial sont gravement touchés, ce dernier étant coulé le lendemain). La baie de Souda est cette fois bel et bien conquise. Le 29, ce sont pas moins de 3 destroyers qui sont à leur tour fortement endommagés par les attaques précises des bombardiers allemands.

L’évacuation s’achève, bien que nombre de soldats du Commonwealth errent encore pendant des semaines dans l’île, n’ayant pu la quitter. Les combats faiblissent graduellement, mais une dernière perte importante est à signaler sur mer. Deux croiseurs de la Royal Navy sont engagés pour appuyer les destroyers. L’un d’eux, le croiseur anti-aérien Calcutta est coulé en quelques minutes par l’attaque de 3 Ju 88.

Encore une fois, les Alliés sont « rejetés à la mer » par les troupes de l’Axe. Mais à quel prix ? Le seul corps des Fallschirmjäger enregistre 1520 tués, 1502 disparus et 1500 blessés. Les chasseurs alpins quant à eux ont 395 tués, 257 disparus et 504 blessés. À cela, il convient d’ajouter les quelques 300 aviateurs allemands, certains vétérans, perdus. Près de 6000 hommes hors de combat au total. Du point de vue matériel, le seul XIIIe Fliegerkorps enregistre 52 chasseurs, 18 stukas, 26 bombardiers et 4 avions de reconnaissance perdus, plus les pertes du XIe Fliegerkorps. Plus grave, plus de 100 Ju-52 de transport sont définitivement perdus, sans compter les appareils endommagés. Selon Karl Gundelach : « au 17 mai, 14 groupes de transport comptaient 675 appareils, dont 548 en état de vol. 3 semaines plus tard, ils n’étaient plus que 11 groupes, avec 539 avions dont… 220 en état. À la veille de Barbarossa, la Luftwaffe devait rayer (au moins momentanément) de ses effectifs 3 groupes et 328 appareils (soit 60 %) ». La Crète fut bien « le tombeau du parachutiste allemand » (Kurt Student), au regard du fait que jamais plus une opération de grande envergure n’allait leur être confiée. Cependant, le fait remarquable est que, bien que le prix en fut élevé, la Crète fut conquise, alors même que Freybergh était au courant des plans allemands. Les alliés perdirent environ 17 750 hommes, alors qu’ils avaient la supériorité numérique. À cela, plusieurs explications :

  • la réelle combativité des troupes allemandes, issues de corps d’élite ;
  • la supériorité aérienne de la Luftwaffe qui, bien que gênée, fut en mesure d’apporter un soutien efficace ;
  • le manque de coordination des troupes alliés, issues de plusieurs armées (britannique, grecque, néo-zélandaise, australienne) ;
  • le manque de discipline de certains (le corps des Anzacs — soldats néo-zélandais et australiens — étant réputé pour son « caractère » que « seul Montgomery sut dompter », comme l’écrivit David Zambon)
  • le changement de plan opportun des responsables allemands à Athènes qui, comprenant que la situation leur échappe, décident de renforcer prioritairement Maleme.


Il convient d’ajouter à cela les 9 grands navires de guerre (ainsi que la multitude de plus petits) coulés par les bombardiers allemands. Ces pertes furent particulièrement gênantes et durement ressenties quand il fallut envoyer des renforts en Extrême-Orient à la fin de l’année.

Les combats furent particulièrement féroces. Comme il l’a été dit, les Anzacs étaient indisciplinés, décrits comme des « brutes sauvages », ceci étant en partie dû au fait qu’une légende colportée par les troupes, prétendait que « les parachutistes ne faisaient pas de prisonniers ». De plus, nombre d’insulaires ont participé aux combats, parfois armés de machettes et autres armes contondantes. Nombreux furent les aviateurs et paras allemands exécutés (d’où le nombre élevé de disparus) par les Anzacs et les indigènes. Rajoutons aussi l’attaque de la première Leichtflotille vue par les Britanniques comme « un massacre glorieux, les navires partant à l’abordage des caboteurs, se frayant un chemin dans les eaux pleines de 4000 soldats noyés (297 en vérité)… » (Alan Clark). Ce que les auteurs britanniques oublient de mentionner, ce sont les soldats abandonnés à leur sort, mitraillés alors qu’ils s’agrippaient désespérément à des débris. Après guerre, des sous-mariniers allemands furent exécutés pour n’avoir au final pas plus mal agi que les « héroïques navires de l’amiral Glennie » ce 21 mai.

Pour finir Alan Clark dit dans son livre à la page 249: "Il fallait, maintenant, achever de payer le prix d'une stratégie confuse, d'un plan de défense établi à la légère, et de tant d'erreurs tactiques, commises au cours des semaines précédentes. Et, comme souvent, dans l'histoire britannique, la note serait réglée avec le sang et par l'héroïsme de la Marine".

De nombreux soldats alliés s'enfuient vers le centre de l'île et les montagnes. La Gestapo et les S.S. tenteront de les traquer en punissant sauvagement les Grecs qui les aident. Certains quitteront l'île par leurs propres moyens et un petit nombre restera : ils seront les premiers à coordonner la résistance qui débute à peine les Allemands installés.

Le terrain est propice à la guérilla et la résistance de l'île ira croissant avec une succession de coups souvent suivis de représailles allemandes. Plusieurs villages sont détruits par l'occupant et des otages sont exécutés, comme à Kandanos ou encore Kondomari (en), où 23 hommes sont fusillés le 2 juin 1941 par une unité de parachutistes commandée par le lieutenant Horst Trebes (de).

En janvier 1945, les partisans grecs exercent une pression insoutenable pour les Allemands ; en mars 1945 les derniers Allemands encore sur l'île se rendent et sont remis à l'armée britannique.


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