Feltin Maurice
Maurice Feltin, né le 15 mai 1883 à Delle dans le Territoire de Belfort et mort le 27 septembre 1975 à Thiais, est un ecclésiastique français qui fut évêque de Troyes, archevêque de Sens, puis de Bordeaux et de Paris et fait cardinal en 1953.
Maurice Feltin est élève au séminaire de Saint-Sulpice de Paris et est ordonné prêtre le 3 juillet 1909. Jusqu'en 1927, il exerce son ministère dans le diocèse de Besançon. Âgé de 31 ans quand éclate la Première Guerre mondiale, il sert comme sergent à la 7ème section du groupe des brancardiers du 7ème Corps d'Armée. Il est "remis" caporal à sa demande le 5 avril 1916 et transféré au 174ème régiment d'infanterie. Il est de nouveau nommé sergent le 24 octobre 1916 Il est évacué pour maladie du 7 mars au 13 avril 1917. Il est démobilisé en 1919 et reçoit de nombreuses décorations militaires. Il est décoré de la Médaille militaire, de la Croix de guerre 1914-1918 et de la Légion d'honneur. En 1927, le pape Pie XI le nomme évêque de Troyes, où il érige canoniquement les Dominicaines missionnaires des campagnes. En 1932, il est nommé archevêque de Sens, en 1935 archevêque de Bordeaux où il incite l'électorat de son diocèse à voter pour les candidats du Front populaire, mais se soumet au régime de Vichy. En 1949, il est nommé archevêque de Paris. Pie XII le crée cardinal en 1953 avec le titre de cardinal-prêtre de S. Maria della Pace. Il prend parti en faveur de Joseph Colomb lors de l'affaire du catéchisme Colomb.
Archevêque de Bordeaux lorsqu'éclate la Seconde Guerre mondiale, il se rallie au Maréchal Pétain. Il approuve ainsi la Charte du Travail, à laquelle il recommande de participer. Partisan d'un modèle social corporatiste, il invite ses séminaristes à partir pour le STO. Cependant, il reste patriote et, sous l'influence du pasteur Marc Boegner, refuse l'antisémitisme[réf. nécessaire]. Il participe à la déclaration des évêques de France du 17 février 1944 qui condamne : « [les] appels à la violence et [les] actes de terrorisme, qui déchirent aujourd'hui le pays, provoquent l'assassinat des personnes et le pillage des demeures ». À la Libération, il fait partie des prélats que le gouvernement souhaiterait voir écartés pour leur attitude jugée conciliante5 envers le Régime de Vichy.
L'épiscopat du cardinal Feltin à Paris, à partir de 1949, est surtout marqué par son soutien à l'Action catholique et par sa préoccupation de l'apostolat en banlieue et dans les quartiers populaires. En 1950, il accepte la présidence de Pax Christi, Mouvement catholique international pour la paix, et en devint le 1er président. En 1954 et en 1959, il prend la défense du mouvement des prêtres ouvriers, lancé dans les années 1940 par Jacques Loew, sous réserve d'un encadrement de l'Église locale, mais s'oppose à un refus de la part du Saint-Siège, qui sera cependant levé en 1965 sous Paul VI. Le 7 février 1951, il honore de sa présence la bénédiction d'une plaque commémorative en l'église Saint-Germain-l'Auxerrois, par le nonce apostolique Monseigneur Roncalli, pour le souvenir du vœu de Willette, réalisé par Pierre Regnault le mercredi des Cendres 1926 avec l'Union des Catholiques des beaux-arts.
En 1952, il obtient un sursis à l'abbé Jean Boulier, intellectuel catholique de gauche engagé, parmi les fondateurs du Mouvement de la paix, accusé de « philocommunisme » et réduit à l'état laïc. Boulier avait soutenu le quotidien de gauche Ouest-Matin, qui avait publié la lettre du soldat Alexandre Lepan, accusant les troupes françaises d'avoir commis un certain nombre d'atrocités lors de la Guerre d'Indochine. Selon lui, son ancien chef de bataillon, Clauzon, commandant le 22e régiment d'infanterie coloniale, poussait ses hommes au meurtre et au pillage. Dix ans plus tard, Boulier sera définitivement privé du droit d'exercer ses fonctions de prêtre en 1962 après une étude sur le martyr de l'hérésie et héros national tchécoslovaque Jan Hus.
Le 23 décembre 1953, il introduit le procès en béatification d'Élisabeth de France, sœur du roi Louis XVI. En juin 1962, il rend facultatif le port de la soutane et autorise le port du clergyman. En 1963, il refuse les obsèques religieuses à Édith Piaf puisqu'elle avait vécu en dehors de l'Église, « en état de péché public ». Le cardinal Feltin s'oppose à la doctrine de la guerre révolutionnaire (DGR) forgée par l'armée française, considérant que la torture et l'assassinat d'opposants politiques vont à l'encontre de la religion catholique. Il prépare avec son coadjuteur, Mgr Veuillot, la fondation des nouveaux diocèses de Créteil, de Nanterre et de Saint-Denis, effective en 1966, peu avant sa démission. Il meurt le 27 septembre 1975 au monastère des Annonciades de Thiais, près de Paris, et est enterré dans le caveau des archevêques de la cathédrale Notre-Dame de Paris.