Förster-Nietzsche Elisabeth

Publié le par Roger Cousin

Förster-Nietzsche ElisabethTherese Elisabeth Alexandra Nietzsche (Röcken, 10 juillet 1846 - Weimar, 8 novembre 1935) est la sœur du philosophe Friedrich Nietzsche. Elle est connue aussi sous son nom de femme mariée : Förster-Nietzsche. Sœur aimante et soucieuse de préserver la mémoire de son frère, elle fut néanmoins à l'origine de la falsification de l'une des œuvres du philosophe, La Volonté de puissance. Au cours du XXe siècle, elle a été accusée d'avoir commis de nombreux forfaits à l'égard de son frère et de son œuvre, mais les commentateurs récents admettent que la plupart sont des inventions sans preuve ou contraires aux documents dont on dispose pour rejeter sur elle les accusations de fascisme et d'antisémitisme formulées contre Nietzsche.

Sœur cadette de deux ans de Friedrich Nietzsche, elle reçoit la même éducation luthérienne que son frère. Elle perd son père (pasteur) à l’âge de trois ans. Elisabeth vénéra son frère dès le plus jeune âge, au point de lui reprocher ses premières amours. Elle s'occupa de son ménage à Bâle, et fut près de lui quand il tomba malade. Il y avait entre eux une complicité parfois faite de secrets qui échappaient à leur mère. Elle fut ainsi sa première confidente. Cet amour fraternel était si fort que vers l'âge de 8 ans, Elisabeth et Friedrich déclarèrent qu'ils se marieraient ensemble quand ils seraient grands.

Les biographes estiment que le frère et la sœur commencèrent à s'éloigner l'un de l'autre vers 1878, quand Nietzsche, alors que la maladie l'avait plongé dans de violentes souffrances physiques et morales, publie Humain, trop humain. Le livre, conçu au contact et avec l'aide de Paul Rée, est désapprouvé par tous les proches de Nietzsche, et sa sœur est choquée des propos anti-chrétiens de son frère, propos qu'elle juge vulgaires et inhumains. En 1882, Elisabeth écarte Lou Andreas-Salomé de son frère qui en est éperdument amoureux. Puis, en 1885, au grand désespoir de son frère, elle épouse un agitateur d'extrême droite, antisémite et ancien professeur, Bernhard Förster. Le couple souhaite fonder une colonie de pure race aryenne au Paraguay du nom de Nueva Germania qui verra le jour grâce à l’immigration d’une dizaine de familles allemandes. Mais l’échec de l’implantation de la colonie mènera son mari au suicide en 1889.

Après avoir fait passer le suicide de son mari pour le résultat d'une « maladie mortelle », Elisabeth décide donc de rentrer définitivement en Allemagne pour s’occuper de son frère qui tombe malade la même année. Avec la mère du philosophe, elle prend la tutelle d’un Nietzsche qui n’est plus que l’ombre de lui-même. Il faut rappeler que la mère de Nietzsche reprochait à son fils « d’avoir tué le Christ ». En 1894, alors que son frère vit à l’état végétatif, elle crée les archives Nietzsche. Elle sera à l’origine d’une grande campagne de promotion de l’œuvre de son frère et elle organisera les pèlerinages venus de toute l'Europe à Weimar pour venir voir son frère, qui devient ainsi une attraction touristique que l'on visite pour se faire prendre en photo. Dans le cadre de cette activité de promotion, elle défend son frère contre les récupérations antisémites, et elle tente en particulier de minimiser les textes qui expriment des propos antisémites plus ou moins explicites.

En 1930, elle adhère au NSDAP. En 1935, Hitler, qui souhaite profiter de l'aura du philosophe, fera le déplacement pour les funérailles de la sœur de celui-ci. Après la Seconde Guerre Mondiale, elle sera accusée d'avoir manipulé jusque dans les années 30 les écrits de son frère afin de soutenir les idéologues conservateurs puis nazis. Mais, si des falsifications sont avérées, elles ont peu à voir avec l'enrôlement de la pensée de Nieztsche par le nazisme.

Publié dans Ecrivains

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